Moi aussi j’ai souffert de dépression postnatale, et aujourd’hui, je vous raconte comment j’ai réussi à la surmonter

Psychologie
Il y a 5 ans

Avec la naissance d’un bébé vient la naissance d’une maman. J’ai cessé d’être seulement Sophie pour devenir la maman d’Helena. Mais ce qui est certain, c’est que personne ne m’avait préparé à cela : pas même les cours les plus avancés de prophylaxie, ni même les livres les plus complets sur le sujet. La maternité arrive, et elle est absolument réelle et authentique. C’est alors que les véritables changements arrivent, ce qui peut être très perturbant. Lorsque ma fille est née, ma vie a totalement changé : je sentais que j’étais une mère absolument distincte de celle que j’avais été auparavant. Non seulement je me sentais très fatiguée et désorientée, mais en plus de cela, je suis entrée dans un profond état de dépression. Pourquoi ? Que s’était-il passé ? Peut-être que je n’étais pas aussi heureuse que je l’espérais maintenant que j’avais cette petite fille que j’avais tant espéré avoir ?

Aujourd’hui, spécialement pour Sympa, je préfère partager mon histoire pour raconter comment j’ai réussi à me remettre de cette terrible dépression postnatale.

1. J’ai accepté ce qui m’arrivait

La naissance d’un enfant est une expérience tout aussi merveilleuse que stupéfiante. Après une naissance tranquille et après avoir contrôlé que notre bébé était en bonne santé, nous sommes rentrés chez nous. Alors, nous avons commencé à recevoir la visite de la famille et des amis désireux de rencontrer notre petite fille. Tout le monde me disait qu’elle était jolie comme un cœur et que mon rôle de mère m’allait si bien. Mais ce qu’ils ne savaient pas, c’est que sitôt qu’ils quittaient la maison, je me mettais à pleurer. J’étais extrêmement fatiguée, endolorie et angoissée. Ma mère me consolait et me disait que ces jours-ci finiraient par passer et que tout reviendrait à la normale. Mais moi, j’étais certaine que ma vie ne redeviendrait jamais comme avant. Mon époux également avait tenté de me faire sentir mieux, et il avait cherché dans tous les livres a trouvé que nous avions les maux suivants : irritabilité, tristesse, angoisse, désorientation et anxiété. Il m’annonça alors : “Tu fais une dépression postnatale”. Au début, je n’ai pas voulu y croire et je me suis accrochée à l’idée que ce n’était qu’une phase. Cependant, une nuit, tandis que le bébé pleurait et que je n’arrivais pas à la comprendre, je me suis rendue à l’évidence qu’il y avait quelque chose d’anormal chez moi.

2. J’avais besoin d’aide, alors je l’ai demandée

Quand nous devenons maman, quelque chose en notre for intérieur se déclenche immédiatement et nous fait sentir et penser que nous ne sommes plus la priorité, pas même pour nous-mêmes : aujourd’hui, nous avons un enfant et il faut le protéger à tout prix. Si bien que les premiers jours après la naissance de ma fille, je ne me suis concentrée sur le fait de me l’approprier entièrement. Mon époux tentait de s’impliquer, de jouer son rôle de père, mais par une pulsion que je ne pouvais contrôler, je ne le laissais pas participer. “Je dois le faire, je suis sa mère”, répétais-je chaque fois qu’il voulait changer sa couche ou la bercer. Il en allait de même lorsque mes parents venaient nous rendre visite : je ne laissais personne m’aider. Néanmoins, lorsque je n’en pouvais plus, j’ai compris que je ne pouvais pas affronter la maternité toute seule. J’avais besoin d’aide et je l’ai demandée. Lorsque j’ai accepté que se présentent les facteurs de risque, j’ai commencé à recevoir tout le soutien nécessaire. J’ai donc réussi à me reposer un peu plus, à dormir durant les siestes de ma fille, à me doucher tandis que ma mère ou mon époux s’occupaient d’elle et je mangeais en fonction de mes horaires. Cela a vraiment marqué la différence sur mon état d’esprit.

