Découvre l’histoire d’une comtesse sulfureuse qui a médiatisé sa vie bien avant l’avènement des réseaux sociaux

Histoires
Il y a 2 ans

Nous vivons en plein boom de la photo, avec 1,2 milliard de clichés réalisés rien qu’en 2021. Il ne faut que quelques secondes pour sortir son smartphone et immortaliser un ami qui partage ensuite le cliché sur les réseaux sociaux. Cependant, à une époque désormais révolue, il fallait s’immobiliser un long moment devant la caméra pour obtenir un portrait tant convoité. Ce désagrément n’a pourtant pas dissuadé certaines femmes désireuses de faire découvrir au monde leur beauté.

Chez Sympa, nous souhaitons aujourd’hui partager avec toi l’histoire de la sulfureuse comtesse Virginia de Castiglione, que l’on considère comme le premier mannequin de l’histoire.

  • Virginia Oldoïni, née en 1837 à Florence, était la fille du marquis Filippo Oldoïni, diplomate, et d’Isabella Lamporecchi. Le père néglige son enfant et la jeune fille grandit dans le grand palais de son grand-père, livrée à elle-même.
  • Le comportement de la petite Virginia sort de l’ordinaire. Alors que ses amies jouent encore à la poupée, elle prend les allures d’une coquette. Elle n’hésite pas à poser un regard hautain sur un homme adulte et à lui dire : “Attendez un peu... Je vais bientôt grandir.”
  • Un jour, son père apprend que sa fille adresse des lettres indécentes à des garçons. Il envoie alors Virginia dans un couvent pour corriger les lacunes dans son éducation. Une fois sur place, la jeune fille fait preuve de diligence et de foi fervente, et une semaine plus tard, les religieuses la renvoient chez elle.
  • En 1854, Virginia épouse le comte de Castiglione, de 12 ans son aîné. L’homme, parfaitement conscient que sa femme ne l’aimerait jamais, ne peut pourtant pas résister à l’envie d’épouser cette beauté rare.
  • On murmure qu’avant le mariage, la rebelle Virginia aurait eu une liaison avec un officier de la marine. Un comportement qui brave les règles que la société de l’époque impose aux jeunes filles à marier. Dans le mariage, la comtesse ne souhaite pas se cantonner au rôle de mère de famille et fait ce qui lui plaît. Cependant, elle donne tout de même un héritier au comte.
  • Un cousin de la comtesse de Castiglione est ministre. Il décide de mettre la beauté de sa cousine à profit à des fins diplomatiques. Dans ce but, il envoie Virginia à Paris et la prie d’utiliser tous les moyens pour séduire l’empereur Napoléon III.
  • Lorsque la comtesse arrive pour la première fois au bal dans le palais impérial, la musique s’arrête un instant et tous les regards se tournent vers la jeune invitée. Bien entendu, cette entrée spectaculaire a été orchestrée à l’avance par le cousin de Virginia.
  • La comtesse s’incline devant l’empereur et l’impératrice, après quoi Napoléon III invite la jeune femme à danser. Il ne peut pas résister au charme de la comtesse et bientôt ils entament une liaison. Entre-temps, le comte demande le divorce.
  • À la cour, l’attitude de la comtesse de Castiglione est provocatrice. Il arrive qu’elle se mette au milieu de la salle et exige des hommes qui passent de s’incliner devant elle comme si elle était une déesse. Elle snobe les dames. Elle va jusqu’à déclarer : “Je surpasse les femmes en beauté et en esprit.”
  • Une fois, Virginia arrive à un bal au bras de l’Empereur, se faisant passer pour son épouse. C’est un scandale. La jeune femme porte le costume de Dame de Cœur, très audacieux pour le XIXe siècle. Le haut de sa robe est en effet réalisé dans un tissu très fin et ne laisse aucune place à l’imagination.
    L’Impératrice assiste à ce spectacle. Elle s’approche de la comtesse et la recadre en une phrase : “Votre cœur est un peu bas, madame.” Par la suite, l’Impératrice expulse Virginia du pays. La photo ci-dessous montre la comtesse en Dame de Cœur. On pourrait supposer qu’il s’agit de la robe que Virginia portait au bal impérial.
