Un texte puissant sur ce qui devient vraiment important durant les derniers moments de la vie
La mort n’est pas du tout une chose à laquelle nous sommes habitués à penser ou à parler, et encore moins sur ce site. Mais nous ne pouvions pas passer à côté de ce texte mettant en évidence une réflexion puissante et instructive sur ce qui, tôt ou tard, touchera chacun d’entre nous. Le texte qui suit est la retranscription du discours d’une personnalité publique bien connue, Nyuta Federmesser, la fondatrice du fond de soutien d’hospices russes Faith (fond-vera.ru). Nous l’avons traduit et légèrement réduit. Les mots qu’elle a employées sont d’une grande sincérité, et provoquent carrément la chair de poule. Tu pourras en juger par toi-même.
Sympa t’invite aujourd’hui à faire une pause d’une minute pour lire attentivement ce texte et réfléchir un moment à ce qui est vraiment important dans la vie.
Cette maison de retraite organisait des concerts. De petits concerts, ceux pour lesquels on emmène les patients dans la salle commune, et où quelques musiciens jouent pour eux. Ils n’ont pas besoin d’être des artistes célèbres, tout ce qui compte, c’est que la musique soit reconnaissable, et agréable à écouter, en restant assis ou allongé là, juste à côté d’eux, parce que, bien sûr, la plupart des patients le savent : il est fort probable que ce soit la dernière musique ou le dernier concert qu’ils écouteront de leur vie.
Lors de l’un de ces concerts, il y avait un couple. Le mari était dans ses derniers moments de vie, et sa femme, très fidèle, se tenait à ses côtés, lui tenant la main. C’était une femme douce, très bien soignée, très belle. Elle a tenu la main de son mari tout au long du concert, et une fois ce dernier terminé, ils sont retournés dans sa chambre, ensemble. Je lui ai alors dit pour une raison qui m’échappe : “Passez à mon bureau tout à l’heure, juste pour parler”. Et environ une heure et demie plus tard, elle est venue me voir, et à son regard, j’ai immédiatement compris que son mari était parti.
Ce n’est pas comme si elle pleurait à ce moment-là, ou si elle était effondrée. Non, elle paraissait plutôt apaisée. Elle m’a dit : “Alexandre est mort.” Et moi : “Comment ça, il est mort ? Vous étiez là au concert il y a juste un instant.”
Elle me dit alors : “Nous sommes arrivés dans sa chambre, je me suis assise sur son lit, il a alors tendu la main vers moi, comme s’il voulait me la donner. J’ai donc pris sa main dans la mienne, et il m’a dit : ‘Non, je veux autre chose.’ Il a mis sa main sur mon chemisier et a commencé à en défaire un bouton. Puis sa main a glissé vers le bas, et il était mort.”
Dans leurs derniers instants, les gens pensent à ceux qu’ils aiment, à la femme qu’ils ont tant aimé, ou aux être chers qui sont partis avant eux et qu’ils vont enfin revoir.
Il y a eu un personnage important dans ma vie : Maria, une vieille dame du village où j’ai passé presque toute ma vie, et où je retourne maintenant chaque été. Elle est morte à 104 ans. Elle est morte un peu comme on peut le lire dans certains livres, vous savez, chez elle, avec sa vieille fille qui s’occupait d’elle, et elle est restée saine d’esprit jusqu’à la fin.
Parfois, elle disait des choses très pertinentes. Quand elle a passé les 90 ans, personne n’écoutait plus ce qu’elle racontait, que ce soit sur sa ferme, sur la guerre, ou sur la révolution. Un jour, je me suis arrêtée près d’elle, parce qu’elle disait quelque chose d’intéressant. Dans cette région, ils ont un accent particulier. Elle disait : “Nyuta, ma chère, quand mon André est mort, j’avais 21 ans, j’étais enceinte. Il est parti à la guerre et il est mort. J’étais jeune, j’avais une tresse.” Elle était assise dans ses énormes bottes, ses jambes minces semblaient encore plus maigres, sa robe était usée, vous savez... une robe de grand-mère, standard, rustique, de la campagne. Elle avait un foulard sur la tête, ses cheveux en dépassaient, minces comme des toiles d’araignée, complètement blancs. “J’avais une tresse, et mon André. Je n’ai jamais connu d’autre homme. Nyuta, qu’en penses-tu ? Quand je le retrouverai, je serai de nouveau jeune, ou bien j’aurai toujours ce visage tout fripé ?”
