Un témoignage sur la manière dont les mamans s’oublient dans leur congé de maternité et sur les conséquences de cette situation

Filles
Il y a 1 an

De nombreuses mères s’oublient après l’accouchement et consacrent leur vie à s’occuper du bébé et du foyer. La société approuve généralement ces actes d’altruisme de la part des femmes, qui pensent qu’un tel comportement n’a rien de spécial. Mais voilà qu’au bout de quelques mois, un bain devient une fête, et un trajet en voiture pour aller chercher des couches sans le bébé équivaut à de vraies vacances. La vérité est que les mères ont besoin du vrai congé, sinon l’épuisement est inévitable. J’en ai fait l’expérience de première main.

Ce qui rend les mères d’aujourd’hui fatiguées

Élever un enfant n’a jamais été facile. Oui, nos grands-mères n’avaient pas de lave-vaisselle ni d’aspirateurs robots, mais elles n’étaient pratiquement jamais laissées seules avec un nourrisson qui hurlait. Par exemple, ma mère était gardée par ses deux sœurs aînées et une tante célibataire pendant que ma grand-mère s’occupait du ménage. Quand j’étais bébé, non seulement mes parents s’occupaient de moi, mais aussi ma tante, mon oncle, notre voisine et même ma grande sœur de six ans. De nos jours, les parents essaient de ne pas laisser un enfant s’occuper de l’autre, mais il y a quarante ans, c’était une pratique courante.

Je me suis préparée à la naissance de mon fils : j’ai lu des livres et suivi des cours pour futures mères. Mais personne ne m’a prévenue que mon bébé pourrait ne pas dormir plus de trente minutes d’affilée pendant un mois — et, par conséquent, moi non plus. Je n’arrivais pas à croire que le pédiatre du centre de santé pouvait faire la sourde oreille à mes questions sur les raisons pour lesquelles le bébé perdait du poids en disant “Oh, maman, ne vous mettez pas dans cet état !”. Et puis soudain, on découvre qu’il a perdu beaucoup de poids de façon critique et qu’on doit l’emmener à l’hôpital en ambulance. Personne ne m’a prévenue que la meilleure consultante en lactation de la ville pourrait être impuissante face à mon manque de lait, et qu’il serait à la fois douloureux et coûteux de le découvrir.

Ma maternité s’est révélée être une solitude totale (mon mari étant toujours au travail, mes parents étant absents, mes amis ayant leur propre vie), une peur (je ne savais pas quoi faire avec le bébé, pourquoi il pleurait et comment l’aider) et un manque de sommeil (la première fois que j’ai dormi plus de cinq heures d’affilée depuis l’accouchement, c’est quand le bébé avait un an et huit mois).

Pour le deuxième anniversaire de mon fils, je pouvais rivaliser avec le panda pour savoir qui avait les cernes les plus marqués, mais les personnes à qui j’essayais de demander de l’aide ne me comprenaient pas : “De quoi es-tu fatiguée ? Tu es à la maison ! Si tu veux dormir, tu peux dormir. N’en fais pas un drame ! Nicole/Camille/Léa a deux/trois/quatre enfants, elle gère tout et ne pleurniche pas, alors toi non plus tu ne dois pas pleurer”.

Les médias sociaux font aussi leur effet. C’est là que je croise sans cesse des femmes miraculées qui ont accouché il y a à peine deux heures, ont mis leur bébé dans un porte-bébé, font du yoga tout en remuant la soupe d’une main et se maquillent pour la soirée de l’autre. Mon mari et les autres membres de ma famille ne comprennent pas pourquoi ces jeunes filles arrivent à tout faire et pas moi. Mais je connais la réponse : si une jeune mère est fraîche, gaie et heureuse, cela signifie qu’elle a de l’aide : des nounous, des femmes de ménage ou des grands-parents, qui, contre de l’argent ou gratuitement, résolvent ses problèmes.

Je me souviens que, lors d’une promenade avec mon fils âgé d’un an, nous avons croisé mon ancienne collègue à la sortie d’un magasin. J’étais une zombie mal coiffée et en survêtement. Manon était une beauté en talons, avec un brushing tendance et du maquillage. Et elle m’a dit : “Tu t’es laissée aller, ma belle. Moi, je vais au centre de fitness et chez l’esthéticienne, alors que ma fille n’a que six mois.”

Je l’ai admirée pendant 10 minutes jusqu’à ce que je réalise que Manon vit avec sa belle-mère, qui adore sa fille, et que sa mère à elle prend le bébé pour le week-end. Il est facile de “porter du blanc” lorsque les tâches de garde d’enfants sont partagées entre plusieurs personnes. Mais les prendre toutes en charge exclusivement soi-même est un travail difficile et épuisant, même avec des couches et un lave-vaisselle. Et je ne suis pas la seule à le penser.