  • Lors de son séjour à Paris, Virginia se rend dans le très prisé atelier de photographie de Pierre-Louis Pierson, situé sur le boulevard des Capucines. Là, la comtesse trouve une activité à son goût : elle pose pour des portraits. Elle est une figure si populaire que bientôt les clichés de la jeune femme sont utilisés à des fins publicitaires. Il arrive que les propriétaires de l’atelier demandent à la comtesse de porter telle ou telle tenue pour une séance photo.
  • Ainsi, longtemps avant l’arrivée des réseaux sociaux, Virginia est devenue le premier mannequin à se faire un nom à l’aide de photographies. On peut même la considérer comme la Kim Kardashian du XIXe siècle.
  • À l’époque, la réalisation d’un cliché prenait du temps. Il fallait rester immobile devant l’objectif pendant près d’un quart d’heure. Compte tenu que Pierson a pris environ 400 portraits de Virginia, on peut affirmer qu’elle consacrait de longues heures à sa passion. La comtesse ne se contente pas de se faire photographier, elle est aussi régisseuse, autrement dit, elle élabore la mise en scène dans les moindres détails.
  • Avant même que son divorce ne soit officialisé, la comtesse a déjà dépensé la plus grande partie de sa fortune en costumes pour ses multiples séances photo. Pour poser, elle se met souvent dans la peau de personnages de littérature ou des personnalités historiques, comme Lady Macbeth ou Anne Boleyn. La photo sur laquelle Virginia regarde à travers d’un petit monocle est la plus célèbre.
  • Virginia prend plaisir à envoyer des photos d’elle à des connaissances, sans qu’elles le demandent. C’est sa manière de montrer sa bienveillance. Mais il y a des raisons de croire que la Castiglione envoie des photographies à des ennemis si le cliché la montre menaçante. En fait, c’est comme cela que la comtesse a agi à l’égard de son ancien mari.
  • Lorsque le comte de Castiglione a tenté de lui prendre son fils, elle a posé pour une photo intitulée “La Vengeance”. Son visage sur le cliché n’augure rien de bon pour son ex-mari. Ci-dessous, la photo “L’assassinat”, qui est également un portrait effrayant de la comtesse.
  • Très vite, la romance avec l’empereur s’essouffle. La comtesse de Castiglione rentre en Italie. Au fil du temps, elle repère les premiers signes de vieillissement dans le reflet du miroir, et en est horrifiée. Virginia déplore : “J’ai à peine commencé ma vie que mon rôle a déjà pris fin.”
  • Quelques années plus tard, la comtesse décide de rappeler son existence au public parisien, et elle revient en France. Son comportement devient encore plus excentrique. À un bal, Virginia porte une robe particulièrement osée, ce qui attire une foule avide du spectacle pour le bal prochain. Cette fois pourtant, la comtesse choque même plus. Elle apparaît vêtue d’un costume qui ressemble à une robe de bure. Virginia est totalement imprévisible.
  • Les photos de la comtesse deviennent également plus audacieuses. Elle pose dans un boudoir et permet à photographier ses pieds, ce qui ne se fait absolument pas à l’époque. Mais plus elle vieillit, plus son intérêt pour la photographie s’estompe. Il finira par disparaître.
  • Au fil du temps, Virginia refuse même de sortir. Elle fait peindre les murs de son appartement en noir, installer des serrures à toutes les portes et retirer tous les miroirs. La comtesse ne quitte la maison que la nuit, pour promener ses chiens. Elle a dit : “Plus je connais les hommes, plus j’aime les chiens.”
  • La Castiglione tente d’organiser en 1900 une exposition de ses portraits sous le titre “La plus belle femme du siècle”. Ce rêve n’a jamais abouti : la comtesse est décédée un an avant la date prévue de l’exposition.
  • Pour la postérité, la comtesse a laissé ces lignes : “Le Père Éternel ne savait pas ce qu’il faisait quand il m’a envoyée au monde. Il me façonnait puis il a regardé son œuvre et est resté sans voix. Il m’a laissée dans un coin, ne trouvant pas de place digne. Puis, il a dû s’absenter, et quand il est revenu, le coin était vide.”

Alors, connaissais-tu cette femme aussi belle que rebelle ? Quelle impression a produit sur toi l’histoire de la comtesse de Castiglione ?

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