J’ai travaillé comme gouvernante dans des familles riches pendant 5 ans, et je veux honnêtement te raconter les bizarreries auquelles j’ai dû faire face

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Il y a 4 ans

Naître dans une famille riche n’est pas toujours signe de chance. Et durant mes années de travail, je l’ai parfaitement bien compris. Ayant un diplôme d’études supérieures en formation pédagogique, j’ai travaillé comme enseignante dans des maternelles privées, comme gouvernante dans 4 familles différentes, et j’ai passé une multitude de périodes d’essai. J’ai vécu dans les maisons de riches inscrits dans la liste Forbes, j’ai voyagé à travers le monde dans des avions privés et je connais des secrets que je ne raconterai jamais, même sous serment.

Quand je faisais mes premiers pas dans la profession, je pensais que j’y arriverai sans problèmes et que je pourrai transmettre aux enfants toutes mes connaissances en leur apprenant à être raisonnables et gentils. Mais mon plan a misérablement échoué. Je voudrais raconter aux lecteurs de Sympa pourquoi j’ai sincèrement pitié des enfants les plus riches de notre pays.

Avant tout : l’entretien

Il s’agit d’une situation tout à fait réelle. Une capture d’écran du genre m’a été envoyée par mon agence quand je leur ai demandé comment s’est passé l’entretien. D’ailleurs, il arrive souvent que le candidat soit refusé exactement pour cette même raison.

  • Tout d’abord, le travail proposé peut sembler très attrayant, mais quand un des recruteurs de l’agence te contacte, il ne dira jamais toute la vérité concernant cet emploi : l’agence pense que si quelqu’un cherche un travail, il acceptera toutes les conditions, quelles qu’elles soient.

  • Dans mon CV, j’indique toujours l’âge des enfants avec lesquels je travaille, mais quand j’arrive à un entretien, il s’avère qu’il existe encore deux enfants, généralement plus petits, dont il faudra aussi s’occuper de temps en temps.

  • D’ailleurs, tous les “de temps en temps” se transforment une semaine plus tard en “toujours”. Quand tu commences ton travail, les exigences énoncées durant l’entretien changent toujours, et ce, même s’il avait eu lieu avec les parents eux-mêmes.

  • Ces derniers temps, il est devenu à la mode de faire passer le détecteur de mensonges aux nounous éventuelles. Personnellement, je refuse toujours. Surtout après qu’une de mes collègues m’a raconté qu’ils fouillent dans les moindres recoins de ta vie personnelle. Ils demandent même quand a eu lieu ta toute première expérience. Parfois, il est beaucoup plus facile d’aller se confesser à un prêtre.

  • Il faut donner un assez gros pourcentage de ton premier salaire à l’agence. C’est pour cette raison que beaucoup de nounous supportent des conditions de travail épouvantables et ne souhaitent pas aller dans une autre famille. De plus, tu commences assez vite à t’habituer aux lubies des enfants et de leurs parents.

La période d’essai

Un jour, quand je suis arrivée à mon premier jour d’essai, on m’a obligée d’aller à la douche pour le personnel, on m’a donné des vêtements jetables, et on m’a dit qu’il y a une condition obligatoire : mettre un masque médical, peu importe que je sois malade ou non. L’enfant (7 ans) était en parfaite santé, mais il fallait quand même à chaque fois répéter toute cette procédure. J’ai refusé cet emploi.

  • Il faut obligatoirement prendre un minimum de trois jours d’essai. Pendant ce laps de temps, tu pourras comprendre s’il te sera possible de trouver un terrain d’entente avec les parents et l’enfant, et si toutes les conditions te conviennent. Mais ici aussi, tu pourrais bien tomber dans un piège : dès que tu commences officiellement à travailler dans cette famille, on te donne immédiatement un tas d’autres tâches qu’on ne t’avait jamais demandé de faire lors de ta période d’essai.

  • Parfois, les parents disent qu’il leur est très important que la nounou puisse s’occuper du développement de l’enfant : qu’elle lise avec lui, converse sur des sujets intellectuels, etc. Mais en fait, la seule chose qu’ils attendent de toi est que tu lui nettoies la morve et que tu le nourrisses. D’un côté, c’est beaucoup plus facile, mais d’un autre, les parents t’interdisent même de parler avec l’enfant sur divers sujets. C’est-à-dire que pour lui, tu ne seras qu’une domestique. Quand l’enfant commence à te percevoir comme telle, tu perds toute autorité à ses yeux.

  • Lors de la période d’essai, il est très important de mentionner tous les aspects possibles : les horaires de travail, la salle de repos, les congés, etc. Bref, tout ce qui peut poser problème. Parce que si tu acceptes une seule fois d’aller à la poste par courtoisie, on commence à t’envoyer à la blanchisserie, au supermarché, etc, ce qui nuit souvent au travail principal. Et c’est comme ça que commencent les problèmes.

