Pourquoi il vaut mieux parfois s’avouer vaincu à mi-chemin et ne pas en avoir honte

Psychologie
Il y a 4 ans

" N’abandonne jamais “, ” tu peux le faire “, ” seuls les nuls laissent tomber " : voici une liste incomplète des croyances néfastes pour lesquelles nous continuons à investir notre temps et sacrifier nos efforts dans des rêves absurdes et des relations insignifiantes, année après année. Nous luttons pour quelque chose que nous ne voulons pas, et nous tentons de toucher du doigt ce que l’on ne peut pourtant pas atteindre. Mais, est-il si dramatique de s’avouer vaincu ? Peut-être que la seule capacité de s’arrêter à temps distingue les gens qui réussissent des autres ?

Chez Sympa, nous avons décidé de vérifier pourquoi les gens ont tendance à poursuivre des projets “morts”, pourquoi nous devrions cesser de le faire, et surtout, le plus important, comment vérifier que les choses sont bel et bien devenues obsolètes.

L’effet des coûts irrécupérables

Souvent, nous avons du mal à laisser derrière nous un projet qui a échoué, simplement parce que l’investissement initial était dur et qu’il n’a pas porté ses fruits. Et peu importe ce que c’était : argent, temps, efforts. Nous continuons d’investir dans le projet, mais au bout du compte, nous ne faisons que dépenser plus. Et plus nous dépensons, plus il nous est difficile d’abandonner l’idée.

Ce phénomène s’appelle le “coût irrécupérable”. Un excellent exemple est le Concorde : l’avion de ligne le plus rapide du monde mais qui était aussi le moins rentable. Les coûts irrécupérables de son développement s’élevaient à environ 1 milliard de dollars, mais la Grande-Bretagne et la France ont continué à investir dans le projet. Durant 40 ans, le Concorde n’a pas généré de bénéfice.

  • Quelles sont les conséquences ? Tu es une ressource limitée. Ton argent, ton temps, ton énergie, ta santé, ton inspiration, tout peut s’épuiser. N’est-il donc pas préférable d’investir tes efforts dans quelque chose de plus prometteur et de plus précieux ? Le nombre d’opportunités est, lui aussi, limité. En perdant ton temps dans un projet déficitaire, tu peux recevoir des offres beaucoup plus intéressantes que tu auras tendance à rejeter.
  • Comment s’en défaire ? Admettre ton erreur. Oui, tu as misé sur le mauvais cheval. Mais aussitôt que tu admets ton erreur, elle devient du passé, une expérience qui contribue au développement personnel. Maintenant, fais tes comptes. Combien de ressources as-tu perdu pour ce projet ? Et combien aurais-tu dépensé de plus en un, deux ou dix ans de travail ?

L’effet de propriété

Cet effet s’exprime par le fait que nous avons tendance à surestimer les choses que nous possédons et à sous-estimer la propriété des autres. Cela vaut pour les objets, mais aussi les idées, les travaux et les projets. Nous sentons que notre bien a beaucoup de valeur uniquement parce que c’est le nôtre.

L’effet de propriété a été parfaitement illustré par le Prix Nobel Daniel Kahneman. Il a pris un groupe d’étudiants, et il a donné à une moitié des tasses de café ordinaires. Et ensuite, il a demandé aux “propriétaires” et aux potentiels acheteurs d’évaluer le coût des tasses. Les acheteurs les évaluaient en moyenne à 2,25 euros, et les propriétaires à 5,25 euros.

  • Quelles sont les conséquences ? L’effet de propriété ne nous donne pas une vision objective de notre travail ou de notre but, si bien que nous avons tendance à regarder avec optimisme les projets qui ont échoué et qui n’ont aucune autre valeur que le fait qu’ils nous appartiennent.
  • Comment s’en défaire ? Cet exercice simple t’aidera. Imagine que tu n’as pas encore commencé à travailler sur une mission. Veux-tu débuter ce projet ? As-tu envie d’écouter des choses à propos de cette idée ? Demande ce que pensent tes amis, tes collègues et ta famille à ce sujet. Il est important de rassembler plusieurs opinions de personnes ayant une mentalité, un caractère et un statut social différents. Après avoir recueilli les opinions, commence à lutter contre la peur de la perte. Comment te sens-tu ? Quelles sont les conclusions que tu en tires ? Que ferais-tu maintenant ? Si des milliers de nouvelles idées te viennent immédiatement à l’esprit, c’est une raison de penser sérieusement à ton emploi actuel.

Le perfectionnisme et la soif d’héroïsme

Beaucoup de gens ont tendance à se faire passer pour un héros, même quand ce n’est pas nécessaire, comme par exemple en repoussant un grand volume de travail au dernier jour, pour le réaliser de justesse en mobilisant toutes ses capacités, ou encore, relancer un projet “mort” parce que “je peux le faire”. Travailler plus pour être admiré par les autres.

