J’ai refusé de faire plaisir à ma sœur et maintenant elle gâche mon mariage

Dans cette histoire, deux sœurs se confrontent car elles ne parviennent pas à accepter les sentiments et les pensées de l’autre, et comme le dit le dicton, il semble que “chacun voit midi à sa porte”. Ce qui est génial et merveilleux pour l’une, est un complet non-sens et quelque chose de totalement indésiré pour l’autre, les menant à un affrontement dur et douloureux.

Moi (35F) et ma sœur (28F) avons toujours eu une relation... compliquée. Tout remonte à l’époque où notre père est décédé (j’avais 9 ans et elle 2 ans). Alors que notre beau-père, Marco, est sa figure paternelle idéalisée, pour moi, il a toujours été juste le mari de ma mère. Cette différence de perspective a été une source inépuisable de tension au fil des ans.

La situation a commencé à se compliquer pour la première fois à cause d’une bague : une relique de ma grand-mère paternelle, un lien précieux avec ma famille biologique. Ma sœur la voulait et l’exigeait, en argumentant qu’elle avait aussi ce droit et que, de toute façon, je n’avais pas l’intention de la porter. Évidemment, j’ai refusé catégoriquement.

Maintenant, avec mon mariage à l’horizon, le conflit a éclaté. Ma décision de garder Marco comme un invité de plus (sans qu’il m’accompagne à l’autel ni qu’il ait un rôle important) a été prise par ma sœur comme une insulte personnelle, une façon de l’effacer de ma vie. Et voici le comble : ma sœur a fait quelque chose d’impardonnable : elle m’a pris la bague de fiançailles de ma grand-mère.

Lorsque je l’ai confrontée, elle a admis qu’elle l’avait “empruntée” parce qu’elle voulait “essayer ce que cela ferait d’être la mariée” avec une véritable bague. De plus, elle a dit que je ne méritais pas de porter ce symbole familial si important à cause de mon mépris pour Marco. La discussion a mal tourné. Elle m’a attaquée, m’accusant de “choisir un mort plutôt qu’un père vivant” et de détruire la famille. Ma mère, au lieu de servir de médiatrice, a minimisé le fait qu’elle l’ait prise, me traitant de “égoïste” à cause du drame.

Bien que j’aie récupéré le bijou, la confiance est en miettes. La trahison a été si grande que je songe sérieusement à désinviter ma sœur. J’en ai assez de devoir défendre mes limites et la mémoire de mon père à chaque fois que je parle avec ma sœur.

Que disent les experts ?

Cette crise de loyautés au sein de la famille est une altération dans les procédures de deuil. En partant du travail de William Worden, éminent psychologue et expert dans le domaine du deuil et de la perte, on pourrait dire que la sœur aînée, qui a perdu son père à l’âge de 9 ans, a probablement vécu un deuil plus intense et profond. Cela a fait que le souvenir de son père biologique soit un aspect essentiel de son identité. En revanche, la sœur cadette, qui est restée sans père à l’âge de 2 ans, considère son beau-père comme la principale référence et a une vision idéalisée de cette nouvelle structure familiale.

La belle-mère ou le beau-père ne doivent pas assumer le rôle de remplacement, mais plutôt celui d’une extension du parent absent, soit parce qu’il s’est séparé ou qu’il est décédé.

La mère a un rôle fondamental dans ce conflit, bien que problématique également. En réduisant ce que la plus jeune a fait et en qualifiant la fille aînée de “égoïste”, la mère s’engage dans une triangulation qui obstrue la solution. Au lieu de valider la souffrance et le droit de se souvenir de sa fille aînée, la mère soutient le comportement de sa fille cadette, lui faisant croire que ses actions sont justifiées si elles protègent “l’unité” du nouveau groupe familial.

Comment penses-tu qu’un beau-père ou une belle-mère devrait agir ? Comment conserves-tu la mémoire d’une personne qui n’est plus là ?

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