  • J’ai deux enfants : l’un a deux ans et trois mois et l’autre a sept mois. Je manque de sommeil, je ne mange pas assez et il y a un million d’autres “manques”. Où suis-je allée cet été ? Au magasin, à la clinique. Wow ! C’est un rêve, non ? Mon mari a changé pour le pire après la naissance du deuxième enfant, même s’il l’attendait et le désirait tout autant que moi. “Pourquoi es-tu toujours si fatiguée ?” - me demande-t-il. Sans raison, juste deux enfants, le ménage, la cuisine, la lessive, le repassage, le rangement de la cour. Les enfants vont grandir et tout cela aura une fin, mais c’est très difficile en ce moment. © #schstiematerinstva / VK
  • Ma fille aînée se réveillait cinq à 15 fois par nuit jusqu’à l’âge de trois ans et hurlait. Elle a maintenant presque quatre ans. Elle dort plus ou moins une fois sur deux : une nuit tout va bien, la nuit suivante elle se réveille deux à trois fois (ou plus) et pleure. Le cadet a un an, et nous avons la même histoire que pour la grande : il se réveille 10 fois par nuit et à partir de 4 heures du matin, il ne dort plus du tout, et c’est l’enfer. Avec la grande, nous sommes allés voir le meilleur neurologue et le meilleur ostéopathe de la ville, mais ils n’ont pas pu aider. Avec le cadet je ne suis allée voir personne, parce que ça ne servait à rien. Je n’ai pas dormi depuis quatre ans. © #schstiematerinstva / VK
  • Juste un récit de ma soirée. Je rentre du travail, je joue avec mon fils (il a deux ans et huit mois), je commence à cuisiner et c’est parti. Il veut “aider” ! Mais, comme vous pouvez l’imaginer, “aider” signifie un double nettoyage. Le tout est accompagné de scènes de caprices : “donne-moi ça”, “non, c’est à moi”, “non je veux ça”. Bref, j’ai déjà essuyé des cascades d’eau de sur le sol et la table trois fois après son “aide”. Je suis allée dans la salle de bains : il a fait pipi à côté du pot, a éparpillé des cotons-tiges, a mélangé dans le lavabo un tas de voitures avec du savon. Je ne sais pas quand il a eu le temps de faire ça. Dans la cuisine, toute la nourriture du chien était sur le sol et baignait dans l’eau du bol. Les nerfs à fleur de peau, je voulais hurler comme une mouette, mais je ne pouvais pas — les psychologues ne le recommandent pas. Courage à nous toutes ! J’aimerais qu’on puisse tenir jusqu’à leur 18e anniversaire. © #schstiematerinstva / VK

Un changement d’activité n’est pas du repos

Après l’accouchement, je me suis retrouvée, comme beaucoup de mères, dans un “jour sans fin” pendant quelques années : surveillance du bébé 24 heures sur 24, promenades par tous les temps, cuisine et ménage avec le bébé sous le bras. La première fois que je suis allée au magasin sans mon fils, il avait déjà plus d’un an. J’ai pu me promener entre les rayons un peu plus lentement que d’habitude sans craindre que le bébé ne transpire, ne pique une colère ou n’arrache quelque chose de l’étagère — c’était un plaisir. En faisant la queue à la caisse, je me suis surprise à bercer le caddie.

Mais aller au magasin pour acheter du pain et du papier toilette, ce ne sont pas des vacances. Et faire une promenade avec son bébé quand on est constamment vigilant pour s’assurer que rien ne lui arrive n’est pas une sortie. Un sommeil ininterrompu d’au moins six heures n’est pas un luxe, mais une nécessité.

Une de mes amies a récemment demandé le divorce à cause de l’attitude de son mari vis-à-vis de ses vacances. L’histoire est banale : Tina a des jumeaux, deux garçons d’un an. Elle est tout le temps avec ses fils, son mari travaille jusque tard dans la nuit, et le week-end, il va à la pêche, au sauna, au football. Tina voulait aller à un concert, mais son mari a dit : “Quel concert ? Tu as des enfants ! En plus, la semaine dernière, tu es allée à ‘Auchan’ toute seule. Tu n’as pas passé un bon moment ?” Et il a refusé de rester pour garder leurs fils. Tina a alors fait sa valise et a déménagé avec les garçons chez sa mère, car elle en avait assez de tout faire toute seule.

Une femme avec un bébé n’acquiert pas le super pouvoir de se reposer au bout d’une demi-heure de sommeil ou de ne pas être fatiguée, en travaillant comme maman 24 heures sur 24 et toute l’année. Il est donc absurde de penser que nettoyer les toilettes et faire une pause dans la routine sont la même chose. Même si nous nous sentons satisfaites d’une telle activité, ou si c’était les premières heures depuis longtemps sans un bébé qui pleure dans nos bras, cela ne signifie pas que nous nous sommes reposées et avons récupéré.