  • Je me souviens que lors de l’un de mes entretiens, la mère de deux filles a essayé de réduire mon salaire. Ayant difficilement réglé ce problème, nous nous sommes mis d’accord sur la période d’essai. Lors du deuxième jour, j’ai assisté à une scène pas très plaisante. La mère a commandé à ses filles un colis sur Aliexpress : des stylos avec des museaux à la place des capuchons, de gros feutres, des règles avec des jouets collés dessus, etc. Toute la commande faisait à peu près 1000 euros. Quand elles ont ouvert la boîte et ont commencé à utiliser leurs nouveaux jouets, il s’est avéré qu’ils n’étaient pas du tout ergonomiques : ils n’étaient pas très confortables à tenir, ils glissaient de la main et les différentes décorations gênaient. Finalement, elles ont décidé qu’il était complètement impossible d’utiliser ces articles, et en deux soirées, les enfants ont tout cassé et balancé à travers le balcon : elles voulaient tout simplement voir comment les stylos atterrissent dans la neige. Aucun objet n’a survécu. D’ailleurs, mon salaire lui aussi est de 1000 euros...par mois.

Les parents

  • La première chose la plus blessante pour moi, c’est qu’avec le temps, les parents commencent à devenir jaloux. L’enfant s’habitue à la gouvernante, s’y attache de tout son cœur, et une relation chaleureuse s’établit. Maman et papa le remarquent, licencient la nounou et essaient eux-mêmes de passer plus de temps en famille. Sauf que tout n’est pas si facile : passer du temps avec l’enfant demande aussi beaucoup d’énergie, et là, ils engagent une nouvelle nounou. L’enfant pique une crise, son état mental est affecté, il se fâche, etc. Pourquoi faites-vous ça ?

  • Une autre facette de mon travail, qui est aussi l’une des plus difficiles : aujourd’hui, le degré de handicap de l’enfant n’est plus vraiment important. Qu’il soit léger ou lourd, ce sont tous des enfants “particuliers”, mais il arrive souvent que les parents préfèrent ne pas le remarquer et qu’ils envoient leur enfant dans des maternelles ordinaires. Le petit commence à se comporter de façon inadéquate : il frappe les autres, lors du déjeuner, il peut monter sur la table et descendre son pantalon, ou encore mordre son enseignant, mais il ne faut en aucun cas gronder les enfants, surtout ceux qui ont un handicap.

  • Aussi triste que cela puisse paraître, les parents cachent parfois certaines maladies de l’enfant. Une fois, ce n’est que lors de mon troisième jour d’essai que j’ai appris que l’enfant est atteint d’épilepsie. Et, bien évidemment, je ne l’ai su que parce qu’il a eu une crise devant mes yeux. Les parents n’arrivaient pas à trouver une bonne nounou, et ils ont eu peur que la maladie me fasse fuir. C’est normal, ça ?

  • D’ailleurs, en parlant de santé. Une fois, quand je travaillais dans une maternelle privée, un des garçons a eu un malaise. Il est devenu tout pâle, froid, et il ne pouvait même pas soulever son bras : il disait ne pas avoir de force. Nous avons immédiatement contacté l’ambulance et la mère de l’enfant. La femme est arrivée avec un air agacé, comme si on l’avait empêchée d’aller à une de ses séances de manucure, et elle nous a dit : “Pouquoi m’avez-vous appelé ?” J’avais l’impression qu’elle aurait préféré donner naissance à un deuxième enfant, que prendre soin de celui-ci. Il s’est avéré que le petit a de gros problèmes au cœur.

  • Si la gouvernante s’avère être normale, la mère essaye très souvent d’en faire une amie, surtout si elle n’est pas très heureuse dans sa vie familiale. Avec le temps, même si j’essayais de me tenir à l’écart, je devenais quand même témoin de scandales après lesquels j’avais droit à des conversations à cœur ouvert lors desquelles on me racontait tous les secrets de famille. Je fuis toujours de ce genre de maison.

  • J’ai travaillé chez une actrice très célèbre. Un jour, quand je suis arrivée au travail, elle m’a dit : “Hier, vous êtes partie 25 minutes plus tôt. Je déduirai de votre salaire”. Et elle l’a fait. Je devais maintenant recevoir 1010 euros. Quand le jour de paye est arrivé, elle a commencé à fouiller la maison de fond en comble à la recherche de 10 euros, car elle n’arrivait pas à trouver de la monnaie. Le fait, que je faisais des heures supplémentaires presque chaque jour n’intéressait personne.