Alors que les gens pensent à leurs proches disparus, ils se demandent si ces derniers les reconnaîtront.
Très récemment, un garçon de 16 ans a été transféré du Centre Dima Rogachev, au Centre de soins palliatifs, parce que parfois, même si le patient ne peut pas être guéri, il peut tout de même être aidé et accompagné.
Il s’est vite rendu compte que les conditions n’étaient plus celles d’un hôpital, qu’il fallait s’attendre à tout, que tout le monde savait ce qui allait se passer, même s’il n’y avait jamais de conversations franches et directes avec lui. Je lui ai dit : “Dani, qu’est-ce que tu voudrais ?” Il me répondit : “Ce que je voudrais, c’est fumer et boire une bière.” Eh bien nous l’avons fait fumer et boire une bière. Ce sont des choses que nous avons facilement pu organiser pour lui, mais bien sûr, dans ce contexte, ça n’avait rien d’aussi amusant qu’avant. Sa mère pleurait dans la chambre.
Avec le temps, Dani a développé une relation de confiance avec l’un des médecins, et la veille d’un week-end, il lui a dit qu’il avait vraiment besoin de faire quelque chose d’important. Quelle était cette chose si importante ? Acheter une petite chaîne et un pendentif en forme de cœur. Du coup, plusieurs personnes du centre de soins palliatifs, tous types de personnel confondus, ont arpenté la ville tout le week-end pour lui apporter le lundi toute une variété de pendentifs différents : un cœur avec une flèche, un cœur entier, un double cœur, un cœur brisé en deux parties. Il a choisi le cœur entier. Quand il est mort, selon sa volonté, sa mère a pris ce coeur, et elle l’a donné à la fille à laquelle Dani pensait.
Je crois que cette fille, qui vit probablement en milieu rural, dans la pauvreté, dans la précarité, dans un village où un homme moyen devient alcoolique et meurt à l’âge de 30-32 ans. Elle se mariera, son mari deviendra alcoolique, il mourra, et elle restera seule, en legging léopard et en sabots, mais toute sa vie, elle gardera ce pendentif. Toute sa vie, elle se souviendra de cette fantastique romance qu’aucune autre femme de son village ne connaîtra jamais. Et elle se souviendra toujours de Dani.
Et tous nos employés se souviendront aussi de Dani, parce que si un médecin peut soulager l’état d’un patient en lui achetant un pendentif en forme de cœur, on peut alors parler d’une attention médicale extraordinaire : justement celle que l’on exerce dans les centres de soins palliatifs ou dans les maisons de retraite. Avant qu’une personne ait la possibilité de poser sa main sur la poitrine de sa femme bien-aimée, ou qu’on aille lui acheter un pendentif, tout un travail est nécessaire en amont. Pour que la personne puisse être elle-même, elle ne doit plus souffrir, elle ne doit plus avoir peur, ni se sentir seule.
Avant, tout cela se faisait de manière naturelle. Avant, les gens se préparaient à mourir. Aujourd’hui, les familles parlent très rarement de la mort, mais heureusement, il y en a encore qui le font.
C’est quoi la bonne manière ? Quelle est la manière la plus correcte ? La forme absolument parfaite n’existe pas, mais c’est déjà très bien quand ceux qui partent pensent à ceux qui restent.
Pour que cela se produise, nous ne devons pas avoir peur de poser des questions, et nous ne devons pas avoir peur de donner des réponses. Parce que si un jour, quelqu’un vous demande ou vous dit : “Écoutez, si je meurs, enterrez-moi là” et que vous lui répondez : “Qu’est-ce que vous dites, vous vivrez plus longtemps que nous, vous nous enterrerez tous”. C’est sympa, bien sûr, mais ça ne sert à rien.
Bien plus qu’une simple conversation, cette discussion honnête est ce qui vous donnera l’occasion de ne pas vous sentir coupable, d’être entièrement vous-même, et de parler honnêtement de vos désirs.
