20+ Faits sur le travail des femmes au XIXe siècle, période charnière vers l’indépendance et l’émancipation

C’est curieux
Il y a 3 ans

Aujourd’hui, il n’est plus question de remettre en cause la légitimité des femmes au sujet de leur autonomie financière et de leur droit au travail. Malgré tout, on dirait bien que la société ne s’est pas totalement débarrassée de certains préjugés tenaces liés à leurs choix professionnels et n’est toujours pas prête à accepter totalement et pleinement l’indépendance et l’émancipation féminine. En effet, la répartition ou la division du travail, les inégalités des revenus salariaux entre les hommes et les femmes ont la peau dure, et les barrières sociales et culturelles ont parfois bien du mal à tomber.

C’est au XIXe siècle que les femmes ont réussi à faire bouger certaines lignes, à acquérir des droits et à les défendre. Cependant, à cette époque les conditions de vie et les règles dictées étaient bien différentes : elles travaillaient dur, à plein temps, souvent 12 voire 15 heures par jour, n’avaient pas de congés, et encore moins de congés payés, et leur travail n’était que peu ou pas considéré, voire même décrié.

Sympa s’est aujourd’hui intéressé à la condition des femmes du XIXe siècle, et plus particulièrement à celle des Russes. Mais à cette époque, partout dans les royaumes et républiques d’Europe, le statut et la situation des femmes étaient similaires, et c’est aussi à cette période charnière que se sont opérés de grands bouleversements allant dans le sens de la reconnaissance, de l’indépendance et de l’émancipation féminine.

Le travail invisible

  • Les roturières tout comme les femmes issues de la noblesse devaient acquérir beaucoup de connaissances pour être capables d’accomplir de nombreuses tâches pour le bien-être de leur famille et de leur foyer. C’est pour cela que l’on peut considérer qu’elles avaient le savoir-faire et la maîtrise de plus d’une profession. Et d’une façon ou d’une autre, ces connaissances pouvaient toujours se révéler utiles tôt ou tard. Néanmoins, si les roturières avaient la légitimité d’être reconnues officiellement comme travailleuses, les femmes nobles, en raison de certains principes, ne pouvaient pas avoir un statut professionnel sauf en cas de grande nécessité, et surtout elles tenaient à la discrétion et essayaient de n’en parler à personne.

  • Il ne faut pas croire pour autant qu’il était facile d’apprendre et de se former à une profession artisanale. Il y avait bien des ateliers d’assemblage dans les grandes villes de Russie, mais les femmes n’y étaient que très rarement acceptées. Donc le choix était limité pour elles. Les femmes devaient alors se rabattre sur des métiers tels que vendeuses de produits laitiers, de gâteaux ou de tout autre type de nourriture, et elles pouvaient aussi travailler comme couturières, brodeuses, etc.

  • Les couturiers étaient plutôt des hommes. Mais eux s’occupaient avant tout des affaires en prenant les commandes, et en communiquant avec les clients. Ils s’assuraient aussi que toutes les procédures, de la découpe du tissu et de la couture jusqu’à la finalisation du vêtement, se déroulent sans accroc. Ce sont des couturières invisibles qui accomplissaient le travail, et tout le mérite revenait au couturier. En général, il s’agissait de jeunes filles pas encore mariées qui consacraient tout leur temps à la couture, elles résidaient dans l’atelier même, et ne gagnaient que très peu d’argent.

  • Les femmes mariées avec des enfants, ainsi que les veuves, s’occupaient des réparations des vêtements, et ce travail ne rapportait pas grand chose non plus.

  • Pour une femme noble, se faire appeler couturière ou tailleuse de vêtements était très péjoratif. Cependant, il existait une règle parmi les aristocrates selon laquelle une femme pouvait faire de la couture sur commande, mais il était scandaleux pour elle de se faire appeler “couturière”. On pouvait évidemment mentionner dans une conversation qu’une dame fasse de la couture, mais les gens comprenaient tout de suite qu’elle prenait des commandes et travaillait donc en tant que couturière.

