Comment les manières de se tenir à table ont évolué au fil des époques

Cuisine
Il y a 4 ans

“Ne mets pas les coudes sur la table”, “ne mâche pas la bouche ouverte”, “ne parle pas la bouche pleine” : voici là quelques règles de bienséance qu’on nous a longuement répétées durant notre enfance. Mais t’es-tu déjà demandé d’où viennent ces coutumes considérées comme “les bonnes manières de la table” ?

Chez Sympa, nous avons décidé de t’emmener en voyage à travers l’Histoire, afin de te montrer l’évolution de ces bonnes manières au fil des époques.

Grèce antique

Dans la Grèce antique, on prenait déjà trois repas quotidiens : le petit déjeuner, le déjeuner et le dîner. Le régime alimentaire adopté était basé sur les trois piliers de la cuisine méditerranéenne : le blé, l’huile d’olive et le vin. Habituellement, on mangeait assis sur le sol, et l’utilisation de banquettes était justement réservée aux “banquets”. En guise d’assiettes, on utilisait des récipients en métal ou en terre cuite, ou encore une sorte de pain. Même si on mangeait essentiellement avec les doigts, on pouvait utiliser un couteau pour couper la viande, et une cuillère pour la soupe. Les hommes et les femmes mangeaient séparément, puis ils se réunissaient lorsqu’ils avaient fini leur repas.

Jusqu’au IIIe siècle avant J.-C., les Grecs ont rejeté toutes les innovations en matière culinaire. Pour eux, un bon régime alimentaire devait être à la fois simple et frugal.

Empire romain

La gastronomie et les coutumes romaines ont fortement été influencées par la culture grecque à partir de 300 avant J-C. Mais la richesse de l’Empire romain a conduit ses citoyens à avoir des repas de plus en plus riches et élaborés. Le repas le plus important était le dîner, que l’on prenait dans une salle spéciale où l’on s’allongeait sur de grandes banquettes spécialement disposées autour de la table. On mangeait la tête tournée vers la table, et les pieds hors du canapé. Parmi les classes supérieures, les hommes et les femmes pouvaient manger ensemble. Sinon, les femmes mangeaient assises devant leur mari. Avant de passer à table, tout le monde se lavait les pieds et les mains, puis on mangeait soit avec les doigts, soit avec deux sortes de cuillères. Une fois le repas terminé, on se rinçait les doigts et on utilisait une sorte de serviette pour s’essuyer la bouche. Les déchets alimentaires (os, coquilles, etc...) étaient directement jetés par terre.

Empire byzantin

Byzance a été créée comme colonie grecque vers 660 avant J-C., mais en 330, la ville fut déclarée capitale de l’Empire byzantin par l’empereur Constantin Ier, et prit alors le nom de Constantinople. Les Byzantins avaient la réputation d’être très exigeants en ce qui concernait la préparation des aliments et la présentation des tables. Le changement le plus significatif par rapport à l’époque précédente, c’est le fait que les Byzantins ont commencé à manger assis. Les banquettes et lits de repas inclinables ont alors disparu peu à peu, et se mettre assis sur une chaise est devenu la manière officielle de manger. On nettoyait la table, on utilisait une nappe et des serviettes, et un bol d’eau était désormais utilisé pour se laver les mains.

Ce sont les Byzantins qui ont inventé la fourchette. Elle a ensuite été présentée à Venise au début du XIe siècle, par Theodora, fille de l’empereur Constantin X. Cet instrument fut à l’origine considéré comme trop extravagant, et l’ecclésiastique Pierre Damien l’appelait même “instrument diabolique.” À cette époque, la fourchette était plate et ne comprenait que deux dents. Ce n’est qu’au XVIIIe siècle que sa forme a évolué vers celle que nous connaissons aujourd’hui, et que son utilisation s’est popularisée en Europe.

Moyen Âge

À la fin du Moyen Âge, en Europe, on prenait généralement deux repas par jour : le déjeuner et le dîner. Le petit déjeuner était surtout pris par les travailleurs, les enfants, les femmes et les personnes âgées. Les hommes de la noblesse l’évitaient, car ils considéraient qu’il était immoral de rompre la nuit aussi tôt le matin.

On mangeait à l’aide d’une cuillère, et chaque convive apportait généralement son propre couteau. Avant chaque repas, les invités se lavaient le visage et les mains.