Le mot “honnête” est très important ici. Vous ne serez en mesure d’établir correctement vos priorités et de déterminer ce qui est vraiment important pour vous qu’une fois que vous connaîtrez l’échéance de votre vie. En fait, c’est la même chose pour tout : si vous savez quand vous partirez en voyage, vous aurez le temps de préparer votre valise, et vous ne ferez rien de stupide. Si vous savez quand un examen aura lieu, vous aurez le temps d’étudier, mais si vous ne savez pas, alors c’est là que ça devient effrayant. Si vous connaissez votre diagnostic et que vous savez qu’il vous reste trois mois, ou trois ans, il est fort probable que vous établirez vos priorités beaucoup plus facilement. Et dans une maison de retraite par exemple, là où la médecine rejoint finalement le mieux la personne, là où tout se fait d’une manière qui ne fait pas mal, qui ne fait pas peur, qui ne surprend pas, qui ne vous fait pas vous sentir seul, ce genre d’endroit offre finalement une occasion inattendue dans votre vie d’être honnête avec vous-même, avec vos proches, et une occasion de dire honnêtement ce que vous désirez.
Que veulent les gens avant de mourir ? Ils veulent manger, ils veulent fumer, récemment, un homme atteint de sclérose en plaques voulait même une femme. En fait, rien n’est impossible pour le directeur d’un tel établissement. Si c’est ce que veut l’un de ses patients, il peut même trouver une femme. Une femme vraiment extraordinaire, qu’il rappellerait plus d’une fois, c’est sûr.
S’il n’y a pas de douleur, pas de peur, pas de solitude, alors il s’avère qu’il y a du temps, un temps fantastique et précieux. Parfois ça ne prend pas longtemps, juste quelques minutes, certains ont besoin de quelques jours.
Mais c’est durant ce court laps de temps que les cinq choses les plus importantes doivent être dites : “Je t’apprécie énormément”, “Je t’aime”, “Pardonne-moi”, “Je te pardonne”, et “Au revoir”. Ces désirs, ainsi que la possibilité de les réaliser englobent ces cinq choses à la fois. Qu’elles s’expriment par : “Achetez-moi un pendentif.” ou par une main tendue vers le bouton de chemisier de sa bien-aimée, elles veulent bien dire ces cinq choses à la fois.
Si tout est soudainement plus clair et que l’on peut être vraiment sincère, on peut en fait même devenir audacieux dans cette vie si qui est parfois si absurde, où nous croulons sous les conventions. Audacieux au point qu’une jeune aveugle mourante nous a demandé un jour : “Vous savez, j’ai rêvé de quelque chose toute ma vie, mais je n’ai jamais osé... Je voudrais une manucure avec chaque ongle brillant et d’une couleur différente. Je peux ?” Alors qu’elle est aveugle.
Elle s’est fait faire cette manucure, puis elle s’est allongée dans son lit, les mains posées sur la couverture, et elle demandait à chaque membre de sa famille, ou aux infirmières qui venaient dans sa chambre, de nommer la couleur de chacun de ses ongles pour s’assurer avec chaque nouvelle personne qu’ils avaient vraiment tous une couleur différente.
Le temps, l’ouverture d’esprit, et le soutien ont le pouvoir d’éliminer la douleur, qui est finalement ce que nous craignons le plus avant de mourir. Il est absolument certain que juste avant de mourir, nous ne pensons pas à la mort, mais nous pensons à la vie. Terminer sa vie dans une maison de retraite est finalement une chance d’échapper à une fin de vie horrible. Et si cette vérité est connue alors que vous et moi sommes en bonne santé, si vous vous préparez dès maintenant, et que vous cessez d’avoir peur de quelque chose qui est pourtant inévitable, et qui nous arrivera forcément à tous, quelque chose de beaucoup plus certain que d’avoir des enfants, se marier, aller à l’université, divorcer, ou je ne sais quoi d’autre, alors vous pourrez dès à présent penser à ce que vous voulez vraiment faire avant de mourir. Et ça deviendra alors possible. Merci.
Alors, que penses-tu de ce discours ? Sais-tu ce que tu aimerais-faire avant de mourir ? Laisse un message dans les commentaires, et n’hésite surtout pas à partager cet article avec les personnes de ton entourage !