Je refuse de renoncer à ma promotion simplement parce que je suis une femme

Après qu’on lui a dit qu’une promotion était “trop dure pour les femmes”, Gloria a signalé son patron et a fini par prendre sa place. Aujourd’hui, Sympa revient sur ses doutes, les biais dans les promotions, et pourquoi la résilience, pas la chance, l’a mise dans ce fauteuil.

Bonjour Sympa,

Après sept ans au même poste, j’ai enfin été présélectionnée pour une promotion. Mais mon patron a dit : “Tu es vraiment talentueuse, mais ce poste peut être difficile pour les femmes.” J’ai simplement hoché la tête et souri. Je l’ai signalé tout de suite, parce qu’il était impossible de rester silencieuse après toutes ces années. Le lendemain matin, les RH sont venus dans mon bureau, et je me suis figée quand ils ont dit : “On a besoin que tu participes à une réunion urgente, maintenant.”

Je pensais que j’étais en tort. Mais ensuite, ils m’ont montré ma plainte et ont dit : “Il y a eu plusieurs signalements concernant ton patron.”
Il s’est avéré que je n’étais pas la seule à qui il avait dit ce genre de chose. Les RH recueillaient discrètement des témoignages de plusieurs femmes de l’équipe, et mon processus de promotion a déclenché une enquête complète. À la fin de la semaine, mon patron a été suspendu en attendant la décision, et on m’a proposé son poste.

Aujourd’hui, je suis assise dans le même bureau où il m’a dit un jour que ce travail était “trop difficile pour les femmes”. Parfois, je me demande si j’ai vraiment mérité ce poste, ou si son erreur m’a juste fait de la place. Est-ce que tu accepterais son poste dans une situation comme celle-là ?

Gloria

Chère Gloria,

Tout d’abord, félicitations pour ta promotion ! Même si elle est arrivée enveloppée de drame d’entreprise, une promotion reste une promotion. Décomposons maintenant ta question.

• L’as-tu mérité ?

Oui, sans aucun doute.
Le départ de ton patron n’a pas créé ta compétence, il a simplement écarté quelqu’un qui la bloquait. Tu occupais le même poste depuis sept ans et tu avais déjà été présélectionnée pour la promotion, des signes clairs que ton travail parlait de lui-même.

Et pour mémoire, son commentaire, “ce poste peut être difficile pour les femmes”, s’inscrit statistiquement dans un problème plus large. Une analyse de la Harvard Business Review portant sur plus de 81 000 évaluations de leadership a montré que les femmes étaient souvent décrites avec des mots comme “compatissante”, tandis que les hommes étaient plus souvent qualifiés d’"analytiques". Cette différence de langage façonne subtilement la manière dont le potentiel de leadership est perçu.

• Aurais-tu dû l’accepter ?

Oui, là encore.
Tu n’as ni manipulé ni manigancé. Tu as signalé un comportement inapproprié, comme tout employé en a le droit, et sans doute même le devoir. Le fait que les RH aient découvert plusieurs plaintes similaires montre que ce n’était pas une coïncidence, mais un problème qui devait être mis au jour.

• Pourquoi pourrais-tu te sentir mal à l’aise ?

Se demander si l’on “mérite” sa réussite est profondément humain. Les psychologues appellent cela le syndrome de l’imposteur, et il peut toucher les personnes les plus accomplies, même des astronautes de la NASA. Si des explorateurs de l’espace peuvent douter d’eux-mêmes en orbite après des années de formation d’élite, il est compréhensible que chacun puisse se sentir partagé derrière son bureau.

Mais les sentiments ne sont pas des faits. Le fait est que tu remplissais les critères, que tu as fait face aux préjugés et que tu t’es quand même élevée.

Alors, garde le bureau. Garde le fauteuil. Garde même son ancienne tasse à café, utilise-la pour faire pousser un cactus. Ils s’épanouissent dans des conditions arides, et apparemment, toi aussi. 😉

Chaleureusement,
Sympa

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