3. Je me suis donné le temps de connaître ma fille

Ce qui m’a aidée à passer la première étape a été le fait de comprendre que moi aussi j’étais importante et que sans mon équilibre physique et mental, ma fille ne se sentirait pas bien. Au fil des jours, j’ai appris à connaître ma fille. Il était certain que nous avions eu une connexion particulière et profonde durant ces neuf mois de grossesse, mais il était tout aussi vrai que, sitôt que nous avons été séparées lors de l’accouchement, elle a commencé à être un individu distinct de moi. Je me suis donc donné du temps pour la connaître, l’observer et me familiariser avec ses traits de personnalité. Je pensais tout savoir des bébés après avoir lu trois livres sur la grossesse et l’enfance. Mais chaque enfant est distinct et a son propre tempérament. J’ai un peu oublié de suivre les règles des livres et j’ai commencé à observer qui était ma fille, ce qu’elle aimait, ce qui la dérangeait, quand elle me demandait de manger... J’ai examiné ses mouvements, ses sons et je me suis concentrée sur son regard. Cela a été un moment très fort pour moi, et là, j’ai compris que je pouvais le faire, que j’étais capable d’être une mère, car ma fille et moi, nous nous comprenions.

4. J’ai revu mes attentes à la baisse à propos de la maternité

Peut-être que l’une des choses qui m’angoissait le plus lorsque j’ai souffert de dépression postnatale a été le fait de penser à la maternité comme une responsabilité très sérieuse, presque colossale. Et c’est le cas, il n’y a pas de doute. Néanmoins, cette pensée absolutiste avait légèrement compliqué les choses. J’avais peur du futur, ce à quoi je devrais me confronter. Je pensais à la femme que j’étais avant, la même qui oubliait les clefs à la maison, celle qui perdait les documents importants, ou celle qui laissait mourir les plantes. Alors je me disais à moi-même que je n’y arriverais jamais. Cependant, avec le temps, j’ai découvert qu’il ne s’agissait pas seulement de changer les couches, de respecter l’heure de la sieste ni de l’éducation universitaire de ma fille d’ici quelques années. Bien sûr que non. La maternité se vit au jour le jour, et m’en rendre compte m’a permis de bien mieux en profiter. Oui, peut-être qu’un jour elle a voulu rester collée à moi et je n’ai rien pu faire d’autre que de lui donner le sein au lit, mais le lendemain, c’était différent, car elle avait fait la sieste plus longtemps et moi, j’ai pu lire un livre en attendant. Tous les jours n’étaient pas identiques, et je n’avais pas la même énergie à chaque fois, j’ai donc tenté de prendre la maternité comme elle venait, pas à pas, sans me presser ni tenter d’être une supermaman à toute heure du jour et de la nuit.

5. Je me suis permis certaines choses

Après avoir compris que je pouvais être une maman tranquille et après avoir laissé les autres m’aider, j’ai commencé à m’octroyer quelques petits luxes. J’ai décidé de m’accorder un moment rien qu’à moi, tous les jours, même si ce n’était que 20 minutes. Je laissais mon mari passer plus de temps avec notre bébé et je m’échappais à la cuisine ou dans le salon regarder une série, lire un livre, appeler une amie ou manger un morceau de chocolat. Un bébé est très demandant et ses nécessités sont impératives. À cause de cela, ce petit moment qui m’était entièrement dédié était très important pour moi, car c’était la seule opportunité que j’avais de me déconnecter de mes devoirs habituels et du rythme intense de soin.

6. J’ai commencé à prendre soin de moi et à m’aimer

J’ai un jour entendu la fable de l’avion en danger : si lors du vol il y a une dépressurisation de l’air, on demande aux adultes de mettre leur masque à oxygène avant de le mettre aux enfants et aux anciens, car ce sont eux qui sont le plus à même de sauver ces derniers et il ne serait donc pas utile que les adultes tombent inconscients en premier. Et il en va de même avec la maternité. Si une mère ne prend pas soin d’elle en premier lieu, elle sera incapable de prendre soin de son enfant. Lorsque j’ai compris que cette sensation d’asphyxie que je sentais les premiers jours d’attention à ma fille venait de mon manque de soin, j’ai pu opérer un changement. J’ai commencé par mieux m’habiller, même si je ne sortais pas beaucoup ; je me coiffais et me maquillais comme pour la vie de tous les jours et j’ai retiré mon pyjama. J’ai accepté que mon corps avait changé : la vie y avait tout de même grandi ! Et le retour à la “normalité” prendrait du temps. Ainsi donc, j’ai fait de mon mieux pour m’alimenter sainement, faire un peu d’exercice à la maison et pour penser de manière positive. J’ai découvert une nouvelle manière de m’aimer, à travers le soin que je m’apportais. Toutes les mamans le méritent après tout.

