Cette île tourne et personne ne connaît son mystère
[1] Imagine que tu es un réalisateur à la recherche de beaux paysages pour tourner ton prochain film. Tu te promènes le long du pittoresque fleuve Paraná et tu tombes sur une île parfaitement ronde dans son delta. Elle est légèrement plus grande qu’un terrain de football. Tu reviens quelques jours plus tard et tu constates avec étonnement que l’île a changé de position ! Elle s’est déplacée un peu sur le côté et a tourné autour de son axe. C’est ce qui est arrivé au réalisateur argentin Sergio Neuspiller en 2016. Il a découvert une île qui se déplace constamment autour de son axe. Il l’a appelée “The Eye”. Si tu la regardes depuis le ciel, tu verras qu’elle est semblable à un œil qui se déplace lentement. C’est comme si la nature elle-même te regardait. Le réalisateur a oublié son idée de film initiale et a décidé de faire un documentaire sur cette île. The Eye se trouve dans la partie nord-est de l’Argentine. Tu peux aussi ouvrir Google Maps et taper “El Ojo” pour la voir.
Personne ne connaissait cet endroit avant que le réalisateur ne le découvre. Peut-être existe-t-il de nombreuses îles mobiles de ce type sur la planète. Si tu regardes les images satellites de cette région, tu peux voir d’autres morceaux de terre similaires à l’intérieur de lacs. Mais ils ne sont pas aussi ronds et ne tournent pas. Étonnamment, les scientifiques n’ont pas encore résolu le secret de cette île bizarre. La théorie la plus populaire stipule que les puits sous-marins créent de puissants flux aquatiques et modifient le courant qui pousse l’île d’un côté à l’autre. Lorsque The Eye entre en collision avec le sol, elle rebondit comme une balle, provoquant la rupture de certaines parties de ses rivages boueux. Mais tout le monde ne cherche pas une explication scientifique à ce phénomène naturel. Certains habitants croient que l’île fait partie d’une sorte de technologie créée par des civilisations de l’espace.
[2] Notre prochain arrêt est la plus petite île du monde. On ne peut même pas marcher dessus à cause de sa taille. Voici d’abord l’île de Vancouver, dans la province canadienne de la Colombie-Britannique. Le lac Fairy se trouve ici. Tu ne remarqueras peut-être pas la petite île à première vue. Techniquement, ce n’est même pas une île ; c’est juste un morceau de rondin qui sort de l’eau. Ce rondin est recouvert de mousse et d’herbe. Mais le plus incroyable, c’est qu’un minuscule sapin de Douglas pousse sur ce morceau de bois. La photo de cet arbre a remporté de nombreux prix et est devenue célèbre dans le monde entier. Elle montre à quel point la nature peut se battre désespérément pour survivre. Chaque jour, de nombreux touristes naviguent autour de cette île et la prennent en photo.
[3] L’île suivante a l’air sinistre et sans vie. L’endroit idéal pour construire une cabane et écrire des romans d’horreur à l’aide d’une vieille machine à écrire. Cet endroit s’appelle la Pyramide de Ball. Il est situé au large de l’Australie, dans la mer de Tasmanie. De loin, tu peux voir cet aileron colossal qui sort de l’eau. Il s’agit d’une arête de pierre acérée d’une hauteur de 550 mètres — soit presque deux fois la taille de la Tour Eiffel — au centre d’une île volcanique inhabitée. Il est dangereux de s’en approcher et de mettre pied à terre à cause de la surface glissante de la pierre. Les scientifiques s’y rendent avec un équipement spécial, et probablement des chaussures à crampons. Le but de leurs visites est le mystère qui se trouve au cœur de l’île. Elle a été découverte pour la première fois en 1788. Les navigateurs qui l’ont trouvée ont considéré qu’elle était dépourvue de vie. Et on a continué à le croire pendant plus de 200 ans. Mais en 2001, on a décidé d’examiner à nouveau l’endroit. Un groupe de scientifiques y est arrivé et a trouvé l’un des insectes les plus rares du monde.
À une hauteur de plus de 30 mètres, un petit buisson avait poussé. Une colonie de homards terrestres s’y cachait. Ce sont des bestioles de la famille des insectes-bâtons. Ils ont l’air plutôt effrayants car chacun d’entre eux mesure environ 15 cm, ce qui correspond à la taille moyenne d’une saucisse. Le corps de ces coléoptères à 6 pattes est recouvert d’une carapace dure et brune. Les scientifiques ont trouvé 27 insectes, et leur population ne cesse d’augmenter. Ces créatures étaient considérées comme éteintes au début du 20e siècle. Les scientifiques ne savent toujours pas comment ces coléoptères sont arrivés dans cet endroit isolé et rude et comment ils ont réussi à y survivre.
