La vraie histoire du chien qui est à l’origine du film Hatchi (et qui fait couler plus de larmes que la production)
Le film Hatchi est sorti il y a plus de 10 ans et compte à juste titre parmi les productions les plus touchantes sur les animaux. Pourtant, beaucoup de spectateurs ignorent que ce chien fidèle n’est pas une invention des cinéastes, mais qu’il a vraiment existé et qu’après la mort de son maître, il a continué à l’attendre à la gare pendant des années. Une statue est même érigée en son honneur. C’est aujourd’hui un lieu de rendez-vous pour les amoureux de Tokyo.
Sympa n’a pas pu passer à côté de l’histoire de Hatchi et nous voulons te raconter comment il a pu prouvé que les chiens méritent plus qu’une niche et qu’un os de temps en temps. À la fin tu trouveras un bonus qui t’apprendra quelques faits sur le film qui s’est inspiré de la vie de ce compagnon dévoué, tant apprécié par des millions de gens.
Hatchi, connu au Japon sous le nom de Hachikō, est né en novembre 1923 dans la préfecture d’Akita, l’endroit qui a donné son nom à la race canine, devenue très populaire grâce au célèbre chien. Le propriétaire de l’animal, un fermier local, s’occupait de l’élevage de cette espèce. En janvier 1924, le professeur Hidesaburō Ueno, un des meilleurs spécialistes en agrotechnique, a acheté le chiot. Selon une version, il appartenait à une jeune fille. Celle-ci s’est mariée et a donc ramené le chien à l’éleveur. Le chercheur cherchait justement un chien de race Akita.
Plusieurs hypothèses existent également sur l’origine du nom Hachikō. On sait qu’il vient du mot “hachi” qui signifie “huit” et du suffixe “kō” qui veut dire “loyauté”. On suppose, entre autres, que la forme des pattes arrière du chiot faisait penser à un huit. D’après d’autres données, Hachikō était le huitième chien de Hidesaburō.
Hachikō, comme de nombreux chiots de race, est fragile et dort dans la maison, chose très rare pour le Japon de cette époque où l’on laisse normalement les animaux passer les nuits dehors. On couvre le petit avec une couette, pour qu’il n’ait pas froid, mais malgré cet effort, il tombe malade. Hidesaburō et sa femme ne le quittent plus, ils mettent des sacs avec des glaçons autour de sa tête, alors que son corps est entouré de bouillottes qu’ils fabriquent eux-mêmes.
Quand le chiot finit par guérir, Hidesaburō le promène avec ses deux autres chiens, John et Esu. Esu ne se montre pas amical envers le nouvel arrivant, devinant, peut-être le lien exceptionnel entre son maître et lui. Effectivement, le professeur traite le chiot d’une manière différente : tous les jours, il nettoie et brosse sa robe, lui donne à manger du riz avec du bouillon et des biscuits. À cette époque, une pareille affection envers un animal est hors norme. Beaucoup de Japonais estiment que Hidesaburō a gâté le chien.
Et le chien retourne cette attention : tous les matins il accompagne le professeur au travail et part à sa rencontre le soir. Hachikō l’escorte jusqu’à la station de Shibuya, attend qu’il monte dans le train et rentre à la maison pour revenir à la gare vers 15 heures chercher son humain.
Le 21 mai 1925, Hidesaburō succombe à une attaque cérébrale en plein cours. Les médecins ne réussissent pas à le sauver et ce soir-là, il ne revient plus chez lui. Hachikō n’a qu’un an et demi à ce moment, il est tout jeune, on dirait encore un chiot. N’ayant pas vu son maître, il attend toute la soirée à la station et ne rentre chez lui que pour y passer la nuit. Le lendemain, il revient à la gare. Et il le fera pendant 9 ans, 9 mois et 15 jours.
La femme d’Hidesaburō ne peut pas garder le chien, elle n’est pas une épouse officielle et se voit obligée de quitter la maison et de réintégrer sa propre famille. Les proches du professeur veulent adopter le chien, mais celui-ci s’enfuit à chaque fois et part à la recherche de son maître. En fin de compte, c’est le jardinier de Hidesaburō qui s’occupe de lui.
Tous les jours, à la même heure, le chien part à la gare. Les premiers temps, il est brutalisé. Les gamins le poursuivent et les marchands du quartier l’arrosent avec de l’eau, mais tout ça ne le dissuade pas. Un jour, un des anciens élèves du professeur découvre le sort du pauvre animal. Il sollicite les médias et en 1932 l’histoire sur la loyauté du chien apparaît dans les journaux.