Bien souvent, le perfectionnisme est à blâmer pour ce comportement. Les gens qui y sont enclins n’apprécient pas les résultats d’un travail qui a été fait sans un effort titanesque.

  • Quelles sont les conséquences ? Epuisement, surcharge de travail, fatigue chronique, burn-out. Les problèmes de santé et les relations qui se détériorent ne tardent pas à pointer le bout de leur nez. Et le plus important, c’est que personne n’admire vraiment ces “héros” : on leur fait des reproches ou on les envie.
  • Comment mettre fin à cela ? Une planification claire avec des blocs obligatoires de repos aide à éviter l’héroïsme et les heures supplémentaires. On recommande d’utiliser une minuterie. Mais ton comportement de perfectionniste doit être revu en profondeur, tu ne t’en débarrasseras pas en un jour.

L’effet du statu quo

Cet effet est surtout connu par les employés des vieilles entreprises. L’employé doit réaliser des tâches particulières ou utiliser des schémas obsolètes seulement parce que “nous y sommes habitués”. Souvent, même les chefs de service ne se souviennent plus d’où viennent les objectifs non pertinents qui remontent à fort longtemps, mais à cause de l’habitude, ils confient ces travaux à leurs subordonnés, en les obligeant à perdre de l’énergie pour des choses inutiles.

Nous appliquons cette habitude aussi chez nous : nous suivons de vieilles recettes, parce que “Maman utilisait celle-là”, nous ne voulons pas de nouveaux appareils électroménagers qui nous rendraient pourtant la vie plus facile. Nous faisons un travail dont nous ne voulons pas parce que “c’est ainsi que ça doit se passer”, même si personne n’est mort parce qu’il a cessé de repasser le linge de lit et qu’il a ainsi économisé quelques heures de son temps.

  • Quelles sont les conséquences ? Quand tu travailles en te basant sur un schéma qui fonctionne mal, tu réduis ta productivité, tu inhibes le développement personnel et tu perds rapidement de l’intérêt pour ce que tu fais. Quand il s’agit de tâches domestiques, tu perds tout simplement un temps précieux, tu travailles en excès et tu alimentes le dégoût envers les tâches quotidiennes de la vie.
  • Comment s’en défaire ? Il est possible que la mission avec l’effet du statu quo n’existe que parce que les employés qui le subissent se taisent. Si tu sais comment rendre ton travail plus efficace, propose ton mode de fonctionnement. Sinon, mentionne simplement le problème à ton supérieur afin que l’administration puisse prendre des mesures. Si tu n’es pas écouté, échappe-toi. À la maison, utilise les bienfaits de la civilisation plus activement : un lave-vaisselle, un climatiseur, un robot aspirateur, etc.

La pression de l’opinion publique

Aujourd’hui, de tous les côtés, on nous dit que nous pouvons faire tout ce qui nous plaît, que nous ne devons pas nous avouer vaincus, que tous les objectifs sont réalisables si nous y mettons suffisamment d’efforts. L’expression “seuls les faibles abandonnent” est devenue très courante. Par conséquent, nous ne pouvons souvent pas rejeter des objectifs inefficaces et des projets non rentables simplement parce que nous avons peur de la condamnation sociale.

  • Quelles sont les conséquences ? En premier lieu, il est possible que tu personnifies le rêve d’une autre personne. Les rêves imposés ne sont pas si rares. Ils peuvent venir des parents, du conjoint, ou encore de l’opinion publique. Mais de cette manière, tu peux vivre la vie d’un autre et ne pas trouver le temps pour faire ce que tu veux réellement pour toi-même. En second lieu, peu importe ce que te disent les coaches, il y a des objectifs tout simplement irréalisables. Soit l’objectif a des critères irréalistes, soit ses étapes sont mal formulées.
  • Comment y mettre fin ? Sois égoïste. Nous continuons souvent à poursuivre des objectifs qui n’ont pas de sens seulement parce que nous en sommes responsables envers les autres. Nous ne voulons pas décevoir les collègues, ni nos proches, nous avons peur de ne pas répondre aux attentes des autres. Même si ton choix est d’abandonner et que tu n’es pas soutenu, mieux vaut entrer dans une situation de conflit dès maintenant plutôt que d’accumuler de l’irritation et de l’insatisfaction que tu feras payer aux autres plus tard. Et la “société” ne devrait pas t’inquiéter. En fait, les autres ne se soucient pas du tout de ce que tu fais.

Et toi, est-ce que tu t’avoues vaincu facilement ? Quand tu écoutes la chanson The Eye of the Tiger, te sens-tu capable de déplacer des montagnes ?

Illustré par : Leisan Gabidullina pour Sympa

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Il y a 4 ans
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Il y a 4 ans
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