[4] Le prochain lieu insolite est probablement le plus isolé et l’un des plus mystérieux du monde. Bienvenue sur l’île Bouvet, située dans le sud de l’océan Atlantique, à 2 600 km des côtes de l’Afrique du Sud et à 1 800 km de l’Antarctique. Il n’est possible de s’y rendre que si un gros navire passe par là. Un bateau à moteur ordinaire ne pourra pas atteindre cet endroit à cause du froid et des icebergs. L’île est entièrement recouverte de glace et abrite un cratère de volcan en son centre. Tu ne trouveras personne qui y vive, à part les pingouins et les phoques. Un explorateur français a découvert l’île en 1739. Mais ses coordonnées ont ensuite été perdues. On ne l’a retrouvée qu’au début du 19ème siècle. Mais ce n’est qu’en 1927 que des hommes ont posé le pied sur le rivage de cette île pour la première fois. Puis, dans les années 50, ils ont décidé d’y construire une station météorologique. Des chercheurs sont venus sur place et ont découvert quelque chose d’étrange sur la surface glacée de l’île. Et ce n’était pas lié aux pingouins ni aux phoques.
C’était un canot de sauvetage qui reposait dans un petit lagon parmi les phoques. Il était en bon état. Non loin du canot, ils ont trouvé des rames et un récipient en cuivre vide. Peut-être qu’un navire a coulé à proximité et que les survivants ont atteint l’île dans ce canot. Mais les chercheurs n’ont trouvé aucune trace humaine. Jusqu’à présent, ce canot reste donc un mystère entier.
[5] Maintenant, que dirais-tu de visiter une île qui n’existe pas ? Elle se trouve dans l’océan Pacifique Sud, entre l’Australie et la Nouvelle-Calédonie, et elle porte le nom de Sandy Island. Elle a été découverte pour la première fois en 1876. Les chercheurs ont commencé à la placer sur des cartes au début du 20e siècle. Mais lorsque des navigateurs sont arrivés aux coordonnées indiquées, ils n’ont trouvé aucune île. Donc, en 1970, elle a été retirée de toutes les cartes publiées à l’époque. Puis, en 2012, Sandy Island est réapparue. Cette fois, sur Google Maps. Les chercheurs s’y sont rendus mais n’ont toujours rien trouvé. Peut-être avait-elle disparu sous l’eau ? À l’aide d’appareils d’écholocation, ils ont exploré les fonds marins mais n’ont remarqué aucun signe d’une île.
Ils ont découvert qu’elle était apparue sur les cartes à cause d’une erreur humaine lors du transfert des cartes imprimées vers les cartes numériques. L’erreur a été rapidement corrigée, mais il en reste une trace. Si tu entres ces coordonnées [19.22°S 159.93°E] dans Google maps, tu verras un mystérieux point noir au milieu de l’océan. Des gens l’avaient-ils vraiment découverte en 1876 ? Le plus probable est qu’un volcan sous-marin s’est réveillé et a craché du magma. Dans l’eau froide, il s’est solidifié et s’est transformé en pierre ponce. Les navigateurs ont dû remarquer d’énormes morceaux flottants de roche volcanique et les ont pris pour une île.
[6] Notre dernière île pourrait être un nouveau continent, mais elle s’est avérée être une illusion. Au début du 20e siècle, le célèbre explorateur marin Robert Peary, le premier de l’histoire à atteindre le pôle Nord, est parti en expédition sur l’île canadienne la plus au nord — Ellesmere. Il était sur le rivage, regardant l’océan à travers ses jumelles. Au loin, au milieu de la neige blanche, il a remarqué les pics blancs d’une île géante qui s’étendaient à l’horizon. L’explorateur n’avait pas assez de nourriture et de carburant pour se rendre sur place et vérifier l’existence de cette terre. Il en a retranscris les coordonnées dans son journal et est retourné sur le continent. Avec d’autres chercheurs, ils ont conclu qu’il n’avait pas seulement trouvé une île mais un nouveau continent. Quelques années plus tard, Robert Peary a organisé une nouvelle expédition vers cet endroit. Mais cette fois, il n’a pas réussi à trouver la mystérieuse terre glacée. Le navire est resté dans les eaux froides pendant plusieurs jours, dérivant d’un côté à l’autre. L’équipage commençait à manquer de nourriture et de carburant. Ils étaient sur le point de faire demi-tour, mais ils ont de nouveau remarqué les pics enneigés. La joie de la découverte a rapidement été remplacée par la déception. Ces pics n’étaient que du brouillard. Sous l’influence de l’air froid et des rayons du soleil, le brouillard ressemblait à une île sous un certain angle. Lorsque le bateau s’en est approché, l’île s’est dissoute comme un mirage.