Hachikō acquiert une grande popularité. Les employés de la gare, les commerçants et les passagers lui apportent de la nourriture, ainsi que les touristes qui se déplacent pour le voir. Le célèbre acteur Masao Inoue compte aussi parmi ses fans et lui achète du bœuf. Ce chien qui reste fidèle à son maître fait changer l’attitude de la population japonaise envers les animaux errants. On ne les perçoit plus comme une menace, on leur donne à manger et on les soigne.
Helen Keller, écrivaine et militante, caresse la statue de Hachikō.
En 1933 Hachikō se fait remarquer par le sculpteur Teru Andō. Il est tellement impressionné par le chien et par sa vie qu’il le reproduit sous forme de statue en plâtre pour l’Académie des beaux-arts. Un an plus tard, la statue en bronze apparaît devant les caisses de la station de Shibuya. Hachikō lui-même est présent à l’inauguration. Pour l’occasion de la fête, on lui met une écharpe rouge et blanche. Pourtant, ça ne change en rien l’existence de l’animal qui continue à attendre le retour de son maître, sauf que désormais on le voit souvent à côté de sa copie en bronze.
En 1944, pendant la Seconde Guerre mondiale, la statue de Hachikō est faite fondre pour en fabriquer des armes. Plus tard, les japonais voulaient la restituer, mais son créateur a péri lors d’un raid aérien. C’est le fils de Teru Andō qui en 1948 a fait revenir la statue à sa place. Avec la sculpture vient la renaissance de la race Akita, très affaiblie pendant les années de la guerre.
L'enterrement de Hachikō.
Les Japonais ont beau prendre soin de Hachikō, la vie dans la rue affecte sa santé. À plusieurs reprises, le chien se livre aux bagarres et aux combats avec ses rivaux. Son corps en porte des séquelles, une oreille n’est plus dressée et il se fait attaquer par des parasites. Vers 1935 il est trop faible pour rentrer le soir dans la maison du jardinier. Il reste presque tout le temps allongé en face de la station et cherche son maître des yeux.
Le 7 mars 1935, un employé de la gare le voit passer par des locaux déserts et faire le tour des magasins où l’on lui donne d’habitude à manger. Pour la dernière fois, il l’aperçoit dormir sur un lit en bois dans le compartiment à bagages. Le matin du 8 mars, l’employé inquiet constate que le chien n’est plus sur son lit. Il part à sa recherche et le trouve couché au bord d’une route. Le chien est mort. Il a vécu 11 ans.
Très bientôt la nouvelle de la mort de ce compagnon fidèle à quatre pattes gagne tous les recoins du Japon. C’est une des premières nouvelles du pays, pour ne pas dire plus. Des milliers d’habitants se réunissent autour de la statue du chien et apportent des gourmandises, des fleurs, des cartes postales et des lettres. L’épouse de son maître bien-aimé vient, elle aussi, rendre hommage à l’animal.
La sculpture du chien est encore aujourd’hui l’une des curiosités de Tokyo, appréciée tant par les touristes que par les habitants locaux. C’est surtout les amoureux qui l’aiment, ils se fixent des rendez-vous à côté du monument du chien dévoué.
Un chat errant s'est installé entre les pattes de Hachikō en bronze.
Bonus : faits intéressants sur le film Hatchi
- Le film de 2009 est un remake du film japonais Hachikō monogatari, réalisé en 1987.
- En fonction des périodes de sa vie, Hatchi est joué par trois Akitas, Chico, Layla, Forrest, et par un chiot Shiba Inu. Les chiens ont été dressés pendant 6 mois, et les défenseurs d’animaux ont assisté au tournage.
- Le tournage a eu lieu en hiver et pour que les chiens n’aient pas froid, on leur avait préparé des vêtements.
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Le 19 mai 2012 une statue en bronze de Hatchi a été inaugurée à Woonsocket Depot place, lieu du tournage du film. Elle est identique à la statue de la gare de Shibuya.
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Richard Gere a avoué qu’à la lecture du scénario, il sanglotait comme un enfant.
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Les premiers temps, l’acteur avait peur de ses collègues à poils, mais ils sont très vite devenus des amis.
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L’inspiratrice de ce film est la productrice Vicki Shigekuni Wong. Dans les années 1980, elle a entrepris un voyage au Japon et a vu le monument à la station de Shibuya. L’histoire du chien a bouleversé la jeune fille et elle a décidé d’appeler son propre chien Hachikō. Et quand son compagnon est mort, elle a voulu immortaliser son histoire sur le grand écran.
Et toi, as-tu un animal de compagnie ? Connais-tu des histoires d’une dévotion pareille de la part d’un animal ? N’hésite pas à les partager avec nous dans les commentaires !