L’Homme Qui A Vendu La Tour Eiffel Pour Sa Ferraille

C’est curieux
Il y a 7 mois

Appels, pages Internet, liens malveillants — tels sont les moyens par lesquels quelqu’un peut t’escroquer au XXIe siècle. Mais que dirais-tu si quelqu’un essayait de te vendre la Tour Eiffel, Big Ben, ou même... le pont de Brooklyn ? Difficile à croire, mais toutes ces choses et tant d’autres similaires se sont produites au cours de l’histoire. Tu as peut-être déjà entendu parler de George C. Parker, l’un des plus fascinants escrocs américains, qui a surtout opéré à la fin du XIXème siècle. Quand on dit “escroc” on ne parle pas là d’un arnaqueur à la petite semaine, mais d’un véritable spécialiste. Un professionnel dans l’art de gagner la confiance d’autrui afin de mieux tromper son monde...

Parker était originaire de New York et il gagnait sa vie en vendant illégalement toutes sortes d’objets emblématiques qu’il ne possédait pas vraiment. Il est ainsi parvenu à refourguer des lieux aussi symboliques que la Statue de la Liberté, Madison Square Garden, le Metropolitan Museum of Art et, bien sûr, le Pont de Brooklyn. C’est pour cette arnaque qu’il est le plus connu — puisqu’il a vendu le Pont à plusieurs reprises, au moins deux fois par semaine. Une fois, il est même arrivé à exiger un prix de 50 000 $ ! Le nouveau propriétaire ne savait absolument pas qu’il était victime d’une escroquerie, jusqu’à ce que la police de New York n’intervienne pour l’empêcher de traiter le pont comme sa propriété privée, en installant des postes de péage au milieu du pont de Brooklyn par exemple.

Le pont de Brooklyn a ouvert ses portes à la fin du XIXème siècle. C’était un pont à péage, ce qui signifie que les piétons devaient payer de l’argent chaque fois qu’ils voulaient le traverser. Les cavaliers et leurs chevaux devaient s’acquitter de 5 cents, et pour ceux qui avait une calèche, cela coûtait jusqu’à 10 cents. Des dizaines de milliers de personnes traversaient le pont chaque jour lorsqu’elles se rendaient au travail, de Brooklyn à Manhattan. Quelques années plus tard, ce péage pour piétons a été abrogé... mais certains ont manifestement pensé qu’ils pouvaient le remettre au goût du jour.

Parker choisissait souvent différents noms : Warden Kennedy, James J. O’Brien, Mr. Taylor, Mr. Roberts, etc. afin de se livrer à ses escroqueries. Il employait également de nombreuses méthodes pour se présenter comme le propriétaire “légitime” des biens qu’il vendait. En falsifiant des documents pour rendre ses escroqueries plus crédibles par exemple, et en installant carrément de faux bureaux de vente lorsque cela s’avérait nécessaire. De même, lorsqu’il a vendu la tombe du Général Grant, il s’est fait passer pour le petit-fils du général. L’un de ses endroits de prédilection pour opérer était Ellis Island. Il y attendait des personnes venant de différents pays, surtout celles qui disposaient d’argent qu’elles voulaient investir dans de nouvelles entreprises. Ses cibles préférées n’étaient pas seulement les personnes qui voulaient emménager aux États-Unis, mais aussi les touristes lors de leur première visite à New York. Quel accueil, n’est-ce pas ?

Au Royaume-Uni, un homme se livrait à des activités similaires, mais dans le sens inverse. Arthur Furguson “vendait” de célèbres monuments nationaux britanniques et d’autres biens publics aux touristes venus des États-Unis pendant les années 1920. Il a ainsi revendu des monuments comme Big Ben, la colonne de Nelson à Trafalgar Square et même Buckingham Palace. Et oui, il n’hésitait pas à vendre les mêmes bâtiments encore et encore, trouvant à chaque fois de nouveaux acheteurs. S’il a réussi à escroquer tant de monde, c’est que les acheteurs n’étaient pas bien informés, et qu’ils étaient par ailleurs bien trop gênés pour dévoiler leur histoire en public une fois la supercherie découverte.

Furguson s’est ensuite rendu aux États-Unis et a vendu la Maison Blanche à un éleveur censé lui payer 100 000 dollars par an. Tout comme George Parker, Furguson a aussi essayé de vendre la Statue de la Liberté à un touriste australien. L’homme voulait acheter l’impressionnante structure, mais il n’a pas pu rassembler les fonds nécessaires à temps. Furguson s’impatientait de plus en plus, remettant sans cesse la question sur le tapis et poussant son acheteur à obtenir l’argent. Ce dernier est vite devenu très méfiant. Finalement, il a décidé de raconter toute l’histoire à la police. Ils ont finalement réussi à attraper Furguson. Il a été condamné à cinq ans de prison, car ils ont bien vite découvert les autres arnaques qu’il avait commises dans le passé.

La Tour Eiffel a également été mise en vente, quelque part dans les années 30. Victor Lustig était un autre escroc célèbre, âgé de 46 ans à l’époque. Il a défrayé la chronique Américaine à la fin des années folles, ainsi que celle du reste du monde. Pendant son séjour à Paris, il a conclu une énorme affaire — il a VRAIMENT vendu la Tour Eiffel. Et pas qu’une fois, mais bien deux.

