J’ai exclu mon beau-fils de nos vacances en famille

Le 10 avril 1912, des foules se sont rassemblées sur la plage de Southampton pour saluer le départ de ce qui était à l’époque le plus grand et le plus prestigieux navire du monde, le RMS Titanic. Le prix du billet de salon de première classe le plus cher était de 4 350 $, soit environ 70 000 $ en valeur actuelle. Mais à peine 5 jours après son départ, le navire a été englouti par l’océan Atlantique. Alors revenons en arrière pour voir ce qui s’est réellement passé lors de cette nuit fatidique. Le capitaine voulait établir un record de vitesse pour le voyage inaugural du navire et arriver en avance. Le navire étant considéré comme insubmersible, il a foncé à plein régime dans les eaux sombres de l’Arctique.
Après avoir repéré l’iceberg, l’équipage a désespérément essayé d’éloigner le navire et d’éviter la collision, mais le Titanic se déplaçait trop vite et l’iceberg a déchiré le côté du navire, créant une énorme ouverture dans la coque. Ce n’était pas une seule et unique brèche, car les dommages se sont produits à plusieurs endroits. Au total, les dégâts se sont étendus sur une zone de 90 m. Mais les concepteurs du navire s’étaient préparés à la perspective d’une collision et avaient ajouté des compartiments étanches de chaque côté du navire pour faire office de zone de protection.
Quatre de ces compartiments pouvaient être percés et le navire resterait tout de même à flot, mais comme l’iceberg a déchiré le flanc du Titanic, il a fait des trous dans six compartiments. Les compartiments ne s’étendaient pas sur la hauteur totale de tous les ponts, et n’étaient pas réellement scellés en haut. C’est pourquoi, lorsque plus de quatre d’entre eux ont été inondés, l’eau a atteint le sommet des cloisons et a rempli les compartiments restants, entraînant le naufrage du navire dans l’océan. Imagine de l’eau qui déborde d’un bac à glaçons.
Mais si la collision avait été frontale, aurait-il aussi coulé ? Les navires sont conçus en tenant compte des risques de collision et la plupart des navires sont équipés de cloisons anti-collision à l’avant. En fait, c’est comme le pare-chocs ou la zone de déformation de ta voiture : c’est un élément de sécurité qui peut résister à un choc direct. La proue aurait pu absorber une partie de l’impact, et certains experts ont estimé qu’en cas de choc frontal, seuls 2 à 4 des compartiments étanches auraient été inondés. En théorie, le Titanic n’aurait donc pas coulé et aurait même pu continuer à naviguer vers sa destination finale à une vitesse beaucoup plus lente. En revanche, la force de l’impact aurait été énorme.
Mais bien que les passagers auraient été blessés par le choc, ils auraient pu rester sur le navire pour attendre d’être secourus par d’autres navires plutôt que d’être forcés à plonger dans les eaux glacées de l’Atlantique.
Toutefois, l’un des concepteurs du Titanic, Edward Wilding, a suggéré que la force de l’impact n’était peut-être pas si importante. Il a déclaré à la commission d’enquête britannique que “beaucoup de gens ont à peine ressenti” la collision, et il a estimé que le navire n’aurait pas coulé s’il avait heurté l’iceberg de plein fouet. Le navire a également été conçu avec des portes étanches contrôlées à distance entre tous les compartiments, de sorte que toute inondation aurait pu être rapidement contenue.
Étant donné que le Titanic présentait six brèches à la suite de la collision latérale et que celle-ci s’est produite si rapidement, la fermeture des portes n’aurait rien changé puisqu’il était pratiquement impossible de le sauver à ce stade. Le vaisseau a immédiatement commencé à s’inonder, l’eau se déversait à un rythme d’environ 7 tonnes par seconde, quinze fois plus vite qu’elle ne pouvait être pompée. Si l’on peut imaginer que le Titanic aurait survécu si le navire avait heurté l’iceberg de plein fouet, cette idée soulève aussi quelques problèmes.
Tout d’abord, les parois de collision ont été conçues pour survivre à un crash avec un autre navire, pas avec un iceberg géant ! Si deux navires entraient en collision, ils absorberaient une partie de l’impact dans leurs cloisons, partageant ainsi l’impact et restant probablement à flot. Mais un iceberg est statique, ce qui signifie que le Titanic a dû absorber la majeure partie de l’énergie de la collision. Si le Titanic avait été frappé la tête en premier, à cause de la vitesse à laquelle il se déplaçait, l’impact aurait probablement traversé tout le corps du navire.