Malheureusement ou heureusement, les femmes ne sont pas des robots. Nous ne pouvons pas simplement recharger notre “batterie” interne à partir du réseau électrique. Pour se ressourcer, il faut prendre soin de soi : dormir un peu, lire un livre intéressant (pas “Les Trois Petits Cochons”), s’adonner à son passe-temps favori ou simplement se promener en ville dans la direction que nous (pas le bébé) choisissons.

Malheureusement, pour de nombreuses mamans, ces façons de se “recharger” provoquent un sentiment brûlant de culpabilité pour le temps perdu (on aurait pu passer la serpillière une deuxième fois !), et cela annule tous les effets positifs. Pourtant, il est nécessaire de se faire plaisir ! Ce n’est pas un caprice mais une nécessité vitale, sinon l’épuisement et la dépression ne tarderont pas à arriver.

Quels conseils pour prévenir l’épuisement ont été utiles pour moi

J’ai réalisé que j’étais épuisée lorsque mon fils avait deux ans et demi. Je voulais dormir tout le temps, mais je n’y arrivais pas. Rien ne me rendait heureuse. J’ai arrêté de me regarder dans le miroir et de sourire. Je rôdais dans la maison, je m’occupais du bébé, mais je ne ressentais rien du tout à ce sujet. Souvent, je me mettais à pleurer à cause d’une toute petite chose. Je ne me suis rendu compte de mon échec que lorsque mon fils a soudainement crié pendant une de ces crises : “Maman, j’ai peur de toi !”

Le premier jour de congé de mon mari, je lui ai tendu notre fils, je suis allée chez le psychothérapeute et, éclatant en sanglots, j’ai enfin pu formuler : “J’en ai assez d’être une mère !”. Nous avons longuement discuté de l’épuisement parental, qui se manifeste souvent par une fatigue physique et psychologique, une peur constante, une dévalorisation de soi (“Je ne suis pas une assez bonne mère !”) et même une indifférence envers soi-même et ses enfants. Le spécialiste m’a donné des conseils sur la façon d’organiser mon temps, que je respecte encore aujourd’hui :

  • Déléguer une partie des tâches ménagères. Mon mari se sentait à l’aise avec le fait que je prenne en charge le ménage et l’éducation des enfants tandis qu’il s’occupait des aspects financiers de la famille. Mais j’étais épuisée et il n’avait pas le choix. J’ai cessé de protéger mon époux des tâches ménagères : il s’est avéré qu’il pouvait faire la vaisselle, aller au magasin, et même passer la serpillière. Avant, j’avais honte de lui demander de faire ça (puisque je suis à la maison !), mais maintenant, plus du tout.
  • Renoncer aux corvées inutiles. J’ai enfin arrêté de repasser le linge de lit, les serviettes, les vêtements pour la maison et les vêtements de bébé des deux côtés. Le lavage quotidien des sols a été remplacé par deux fois par semaine — c’est devenu un peu plus sale mais pas de façon critique.
  • Il faut se reposer davantage. Je n’ai jamais su faire ça — j’ai dû apprendre. La philosophie de “la poussière se repose, je vais moi aussi me reposer” ne m’est pas venue tout de suite. Mais peu à peu, je me suis rendu compte que les tâches ménagères ne cesseraient jamais, alors que mon énergie s’épuisait déjà, et que je devais donc penser d’abord à moi et ensuite à tout le reste.
  • Inscrire des activités de bien-être sur ta liste quotidienne de choses à faire. Si tu ne fais pas déjà une liste de tâches pour la journée, c’est peut-être le moment de commencer — et assure-toi de réserver une heure ou deux pour faire quelque chose de bien pour toi. Par exemple, trente minutes pour lire un livre, quinze pour le café du matin et la même quantité pour faire quelques exercices. Et ces activités devraient être aussi obligatoires que de faire une promenade avec le bébé ou de préparer un repas.
  • Dresser une liste des choses qui te procurent du plaisir, et mettre en œuvre au moins deux éléments chaque jour. Il peut s’agir de choses qui ne coûtent ni temps ni argent : “écouter une chanson préférée” ou “faire un câlin au bébé”. Après tout, se faire plaisir n’est pas si difficile.
  • Remarquer les bonnes choses. J’ai même commencé un carnet où je notais chaque soir cinq points de la série “ceci m’a rendu heureuse aujourd’hui” : les feuilles d’automne qui bordent joliment l’allée, le chat qui se prélasse inimitablement sur le fauteuil, mon fils qui me dit “Maman, je t’aime !” et d’autres petites choses sympathiques. Au début, j’ai eu du mal à remarquer les petites choses, puis c’est devenu une partie de ma vie, avec au moins cinq points de bonheur chaque jour.

Comment gères-tu l’épuisement dans la vie familiale ?

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