Quelles femmes sont appelées super mamans au Japon et pourquoi le monde entier les critique

C’est curieux
Il y a 4 ans

Au Japon, il existe une couche sociale qui regroupe les familles aisées au sein desquelles les femmes prêtent une attention particulière à l’éducation de leurs enfants. Parfois, la situation devient totalement absurde : les bébés de six mois sont envoyés dans des maternelles qui ont pour but de les préparer à l’admission scolaire, et les adolescents de 17 ans sont menés aux examens par leur maman. Ces femmes sont nommées Kyoiku Mama. Dans cet article, nous allons les appeler “super mamans”.

Chez Sympa, nous avons enfin découvert pourquoi certaines femmes japonaises sont si obsédées par l’éducation de leurs progénitures. Nous allons voir ce que la société en pense et à quelles conséquences cela peut-il mener.

Les Japonais préparent la carrière de leur enfant depuis la maternelle

Au Japon, il existe ce qu’on appelle une égalité intellectuelle : tous les enfants sont considérés comme égaux et personne ne les départage en bons et mauvais élèves. Chaque enfant sait que s’il n’a pas réussi à faire quelque chose ou à obtenir le résultat souhaité, il lui suffit d’essayer une deuxième fois. Cette affirmation est même mémorisée durant les cours.

Les valeurs qui sont inculquées aux enfants à l’école sont aussi soutenues par la famille. Au Japon, les liens parentaux sont très forts, et les rôles sont répartis de la manière suivante :

  • Le père assure la stabilité financière de la famille ;
  • La mère s’occupe du foyer et prend soin des enfants.

Si les parents peuvent se le permettre, ils choisissent la meilleure maternelle, afin que leur enfant rentre plus tard dans la meilleure école, puis dans la meilleure université. Généralement, c’est la mère qui s’occupe de faire entrer son enfant dans tous ces établissements. Elle l’oblige non seulement à étudier, mais elle fait aussi les devoirs à sa place, organise un environnement idéal à la maison pour lui permettre de bien étudier et, bien évidemment, elle lui enseigne la discipline.

Les enfants de ces mères sont parfois appelés “Chihuahua” : les femmes les portent dans leurs bras, les dorlotent et les entraînent. Pour elles, il est tout à fait normal de lire à un enfant de 6 mois un livre en quatre langues différentes et de lui expliquer comment fonctionne un avion.

Souvent, les super mamans ne se soucient pas de ce que font leurs filles et prêtent beaucoup plus attention à leurs fils

L’expression Kyoiku Mama est généralement utilisée pour exprimer une certaine négligence : dans la culture japonaise, ce terme représente une image stéréotypée de certaines mères. Ces femmes surveillent en permanence leur enfant pour qu’il aille à l’école puis rentre à la maison et elles l’obligent à étudier même quand c’est nuisible à sa santé physique ou psychologique.

La super maman est l’un des personnages de la culture pop japonaise les moins aimés. Généralement, ce genre de mère est comparé à une mère américaine qui essaye d’envoyer son enfant à Hollywood par tous les moyens possibles : elle l’emmène aux défilés de mode depuis sa plus tendre enfance, ne fait pas attention à ses désirs et à ses objectifs. Mais malgré le fait que la société japonaise juge les super mamans, les autres femmes sont généralement jalouses de la réussite de leurs enfants.

Il arrive souvent que cette obsession ne concerne pas les filles, et ces dernières peuvent donc aller où elles veulent. Beaucoup de mères ne savent même pas dans quelle université étudie leur fille : pour elles, il s’agit de détails tout bonnement insignifiants. Les garçons, par contre, ne peuvent pas se permettre une telle liberté. Pour eux, le choix de l’établissement scolaire et de l’université correspond presque au choix entre la vie et la mort.

D’ailleurs, les pères n’ont généralement pas cette volonté ardente de faire de leur enfant un prodige. Probablement parce qu’ils sont tout simplement trop occupés par leur travail.

Les super mamans vivent dans des quartiers pour riches et appartiennent généralement à la classe moyenne. Elles regardent des émissions télévisées familiales et achètent des journaux et des produits pour mères, ce qui donne l’impression qu’elles crient au monde entier : “Élevez mieux votre enfant !” Bref, elles prennent leur progéniture beaucoup trop au sérieux. Souvent, ces mères décrivent leur temps libre comme “manger et dormir”.

Les super mamans sont parfois appelées madzillas (des mots “maman” et “godzilla”) ou mamagons (des mots “maman” et “dragon”).

Les parents sont prêts à aller très loin pour faire entrer leur enfant dans une maternelle ou une école prestigieuses

Pour donner à son enfant la meilleure éducation possible, certains parents ont recours à des méthodes pas très légales. Par exemple, le propriétaire d’un restaurant a essayé de donner un pot-de-vin de $ 95 000 pour que son enfant puisse entrer dans la maternelle la plus prestigieuse du pays.

Cette maternelle s’appelle Aoyama Gakuin. Parmi plus de 2 000 candidats, seuls 40 y sont admis chaque année. Les tests que les enfants doivent passer pour y entrer sont extrêmement difficiles.

À son époque, le livre de Ryoko Sato “Juken wa Hahaoya ga Kyu-wari” (qui peut être traduit comme “Le test de maternité a été terminé à 90 %”) a attisé la curiosité des médias. Dans son œuvre, l’auteur a honnêtement raconté la façon dont elle a réussi à élever ses 4 enfants. En bref, Ryoko Sato a suivi les règles suivantes :

  • Aucun romantisme avec son mari ;
  • Chaque minute libre est dédiée aux enfants ;
  • Les enfants n’ont pas le droit de tomber amoureux.

Finalement, tous les 4 enfants sont entrés à l’université de Tokyo (la meilleure du pays) et sont devenus d’excellents médecins. Le livre ne mentionne pas l’état d’esprit des enfants, du mari ou de la mère elle-même.

Les mères sont en constante concurrence les unes avec les autres et font souvent appel à une ruse : elles enferment leur enfant dans leur chambre. Les voisins remarquent que la lumière dans la chambre de l’enfant est éteinte et en informent leurs propres enfants. Ces derniers se détendent, étudient moins bien, et perdent par conséquent face à leur voisin qui était en fait en train d’étudier pendant tout ce temps mais dans la chambre de ses parents.

Les enfants sont contrôlés depuis leur naissance et jusqu’à leur entrée à l’université

Même après la fin de ses études scolaires, l’enfant continue d’être constamment contrôlé par ses parents, et la plupart des candidats arrivent à l’examen universitaire en compagnie de leur mère. Ces dernières prennent une chambre d’hôtel et y vivent durant toute la période d’examens. Beaucoup d’entre elles accompagnent leur enfant à l’université en les menant même jusqu’à la salle d’examen, puis les attendent dans le vestibule.

En cas d’échec, une super maman préfère plutôt attendre un an, voire plusieurs années, pour pouvoir réessayer de passer les examens d’entrée, plutôt que de permettre à son enfant bien-aimé d’étudier dans une université de “second choix”.

En Europe, il n’existe pas d’équivalent aux super mamans japonaises, mais on a quand même tendance à envoyer nos enfants dans diverses sections ou activités. Penses-tu que c’est réellement utile, ou faudrait-il, au contraire, leur donner un peu plus de liberté ?

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