Je n’ai jamais été jolie et j’ai fini par y trouver des avantages : vieillir et voir sa beauté s’estomper ne fait pas peur
Tous les ans, des millions de femmes dépensent des sommes non négligeables dans des salons de beauté pour des soins rajeunissants. Tout cela pour repousser coûte que coûte les changements liés à l’âge. Elles s’attaquent courageusement à chacune des ridules, y consacrant beaucoup de temps et d’énergie. Celles qui ont un physique moyen ont plus de chance. Elles n’ont pas peur de perdre leur beauté, simplement parce qu’elles ne l’ont jamais eue.
Je fais partie de ces femmes-là. Lorsque les garçons se battaient pour raccompagner mes belles copines de classe chez elles et que mes amies portaient des tenues de princesse, je grimpais sur les arbres, jouais au foot et faisais “oui” de la tête lorsque ma mère disait : “En revanche, tu es très intelligente.”
En exclusivité pour Sympa, j’ai décidé d’expliquer pourquoi je ne m’affole pas à l’apparition de nouveaux cheveux gris ou de plis insidieux. Je te conseille de faire pareil.
Je n’ai jamais été belle, ni dans la petite enfance, ni dans l’adolescence, ni à l’âge adulte. Alors que mes camarades de classe s’épanouissaient, je les regardais non sans envie. J’avalais des romans d’aventures et au lieu de sortir avec des garçons, je jouais avec eux aux indiens et aux pirates. Je préférais les T-shirts et les jeans aux jolies jupes. De toute façon, je n’avais pas grand-chose à mettre en valeur. À la récréation, tout le monde chuchotait, discutait des rencards, des mots doux et choisissait un partenaire de danse pour une prochaine discothèque. Pourtant, j’ai été un peu surprise de découvrir que j’avais un admirateur.
Ce camarade de classe me raccompagnait chez moi et restait là pendant des heures chaque jour. Mes copines ricanaient et échangeaient des coups d’œil malins. Elles ne se sont même pas doutées que le garçon n’avait pas craqué pour moi, mais pour mon ordinateur. Deux mois plus tard, mon soupirant a eu un béguin pour une autre fille. Je n’en étais guère contrariée. En revanche, ce revirement a affligé les copines.
Il n’était pas surprenant que je n’aimais pas du tout mon physique. J’ai cherché à remédier à la situation avec un maximalisme qui est propre aux adolescents. En fait, j’ai décidé de me faire pousser les cheveux et de porter une frange longue pour mieux cacher les boutons sur mon front et mes joues rondes. Je me suis dotée de lunettes massives, d’autant plus que ma vue n’était pas très bonne, et j’ai abandonné les jeans et les T-shirts pour porter des robes et des jupes amples. Curieusement, le fait que ces tenues tassaient ma silhouette au lieu de l’embellir, me dérangeait le moins du monde.
Cependant, les changements d’apparence ne m’ont pas apporté beaucoup de popularité. Le fan de mon ordi a été le seul petit ami pendant mes années scolaires. En plus, j’évitais les discothèques : à quoi bon passer la soirée toute seule dans un coin ?
Dans les années suivantes, peu de choses ont changé. J’admirais sincèrement mes copines qui réussissaient à paraître élégantes et belles même dans les tenues les plus simples. Moi, je n’utilisais presque pas de maquillage. J’étais persuadée que ceci ne me profitait point.
La souffrance morale a même reculé. Les petites phrases mignonnes de ma belle-mère potentielle du genre : “Notre Paul est beau, mais Marie a vraiment de l’esprit !” ne me blessaient plus, mais provoquaient chez moi un sourire en coin et un petit ricanement. D’ailleurs, la fin très logique de ma romance avec Paul ne m’a pas non plus attristée.
C’est un gars que j’ai connu par hasard qui m’a fait réfléchir à mon apparence. Nous nous sommes rencontrés lors d’une fête, et étonnamment, on s’est donné rendez-vous pour aller au cinéma. On s’est mis à discuter où se retrouver avant la séance et comment se reconnaître, car après tout, nous n’avons bavardé que cinq minutes. Mais là, il m’a dit : “Ne t’inquiète pas, il est impossible de t’oublier. Ton visage est tellement... intéressant et vif.”
C’était probablement l’un des compliments les plus marquants de ma vie. J’ai soudain réalisé qu’être brillante et mémorable n’est pas pire que d’être belle. À propos, je suis allée au cinéma avec ce mec-là, mais hélas, tout s’est arrêté là. On lui a proposé un travail dans une autre ville et je l’ai perdu de vue.