Au Moyen Âge, les banquets sont redevenus très populaires parmi les classes supérieures, qui profitaient de la moindre occasions pour organiser de grandes fêtes. Dans l’idéal, ces réceptions se tenaient dans de vastes pièces, loin de la fumée et des cuisines. Les convives s’asseyaient à table en suivant un ordre hiérarchique. L’hôte avait sa propre table, légèrement plus haute que les autres, et surtout plus éclairée. En d’autres termes, il était le héros du repas. Ses invités étaient assis à ses côtés en fonction de leur statut. Plus ils étaient importants, plus ils étaient proches de l’hôte. Tout le monde s’asseyait du même côté de la table, et on servait la nourriture par devant. Il était de coutume de partager les verres et le pain à deux personnes. Un domestique coupait la viande et la plaçait sur le pain.

Renaissance

C’est à cette période que les règles de l’étiquette changèrent fortement entre la cour, la noblesse et les roturiers. En 1528, Le Livre du Courtisan fut écrit par le diplomate Baldassare Castiglione, et en 1530, Érasme publia La civilité puérile. Ces deux œuvres peuvent être considérées comme de véritables manuels de politesse, et incluent les bonnes manières à suivre à table et lors des banquets. Par exemple, Érasme conseillait de manger avec les mains propres, de poser les deux mains sur la table, de ne pas s’appuyer sur les coudes, de se tenir bien droit, de déposer le verre et les couverts à droite de l’assiette, et le pain à gauche, ainsi que d’autres conseils pour se tenir comme un bon invité.

Les banquets offerts par la cour devinrent quasiment des spectacles, et ils étaient fortement influencés par la gastronomie italienne. Tous les plats étaient présentés en même temps, afin que les invités puissent choisir ce qu’ils voulaient manger. C’est sous le règne d’Isabelle la Catholique qu’hommes et femmes ont commencé à partager les mêmes tables.

Au XVIIe siècle, l’utilisation de la fourchette, jusque-là réservée aux classes supérieures, s’est modernisée dans toute la France, puis elle s’est répandue en Espagne, en Italie et en Angleterre.

XVIIIème et XIXème siècles

La manière de se tenir à table distinguait la noblesse du peuple. Les manuels sur la courtoisie et les bonnes manières connaissaient un immense succès, et en 1800, ces règles ont même été incluses dans les livres pour enfants. L’utilisation d’assiettes et de couverts spécifiques pour certains types d’aliments, tels que nous les connaissons aujourd’hui, s’est généralisée. Afin d’être considérés comme bien éduqués, hommes et femmes devaient montrer qu’ils savaient manger et boire avec savoir-vivre, mais également qu’ils étaient aussi bons hôtes que bons invités.

Ils devaient savoir comment accepter une invitation, quels sujets pouvaient être abordés lors d’un repas, ou encore comment se tenir assis et découper sa viande. Habituellement, l’hôte coupait la viande, et sa femme servait la soupe. Les couverts étaient placés à droite de l’assiette, et le pain et la serviette se déposaient à sa gauche.

Au début du XXème siècle, l’étiquette était considérée comme allant de soi, et les manuels de bienséance ne contenaient plus les bases telles que la manière de tenir correctement ses couverts, mais compliquaient les règles à l’extrême en suggérant par exemple à quelle température devait être la salle à manger !

XXIème siècle

De nos jours, nous avons tous intégré différentes règles de base concernant le bon comportement à table. Tu sais par exemple qu’il ne faut pas boire si on a de la nourriture dans la bouche, ne pas mâcher la bouche ouverte, ou ne pas parler la bouche pleine, mais il existe encore certaines règles de bienséance dont il faut tenir compte si tu ne veux pas te ridiculiser lors d’un repas officiel.

  • Ne commence pas à manger avant ton hôte, c’est impoli.
  • Utilise les couverts de l’extérieur vers l’intérieur, ils sont placés de cette manière pour faciliter leur utilisation.
  • Ta portion de pain est celle placée à gauche de ton assiette, et tu dois la couper à la main, et non avec ton couteau.
  • Ta serviette doit être étendue sur tes genoux (eh oui, même si tu penses que ce n’est pas poli, ça l’est).
  • N’échange jamais de nourriture avec l’assiette de quelqu’un d’autre.
  • Ne souffle pas sur ta nourriture pour la refroidir.

Quelles sont les “bonnes manières” qui t’ont été enseignées pendant ton enfance ? Es-tu déjà allé dans un autre pays où les habitudes à table étaient différentes de celles que tu connaissais ? As-tu déjà participé à un dîner officiel ? Laisse ton message dans les commentaires, et partage cet article avec les personnes de ton entourage !

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