7. J’ai partagé mes sentiments et mes émotions avec d’autres mères

Se sentir comprise et soutenue par d’autres femmes qui vivent — ou avaient vécu — elles aussi la maternité est très important. J’ai commencé par m’entourer de ma propre mère. J’allais lui parler lorsque j’étais triste et je lui posais des montagnes de questions sur la maternité. Grâce à ses conseils, j’ai pu dissiper mes doutes. Il s’est passé la même chose lorsque je me suis confiée à mes amies qui elles aussi étaient mamans. J’ai découvert qu’elles avaient toutes quelque chose à me dire, quelque chose à me raconter et quelque chose à me confier. Certaines d’entre elles avaient même traversé la même chose que moi et je ne l’avais jamais su auparavant.

8. J’ai arrêté d’avoir peur de dire ce que je sentais

Je me rappelle que lorsque je me sentais angoissée et triste au plus haut point, je ne voulais répondre à personne. J’avais peur d’être jugée, que l’on pense de moi que j’étais une mauvaise mère à cause du simple fait de subir des changements hormonaux importants. Cependant, quand j’ai compris que ce qui m’arrivait était normal, et que cela arrive à 80% des femmes dans le monde, je me suis sentie comprise et beaucoup moins seule. Alors, je me suis motivée à dire à mon époux comment je me sentais, ainsi qu’à mes parents et à mes amies. En retour, j’ai reçu du soutien et l’aide dont j’avais besoin. J’ai même suivi quelques sessions de thérapie conjugale pour en parler, et j’ai donc connu mon diagnostic : c’était quelque chose intitulé le “baby blues”, qui est la forme de dépression postnatale la moins sévère, et elle se manifeste par une profonde tristesse ou mélancolie après la naissance d’un enfant. Cet état n’a duré que quelques semaines. Après cela, j’ai pu profiter de ma vie de maman, de mon bébé et de ma famille, pleinement. Mais je suis certaine que dès le moment où j’ai dédramatisé la dépression postnatale, il y a eu une différence. Car il est important que toute femme qui devient maman pour la première fois et qui ne sait pas ce qui se passe chez elle en parle autour d’elle et qu’elle demande de l’aide, car il se peut qu’il s’agisse d’une tristesse seulement passagère, comme dans mon cas, ou qu’il s’agisse de quelque chose de plus délicat et qu’il faut traiter en urgence.

Selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), la dépression postnatale affecte une femme sur six qui ont accouché. Si bien que si toi aussi tu viens d’avoir un bébé et que tu sens une tristesse permanente et persistante, un manque d’intérêt pour une activité que tu adorais auparavant, une perte d’appétit, un sentiment de culpabilité ou de désespoir, il est l’heure de prendre une bonne bouffée d’air frais et de comprendre que ce sont des phases absolument normales après avoir accouché, mais on s’en remet. L’aide professionnelle est toujours nécessaire et bienvenue.

Maintenant que ma fille est sur le point de fêter ses deux ans, je me rappelle de cette époque presque comme d’un rêve, mais je m’admire aussi pour la force que j’ai puisée en moi pour aller de l’avant. De plus, l’amour immense que j’éprouve pour Helena m’a permis de surmonter cette étape rapidement.

Si toi aussi tu as eu un enfant et que tu as vécu la même chose, pourrais-tu partager ton expérience avec nous ? Comment as-tu vécu les jours les plus obscurs de la maternité ? Raconte-nous ! Ton témoignage pourrait aider les autres femmes qui affrontent actuellement cette période difficile.

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