Imagine un navire de 46 000 tonnes qui se déplace à environ 20 nœuds (37 km/h). À un moment donné, il heurte un iceberg qui peut peser plus de 100 000 tonnes. Cette collision créerait très probablement une puissante force qui endommagerait considérablement le navire. Il est possible que les jointures se déchirent, que les escaliers s’effondrent et que les rivets éclatent dans tout le navire. Tout cela pourrait potentiellement inonder encore plus de compartiments. Cela pourrait faire couler le Titanic en quelques minutes, plutôt qu’en quelques heures. Mais ce n’est que la partie visible de l’iceberg — comme nous le savons tous, la plus grande partie est cachée sous l’eau. Donc, si le Titanic avait navigué de face, il est probable qu’il aurait d’abord heurté la partie de l’iceberg située sous l’eau, ce qui l’aurait fait dévier de sa trajectoire. Frapper un iceberg n’est pas comme frapper un mur de briques. Dans ce cas, la glace sous l’eau aurait déchiré le fond du navire et causé des dommages aux côtés.
Les icebergs ne sont pas non plus des objets plats et solides. S’il s’agissait d’une simple collision, le navire aurait pu rester à flot, mais les icebergs ont des formes et des tailles très diverses, qui vont des dômes à des formes de pics. Des études ont également été menées sur l’acier utilisé pour fabriquer le Titanic, et les tests montrent que le métal était environ 10 fois plus fragile que l’acier que nous utilisons de nos jours. Le navire a été construit avant que nous comprenions les effets des basses températures sur l’acier. Le vieil acier utilisé pour fabriquer le navire ne se pliait pas face aux températures glaciales, mais se cassait. Les morceaux récupérés des plaques de la coque du Titanic montrent que la coque s’est simplement brisée lors de l’impact.
Un choc frontal provoquerait également un arrêt très violent et brutal, de sorte que même si le navire n’avait pas coulé, il aurait quand même eu des problèmes majeurs. Imagine un moment où tu freines brusquement ta voiture ou lorsque un bus pile alors que tu es en train de marcher dans l’allée et que tu es projeté en avant. Les passagers auraient eux aussi été projetés à travers le navire et, comme le choc a eu lieu la nuit, la plupart des gens dormaient et n’auraient pas pu se préparer correctement à un impact quelconque. Cela aurait entraîné des blessures à la plupart des personnes à bord. Les conséquences auraient été particulièrement graves pour les personnes situées à l’avant du navire, où se trouvaient les logements des pompiers, des graisseurs et des mécaniciens en congé. Mais même si les passagers et les membres de l’équipage hors service avaient été jetés hors du lit, il y aurait eu beaucoup plus de survivants que dans le scénario original.
De nombreux navires ont subi des collisions frontales et sont parvenus à regagner la côte. Peu de gens savent que le Titanic avait en réalité deux navires jumeaux. La White Star Line, la compagnie qui a construit le Titanic, a également construit des navires appelés Britannic et Olympic. Commandé par Edward J. Smith, qui allait plus tard diriger le Titanic, l’Olympic est parti pour son voyage inaugural en juin 1911. Mais, comme pour son navire jumeau, le désastre était à venir. Lors de son cinquième voyage commercial, l’Olympic est entré en collision avec un navire de la marine royale, le HMS Hawke. Alors que l’Olympic était endommagé sur le côté, le Hawke a souffert d’un impact de face et de plein fouet. La proue du Hawke a été complètement écrasée par la collision, mais comme le navire avait des compartiments étanches, il a réussi à survivre au choc et est retourné à terre en toute sécurité pour être réparé.
Une autre étude de cas est celle du SS Andrea Doria, un paquebot italien qui a fait la une des journaux en 1956. Comme le Titanic, l’Andrea Doria se dirigeait vers New York pour son 101e voyage lorsque la catastrophe a frappé. Le 25 juillet, le navire est entré en collision avec un paquebot suédois de 160 m, le Stockholm. Ce dernier a frappé le navire de plein fouet, mais le point d’impact de l’Andrea Doria était sur le côté. L’avant du Stockholm a été complètement défoncé, mais comme l’impact s’est produit sur sa coque, et il a pu s’en sortir. L’Andrea Doria a malheureusement coulé, la collision s’étant produite sur le côté du navire. Ces cas pourraient donc suggérer que le Titanic aurait peut-être survécu s’il avait heurté l’iceberg de face. Mais il ne faut pas oublier que le Titanic a heurté l’iceberg à pleine vitesse, alors que l’Olympic et l’Andrea Doria, eux, voyageaient plus lentement.