  • Pour les femmes issues d’un milieu modeste, la profession de nourrice était un travail prestigieux, mais invisible aux yeux de tous. Le lait des femmes blondes était considéré comme le meilleur pour la santé, tandis que celui des rousses était nuisible. Et il était fréquent que les parents choisissent les nourrices selon de tels préjugés. Souvent, elles étaient engagées par les mères des familles nobles qui ne désiraient pas allaiter leurs enfants. Toute femme qui entrait au service d’une famille aristocrate pouvait compter sur un soutien financier sans faille et une rente à vie, c’était une règle tacite.

Le travail difficile

  • Si l’on parle de dur labeur, ce sont les corvées liées à l’agriculture qui nous viennent tout de suite à l’esprit. Labourer, semer, récolter et s’occuper des animaux étaient le quotidien des femmes dans le milieu rural, qui en plus d’être de bonnes paysannes, devaient être capables de s’occuper de leur famille nombreuse et des tâches ménagères de leur foyer. Et cela leur était inculqué dès leur plus jeune âge.

  • En ce qui concerne les citadines des classes les plus modestes, elles étaient souvent contraintes à faire un travail nuisant à leur santé. Par exemple, les laveuses étaient divisées en catégorie telle que les lavandières, les blanchisseuses et les repasseuses. Les laveuses étaient de simples ouvrières qui pouvaient être employées par une lavandière. Leur tâche consistait à laver le linge grossier ou peu délicat, le plus souvent des torchons, des draps, des robes et des habits du quotidien. Les lavandières étaient des employées préposées au nettoyage du linge, prenaient plusieurs ensembles de vêtements pour la lessive, et le plus souvent elles travaillaient pour la même personne. Les blanchisseuses s’occupaient du linge délicat, des habits du dimanche, des beaux costumes, des robes ou des vêtements à dentelles. Enfin, les repasseuses travaillaient le plus souvent de concert avec les blanchisseuses pour remettre en forme avec minutie le linge beau et délicat. Chacune de ces tâches et catégories demandaient beaucoup de travail et comportaient des risques de blessures. En effet, l’alcali contenu dans les potasses des lessives avait tendance à abîmer la peau et les muqueuses, et les positions inconfortables prises pour laver le linge et porter de lourdes charges nuisaient aux articulations et provoquaient souffrances et douleurs. C’est pourquoi ces métiers étaient uniquement exécutés soit par nécessité soit temporairement.

  • On pourrait penser que le travail de chargement et de déchargement ne convenait pas du tout à une femme de cette époque. Mais revoyons tout d’abord nos certitudes, car il n’était pas rare de voir sur les quais des ports de la Volga encombrée de bateaux, qu’un solide pourcentage des débardeurs étaient en réalité des femmes, à qui incombait la plupart du temps d’effectuer dans les bassins portuaires les tâches les plus dures et les plus ingrates.

  • Dans les mines, les femmes travaillaient en tant que trieuses dans la majorité des cas, mais elles-aussi étaient envoyées au charbon et pouvaient descendre au fond d’un puits ou d’une galerie pour extraire du minerai. Le plus souvent en toute clandestinité et dans l’illégalité la plus totale, allant à l’encontre des lois de nombreux pays interdisant ce travail harassant et extrêmement dangereux, ces tâches étaient confiées aux femmes et aux enfants.

Les arts et la science

  • Les femmes de la noblesse recevaient une éducation des plus classiques à la maison, mais ne pouvaient poursuivre des études supérieures à l’université qu’en se rendant en Europe. C’est pourquoi en Russie, au XIXe siècle, très peu de femmes se consacraient sérieusement à la science, et l’on pouvait les compter sur les doigts d’une main. L’une des premières femmes chimistes russes à être reconnue n’a apparu qu’à la fin du XIXe siècle. Pionnière dans son domaine, Vera Popova, doit certainement sa réussite au fait qu’elle ait été la fille d’un célèbre chirurgien russe et qu’elle ait étudié à l’université de Genève.

  • On pourrait dire la même chose en ce qui concerne les métiers artistiques. Néanmoins, le théâtre et le chant étaient plutôt considérés comme une occupation féminine, c’est pourquoi l’accès à ces professions ne leur était pas particulièrement difficile. Bien que toutes les demoiselles dignes de ce nom de la haute société étaient formées au dessin par leur gouvernante, la formation professionnelle artistique des femmes n’a réellement commencé qu’à la fin des années 1830, lorsque la Société impériale d’encouragement des Beaux-arts a ouvert ses cours de dessin aux filles.