La méthode de Victor était assez simple : il a organisé des rencontres avec des hommes d’affaires qui avaient tous besoin de ferraille. Il les a convaincus que la Tour Eiffel allait être démolie, car elle avait désespérément besoin d’être réparée. Ainsi, celui qui offrait le meilleur prix obtiendrait les matériaux. C’était un homme charmant, doué d’une grande éloquence, ce qui l’a clairement aidé à convaincre ses acheteurs que la Tour Eiffel pouvait vraiment leur appartenir une fois l’affaire conclue. Il avait des dizaines de faux passeports, changeant souvent de nom lorsqu’il s’adonnait à ses transactions illégales.

Il existe une légende locale fascinante, que l’on raconte à Wichita Falls, au Texas. En 1919, un homme : J.D. McMahon, a eu l’idée de convaincre les gens qui vivaient là qu’il allait construire un immense building qui s’étirerait loin dans les airs — ce que nous appellerions aujourd’hui un gratte-ciel. Il a ainsi collecté 200 000 dollars et a ensuite érigé un bâtiment qui n’avait que quatre étages. Il possédait des dimensions de 5 mètres sur 3 : bien plus petit que ce qu’il était censé devenir. Les mesures qu’il avait présentées dans ses documents n’était pas en pieds, mais en pouces — ce qui, en tant que détail, a complètement échappé aux investisseurs américains.

L’escroc qui avait eu l’idée originale s’est bien sûr enfui avec son pécule, laissant derrière lui l’humiliation de ce qu’on nommerait plus tard “le plus petit gratte-ciel au monde”.

Au XVIIIe siècle, une femme nommée Barbara Erni sillonnait le Liechtenstein et ses environs. Pendant son voyage, elle charriait une grande malle sur son dos. Elle menait une vie itinérante, et c’est pourquoi elle s’arrêtait souvent afin de chercher un logement pour la nuit. Chaque fois qu’elle s’arrêtait, Erni disait à l’aubergiste que ses biens les plus précieux se trouvaient dans sa malle. Puis elle demandait au propriétaire de l’enfermer à double tour dans la pièce la plus sûre de l’auberge. Les aubergistes s’exécutaient. Ils ne savaient pas qu’il n’y avait ni bijoux ni vêtements à l’intérieur de son énorme bagage... En fait, c’est là que se trouvait son compagnon de voyage, qui surgissait alors de la malle, s’emparait de tous les objets de valeur, puis s’enfuyait à nouveau avec Erni — et cela a duré 15 ans, jusqu’à ce que l’on finisse par attraper le duo de voyageurs.

Un vendeur de meubles : Ed Barbara, des environs de la baie de San Francisco, a concocté son arnaque dans les années 1970 et 1980. Il a inondé la région de publicités qui agaçaient beaucoup les gens. Puis il est passé au niveau supérieur : à un moment donné, il a dit à tout le monde qu’il détenait une participation de 50 % dans la mine d’or de Golden Gulch, juste à côté de Truth or Consequences, au Nouveau-Mexique. Tout le monde avait entendu l’histoire selon laquelle ce site était prêt à extraire de l’or — et nous parlons de beaucoup d’or, pour un montant estimé à 93 millions de dollars la première année seulement. Son “entreprise” a ainsi vendu quantité d’actions, qui ont rapporté de gros bénéfices au vendeur. Mais bien sûr, tout cela n’était qu’une supercherie.

Un certain chauffeur de camion se trouvait sans emploi en 2010, il a donc eu une idée plutôt inhabituelle. Il a essayé de vendre l’hôtel Ritz à Londres pour près de 300 millions de dollars. Une bonne affaire pour la personne qui voudrait l’acheter, sachant que sa valeur réelle était censée excéder les 700 millions de dollars. Le chauffeur prétendait être un bon ami des propriétaires de cet hôtel de luxe. Il se présentait également comme leur associé.

Il racontait que les propriétaires avaient leurs propres raisons de vouloir vendre l’hôtel par l’intermédiaire d’un tiers et qu’ils n’étaient pas en mesure d’en discuter. Un acheteur potentiel lui a même remis plus d’un million de dollars en guise de frais initiaux. Notre chauffeur de camion lui a ensuite dit qu’il avait reçu une meilleure offre et qu’il accordait donc sa préférence à un autre acheteur... mais il n’a jamais rendu l’argent, bien entendu.

Les gens ont aussi essayé de vendre toutes sortes de choses bizarres sur Internet. Par exemple, au début des années 2000, alors qu’Internet n’en était qu’à ses débuts et que beaucoup de gens ne comprenaient pas encore le concept d’achats en ligne, un Australien a tenté de vendre un pays entier sur eBay. Ouaip, tu pouvais ainsi acquérir la Nouvelle-Zélande dans une vente aux enchères d’un mois et le prix de départ était d’un centime australien. Certains acheteurs potentiels ont pris cela très au sérieux et le prix a fini par atteindre les 3 000 dollars avant qu’eBay n’intervienne...

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