Bien sûr, mes doutes refaisaient surface de temps en temps. Mon mari est photographe. À un moment, j’ai réalisé que j’étais rarement présente sur ses photos. J’ai rassemblé mon courage et je lui ai demandé : “C’est parce que j’ai une mauvaise mine que tu ne me prends pas en photo ?” Il a alors dit : “Chérie, je te contemple tous les jours. Je n’ai pas besoin d’un appareil photo pour me souvenir de toi. Et puis, je n’aime pas travailler à la maison.”
Des recherches montrent que les personnes attrayantes trouvent plus facilement un emploi et gravissent plus rapidement les échelons. Cela dit, quand j’étais embauchée et que je recevais une promotion, je savais avec certitude que c’était honnête et que je ne l’ai pas reçue pour mon apparence avantageuse. Cette pensée me faisait vraiment chaud au cœur. Cela m’a également aidée dans la communication avec mes collègues : en absence de motifs personnels qui détournent souvent l’attention, il était plus facile de construire des relations et de collaborer.
Lorsque ton visage ou ta silhouette n’attirent pas l’attention de l’interlocuteur, celui-ci perçoit mieux le sens de ce que tu dis. Cela permet d’aller plus vite. La capacité de formuler clairement et rapidement mes pensées, de séduire avec mes idées, m’a aidée dans ma carrière. Les patrons sont tous différents et le charme féminin n’exalte pas tout le monde.
Je sais à coup sûr que toutes mes réalisations sont dues à mon esprit et à mon caractère. Je ne condamne en aucun cas ceux qui ont pu y arriver par d’autres moyens. Mais il me semble que cette voie est à la fois plus compliquée et plus pénible. En plus, cela laisse un sentiment d’incertitude.
Alors que mes amies poussent des soupirs navrés, en scrutant leur apparence et qu’elles ont hâte de prendre rendez-vous chez l’esthéticienne, je ne fais que hausser les épaules. J’aime vraiment mon physique plus mûr et je n’ai pas honte des mèches grises et des autres signes de l’âge. Les deux se marient parfaitement avec ma propre vision de moi. Je n’ai plus 25 ans. Je n’ai pas non plus envie de faire comme si. Évaluer son physique en fonction des standards de la beauté qui évoluent sans cesse ou des critères des autres personnes est une tâche ingrate.
Une fois, ma belle-mère est venue toute joyeuse : “J’ai un cadeau pour toi !” Je l’ai ouvert et j’ai trouvé une coloration pour cheveux. J’ai levé les sourcils de surprise, et elle m’a dit : “Mais tu as des cheveux gris, tu dois les teindre !” J’ai alors répondu : “Merci beaucoup. Je ne pense pas que je vais y aller, car ils ne me gênent pas.”
Cela ne signifie pas du tout qu’on n’a pas besoin de prendre soin de soi-même. Mais entre des produits cosmétiques et un rendez-vous chez le chirurgien esthétique, à mon avis, il y a un gouffre énorme. Rester attractive n’est pas synonyme de ressembler à une adolescente. Quand mes amies s’exclament : “Oh, j’aimerais bien pouvoir retourner à mes 16 ans !”, je me crispe nerveusement. Moi, je m’en passerai ! Je suis à l’aise avec mes 40 ans. Je suis plus confiante, plus intelligente, plus sereine. Bien sûr, la jeunesse laisse de nombreux souvenirs agréables. Mais il me semble qu’on peut vivre des émotions tout aussi vives, quoique légèrement différentes, à 40, 50 et 60 ans.
Il y a beaucoup de femmes célèbres qui ne font que s’épanouir avec l’âge. Par exemple, Meryl Streep et Helen Mirren. Elles n’y arrivent pas grâce à une chirurgie esthétique, mais grâce aux conseils de stylistes et de coiffeurs. Loin des standards classiques, leur apparence est néanmoins haute en couleur et marque les mémoires. Elles parviennent à paraître féminines et séduisantes, sans adapter leur physique aux canons de la beauté dont on a marre. Leur exemple est très encourageant. Voilà, les effets de l’âge ne provoquent pas des crises de panique. Pour moi, se tracasser pour des rides et des cheveux blancs ne sert strictement à rien.
Selon toi, la bataille sans fin pour la jeunesse vaut-elle vraiment la peine ? N’hésite pas à donner ton avis dans les commentaires !