Pourquoi les filles se sentent souvent mal-aimées et ce qu’elles ressentent une fois adultes

Psychologie
Il y a 4 ans

Une mère qui n’aime pas sa fille, ça blesse. Il semblerait qu’une telle situation ne puisse arriver que dans une famille défavorisée où les parents essaient tant bien que mal de joindre les deux bouts et résolvent les problèmes à coups de bouteilles d’alcool. Personnellement, j’ai eu une enfance ordinaire : une famille complète, une bonne éducation et pas un gramme d’alcool jusqu’à mes 18 ans. Mais en même temps, j’étais convaincue que ma mère ne m’aimait pas. Elle et moi, pourtant si chères et proches, nous étions à des années-lumière l’une de l’autre.
Je me faisais belle et ma mère me disait : “Ça ne te va pas.”
Je faisais de mon mieux et elle me répondait : “Tu peux mieux faire.”

Aujourd’hui, je voudrais partager une histoire de mon enfance avec les lecteurs de Sympa et montrer comment les réactions typiques des adultes sont parfois interprétées par les enfants et pourquoi un(e) jeune peut ressentir un manque d’affection et de la solitude.

Fais tes devoirs !

Maman voulait dire : “Je m’inquiète pour ton avenir.”

Et moi à ce moment-là, je voulais juste profiter de l’instant présent. Ma mère rêvait que sa fille travaille un jour dans la finance. Pendant que mes camarades jouaient ou regardaient la télé, moi, j’étais installée à table en compagnie d’un gros manuel de maths. Il m’était difficile de me concentrer sur les équations : j’entendais des enfants jouer au chat et à la souris dehors et pensais aussi à mes émissions préférées qui passaient à la télévision. J’essayais d’expliquer à ma mère que les chiffres, ce n’était pas mon truc. Mais elle ne voulait rien savoir. Après le bac, j’ai fait une école de traduction.

Qui va t’épouser ?

Maman voulait dire : “Tu dois prendre soin de toi.”

J’ai toujours entendu parler uniquement de mes défauts. Mes dents mal alignées (“Ne fais pas de si grands sourires !”), un peu trop de graisse sur mes cuisses (“À ton âge ! Tu n’as pas honte?”), ma mauvaise posture (“Tiens-toi droite !”).
Quand j’ai grandi, j’ai mis du temps à comprendre que les gens qui me complimentaient étaient honnêtes et ne se moquaient pas de moi. J’ai épousé le premier homme qui a pris soin de moi. À ce moment-là, le mariage me paraissait être un miracle. Évidemment, je venais de rencontrer quelqu’un qui ne faisait pas attention à mes défauts et me disait même parfois : “Tu es si belle.”

Quand tu auras une fille, tu comprendras

Maman voulait dire : “Tu es renfermée.”

J’étais jalouse de mes amies qui pouvaient parler librement avec leurs mères. Discuter d’une note arbitraire ou d’un garçon qui me plaisait, peu importe ! Dans mon for intérieur, je désirais ardemment avoir avec elle une conversation sincère, mais en même temps, j’éprouvais un sentiment de honte, mélangé à l’espoir de la voir me venir en aide. Je rêvais qu’un jour, ma mère fasse le premier pas et que nous devenions non seulement une mère et une fille, mais aussi des amies. Mais cela n’est jamais arrivé.

Tu as de mauvaises fréquentations

Maman voulait dire : “S’il t’arrive quelque chose, je ne survivrais pas.”

On me laissait rarement sortir avec mes amis. Le monde était plein de dangers, et ma mère était convaincue que mon superpouvoir, c’était de m’attirer des ennuis. Dans sa bouche, la phrase “tu vas avoir de mauvaises fréquentations” ne sonnait pas comme une possibilité mais comme une évidence absolue.
Pour m’éviter les ennuis, ma mère m’accompagnait au collège qui se trouvait à 15 minutes de la maison. Mes camarades de classe se moquaient de moi, ce qui accentuait encore plus mon sentiment de honte. Je me souviens encore de mon sang qui pulsait dans mes tempes, du vif désir d’abandonner là mon propre corps et de me téléporter n’importe où, mais surtout, de ne plus rester ici.

Encore une mauvaise note ?

Maman voulait dire : “Je veux que tu aies tout ce que moi je n’ai jamais eu.”

Ma mère a eu son bac avec mention très bien, et moi, avec mention bien. Elle ne comprenait pas pourquoi mon bulletin scolaire n’était pas parfait et pourquoi je ne réussissais pas aussi bien qu’elle.
Pendant sept ans, j’allais au conservatoire car ma mère rêvait de faire du piano quand elle était petite, mais ses parents n’avaient pas les moyens de lui acheter l’instrument. Je demandais à ma mère de m’inscrire à la danse, mais elle me répondait que ce n’était pas mon truc.

Tu es une fille

Maman voulait dire : “J’ai toujours pris soin de toi.”

Je ne me suis jamais sentie aussi désemparée que dans mon enfance. Si je perdais quelque chose, si quelqu’un me vexait, si je m’éraflais les genoux ou si on me brisait le cœur, la dernière chose à faire était de le dire à ma mère. Je devais garder tout cela secret, tout gérer moi-même et ne jamais lui faire part de mes soucis. Je rêvais de soutien, mais les paroles de ma mère ne faisaient toujours qu’empirer les choses. Je voulais entendre “Tout ira bien”, et elle disait : “Tu es la seule responsable de tes problèmes.”

J’ai grandi et toutes ces phrases de ma mère ne sont devenues qu’un mauvais souvenir. Je suis sûre qu’elle voulait le meilleur pour moi, mais qu’elle n’avait pas les bons mots pour me le dire.

Maintenant, la seule chose que je souhaite, c’est que ma mère ne découvre jamais comment je la voyais étant jeune. Les blessures d’enfance et les doutes sur l’amour maternel doivent rester secrets, comme une histoire qu’elle a entendue quelque part et non pas une experience vécue. Qu’elle reste à ses yeux une excellente mère, et moi, une gamine capricieuse qui baignait dans l’amour, l’attention et l’affection.

Les années ont passé, j’ai ma propre fille. Aujourd’hui, c’était sa première soirée étudiante. Il est trois heures du matin, et je n’arrive pas à trouver le sommeil. Et si elle tombait sur de mauvaises personnes ? Car s’il lui arrive quelque chose, je ne survivrais pas ...

Et puis, les mots de ma mère ont ressurgi dans ma tête : " Quand tu auras une fille, tu comprendras."

Maman, maintenant, j’ai tout compris. Tout.

Les parents sont rarement là pour nous rabaisser, ils essaient de nous apprendre la vie et de faire de nous de bonnes personnes.
Et toi, quelles sont les phrases que te disait ta mère le plus souvent ?

Commentaires

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moi j'ai entendu : les garçons ne pleurent pas, viens t’asseoir au lieu de courir tout le temps, as-tu fait tes devoirs ? Couvre-toi bien quand tu iras dehors

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Epouser le premier homme qui a pris soin de vous, quelle triste histoire...

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