Les enfants

Une fois, j’ai travaillé dans une famille avec une fille de 4 ans et un petit garçon qui avait un peu plus d’un an. La fille ne voulait absolument pas prendre la cuillère par elle-même, il fallait la nourrir. Et si je ne le faisais pas, elle piquait une crise. De plus, j’ai à plusieurs reprises remarqué la terrible haine que la sœur a envers son petit frère : elle utilisait tout ce qui pouvait nuire à sa santé. Et quand j’expliquais aux parents que la petite fille a besoin non pas d’un psychologue, mais d’un psychothérapeute, ils me répondaient qu’elle grandissait en tant que leader et qu’elle n’aime tout simplement pas avoir des gens autour d’elle.

  • Les enfants ne savent absolument pas ce que vaut l’argent. Dans une des familles où j’étais la gouvernante de deux jumeaux, les enfants avaient environ 50 euros d’argent de poche par jour. Ils arrivaient à les dépenser en deux jours, compte tenu du fait que c’est le chauffeur qui les emmenait à l’école.

  • Dans les écoles maternelles privées, j’ai remarqué que les enfants riches ne reconnaissent aucune autorité. AUCUNE. Avoir une voix stricte n’aide pas, si tu les mets dans un coin, ils le quittent immédiatement, si tu leur refuses quelque chose parce qu’ils n’ont pas respecté la demande du professeur, ils piquent une crise. La seule façon de les contrôler est de les chouchouter et de les persuader.

  • Dans ma classe, il y avait une fille qui savait depuis son plus jeune âge qu’elle épousera un homme riche, et elle déclarait ouvertement qu’elle n’a besoin d’aucune connaissance, car elle se mariera et deviendra femme au foyer. Et ça se voyait : elle nous aidait avec plaisir à mettre la table et à attacher les bavoirs aux enfants moins âgés, mais à l’âge de 4 ans et demi, elle ne connaissait pas le nom des animaux les plus simples. Son frère est plus âgé de deux ans, et il a commencé à parler à l’âge de 4 ans.

  • Personne n’a besoin de ces enfants. Ils arrivent à la maternelle pas du tout préparés : sans chemises ou culottes de rechange, dans des chaussures qui sont beaucoup trop petites, etc. Il arrive très souvent que les enfants déclarent qu’ils ont faim dès leur arrivée. Et j’ai déjà plusieurs fois remarqué que les filles peuvent appeler les enseignantes, les femmes de ménage et d’autres femmes “maman”, si ces dernières les traitent bien. Après la sieste, j’ai fait une tresse à l’une des filles, et le lendemain, elle est arrivée à la maternelle avec cette même coiffure. Dans des moments pareils, j’ai de la peine même pour les enfants les plus gâtés.

Les nounous, les gouvernantes, et les maternelles privées

  • Dans les maternelles privées où les parents payent jusqu’à plus de 1000 euros par mois, le client a toujours raison. C’est-à-dire que le plus important, est que les parents restent satisfaits, et non pas que les enfants s’épanouissent et se développent. Un jour, la situation est devenue pour le moins comique : la directrice a proposé de préparer des charlottes aux pommes aux parents. Elle nous a dit : “Quand ils viendront récupérer leur enfant, nous leur donnerons un morceau de Charlotte. Ça fait plaisir quand même ! Une attention particulière”. Ce sont les enseignants qui devaient les préparer chez eux la veille. Après ça, j’ai démissionné.

  • Généralement, les agences disent qu’elles ont vérifié toutes les informations concernant leurs gouvernantes, que ces dernières ont une énorme expérience, et qu’aucun problème n’est jamais arrivé. Mais en fait, personne ne vérifie personne. Tu ne peux jamais être sûr de la personne qui rentrera dans ta famille et qui restera avec ton enfant en tête-à-tête.

  • La plupart des gouvernantes et des nounous sont des femmes dont la seule motivation est l’argent. Et c’est très triste. Quand je vais à un entretien et que je vois les autres prétendantes, je comprends que seules quelques-unes d’entre elles auraient pu approcher mon propre enfant.

Toutes mes années de travail et mon expérience colossale m’ont permis de comprendre le plus important : même tout l’argent du monde ne pourra jamais rendre un enfant heureux. De plus, un étranger ne pourra jamais prendre soin de lui avec tout l’amour et la chaleur que peuvent donner les parents. Je ne gagne pas des milliards et je ne pourrais probablement jamais envoyer mon enfant étudier à Harvard, mais je peux lui donner beaucoup plus : de l’amour, de l’attention, et une bonne éducation. Parce qu’il ne faut pas du tout être riche pour rendre son enfant heureux.

Que penses-tu des gouvernantes ? À ton avis, vaudrait-il mieux prendre soin de son enfant par soi-même, ou est-ce que la nounou est quelqu’un d’indispensable dans notre vie moderne ? Partage ton avis dans les commentaires.

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