  • Cependant, les préjugés ont la vie dure. Par exemple, les femmes artistes peintres n’avaient pas de cours de dessin technique, car l’on considérait que les femmes n’auraient jamais l’utilité de ces connaissances dans leur vie professionnelle. Par contre, elles avaient tout le loisir de suivre des cours de dessin et de peinture de paysages tandis que les hommes ne s’intéressaient que très peu à cette forme d’art, ou n’avaient pas l’opportunité de suivre ces cours, considéré comme une matière mineure et pas très sérieuse.

  • C’est au cours de la même période que les femmes ont également été admises pour la première fois à l’Académie impériale des Beaux-Arts en tant qu’auditrices libres (au nombre de 30). Mais ce n’est qu’en 1903 qu’elles ont enfin pu étudier dans le département le plus important et sérieux de l’université, celui de l’architecture.

  • Par contre, la voie professionnelle des femmes issues des classes populaires a été pendant longtemps toute tracée et dirigée par des nécessités économiques, si bien que dès qu’elles l’ont pu, elles ont manifesté une soif d’art, l’assouvissant parfois en autodidactes, ou en exerçant des professions artisanales liées au domaine artistique. Elles pouvaient tout aussi bien travailler comme modistes, brodeuses, marionnettistes, ou encore sculptrices sur bois, etc.

  • Beaucoup de femmes nobles réussissaient à gagner de l’argent en réécrivant des textes, en faisant des traductions, des relectures et des corrections. Souvent elles agissaient dans le plus grand secret, car à cette époque il n’était pas chose aisée de pénétrer dans la rédaction d’un journal et d’y écrire des articles. Cela était considéré comme une chance et un privilège, car dans la plupart des cas les rédacteurs ne voulaient pas entendre parler des femmes.

Le moment où les mentalités ont commencé à évoluer

  • C’est en 1812 que la société s’est petit à petit faite à la pensée que les femmes pouvaient avoir une éducation à part entière et de qualité. En effet, c’est suite à la création par des femmes de " l’Association patriotique des femmes ", qui s’occupait des enfants déshérités et sans abri, que les consciences ont commencé à évoluer. C’est grâce à cela que les femmes ont obtenu le statut de membres utiles à la société, ne s’occupant plus seulement de la famille, mais aussi de choses importantes et salutaires. Cet événement a donné l’impulsion pour une émancipation progressive et continue. Car avant cela, les travailleuses n’avaient la confiance de personne. Le vrai tournant eut lieu autour des années 1860 lors des réformes libérales et d’abolition du servage que fit le Tsar Alexandre II.

  • On peut considérer qu’une vraie éducation des femmes russes a vu le jour sous le règne de Catherine II de Russie, dès lors que que l’institut Smolny a ouvert ses portes à Saint-Pétersbourg pour les jeunes filles de bonne famille. Mais cet organisme n’a pas eu pour vocation de donner aux femmes la possibilité de travailler. Ce n’est qu’en 1862, lors de la création de 4 collèges d’état, que la question de l’éducation des femmes est devenue plus importante et a touché plus de monde, et que des établissements privés ont commencé à apparaître dans le tout le pays.

  • À partir de là, les femmes pouvaient ouvertement faire des études et devenir aide-soignantes, infirmières, sages-femmes, télégraphistes, comptables, ou encore institutrices sans crainte d’être jugées. Elles essayaient aussi de faire des affaires et du commerce. Par exemple, c’est en 1863, toujours à Saint-Pétersbourg, que l’artel d’édition des femmes, la première maison d’édition et de traduction, a été créé par deux amies qui désiraient maîtriser tous les aspects et les rouages autour du travail du livre et de la littérature.

  • Au XXe siècle après la révolution russe de 1917, les femmes qui travaillaient ont commencé à acquérir doucement les mêmes droits que les hommes et elles ont pu commencer à choisir leur métier. Pourtant, en ce temps-là dans la société existaient encore beaucoup de préjugés qui, pour certains d’entre eux, sont aujourd’hui encore bien ancrés et présents dans les mentalités.

Depuis longtemps nous désirions en savoir plus sur la réalité du travail des femmes au XIXe siècle,
car cela a été la période charnière où les mentalités ont commencé à évoluer
et que les femmes européennes ont pu débuter leur émancipation.

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