Pourquoi, malgré une plus grande accessibilité à la connaissance, ne sommes-nous pas plus intelligents ?

Développements
Il y a 5 ans

Selon les résultats d'une enquête menée par la société américaine Dell EMC, le volume d'informations double tous les deux ans, et il se compte déjà en zettabits. Juste pour te donner une idée, un zettabit serait atteint si tous les citoyens américains postaient deux tweets par minute pendant 30 000 ans. Il semble qu'avec une telle quantité d'informations, et la facilité d'accès à Internet, les gens auraient dû devenir des génies depuis longtemps. Pourtant, c'est le contraire qui s'est produit, et dans cet article, nous allons t'expliquer pourquoi...

Sympa a rassemblé quelques faits scientifiques qui expliquent dans quelles conditions l'information participe à l'augmentation de l'intelligence, et dans quelles conditions elle sature l'esprit.

Rythme de croissance du volume d'informations selon le rapport IDC's Digital Universe
Study
. Étude commandée par EMC en 2011.

Le monde moderne est donc submergé d'informations, mais le problème est que leur utilisation n'est pas très rationnelle. L'un des principaux critères sur la base desquels nous avons toujours évalué ces données était la possibilité de leur application pratique. Si tu n'utilises pas les informations reçues, tu ne fais que remplir ton esprit de données inutiles.

D'après les enquêtes, seulement 13% des utilisateurs utilisent les technologies numériques et accèdent à des ressources pour l'auto-apprentissage. Les employeurs du monde entier ont exprimé leurs craintes au sujet du syndrome du "burn out", et de la faible efficacité de leur personnel, pourtant hautement qualifié en matière de culture numérique.

L'excès d'informations inutiles transforme rapidement une source de savoir en un danger appelé "surcharge informationnelle". C'était autrefois un terme scientifique utilisé dans le domaine de la psychologie cognitive, mais de nos jours, c'est devenu un phénomène de masse qui va au-delà des limites de la science.

Pourquoi cet excès d'informations nous empêche-t-il de devenir plus intelligents ? Nous allons en mentionner les principales causes dans cet article.

1. Le flux d'informations hétérogènes distrait l'attention et nous empêche de nous concentrer sur l'essentiel

Cela a été démontré par l'expérience "Infomania", menée par le psychologue anglais Glenn Wilson, il y a quelques années, et dont l'accent était mis sur les employés de bureau. Certains d'entre eux étaient directement impliqués dans leurs responsabilités, tandis que d'autres étaient fréquemment interrompus par des SMS, des appels et la vérification de leur boîte aux lettres électronique. À la fin de la journée, une analyse a montré que le niveau de QI des participants du deuxième groupe avait diminué de 10 points.

Et en réalité, de nos jours, la vérification des e-mails est presque devenue partie intégrante du travail. Selon un rapport intitulé "The Social Economy" publié par le McKinsey Global Institute en juillet 2012, le travailleur moyen consacre 28% de sa journée de travail à cette activité. Le temps de formation pour acquérir de nouvelles connaissances et compétences n'est tout simplement pas pris en compte.

2. L'accès à l'information évite d'avoir à la mémoriser

Les scientifiques de l'Université Columbia ont constaté que les gens se souviennent des sources d'information, des dossiers, des lecteurs et des sites Web mieux que des données elles-mêmes. Ils ont mené une expérience au cours de laquelle ils ont demandé à des étudiants de trouver et de mémoriser certaines données simples, par exemple, le fait que le cerveau de l'autruche est plus petit que son œil ; ils ont interdit à une moitié des participants de conserver le dossier ; l'autre moitié du groupe n'avait pas cette contrainte, si bien qu'ils étaient sûrs de pouvoir relire le document.

Peu de temps après, on a demandé aux participants à l'expérience de restituer ces faits ; il s'est avéré que les étudiants qui savaient qu'ils ne pourraient pas revenir à l'information plus tard étaient les seuls à pouvoir s'en souvenir. Les autres, qui se fiaient inconsciemment au dossier, avaient tout oublié. Malheureusement, aujourd'hui, l'information est consommée, mais n'est pas conservée dans la mémoire.

3. L'abondance d'informations a une influence négative, non seulement, sur la mémoire, mais aussi sur tous les processus mentaux en général

Étonnamment, cette idée a été exprimée par le PDG de Google lui-même, Eric Schmidt. Selon lui, les appareils numériques modernes et la richesse de l'information, qui ont envahi la vie des gens, peuvent entraver la pensée profonde, la compréhension, la formation de la mémoire et l'apprentissage.

Le peintre, scientifique, publiciste et ancien rédacteur en chef du Harvard Business Review, Nicholas Carr, soutient l'idée de l'effet négatif de l'hypertexte numérique, affirmant qu'il conduit à la fragmentation de la connaissance. Lors de la recherche d'informations sur Internet, le contexte de ces données est souvent ignoré. "Nous ne voyons même pas les arbres, nous ne faisons que regarder les branches et les feuilles", écrit Carr.

Par conséquent, la surcharge d'informations conduit à un afflux cognitif, et non seulement, la capacité d'une personne à se souvenir de l'information est réduite, mais la comparaison de celle-ci avec l'expérience, qui a été stockée dans la mémoire à long terme, est réduite également. Cela rend les pensées dispersées et superficielles.

4. La monotonie de la présentation et la consommation de l'information diminuent l'efficacité de sa perception

Nous avons tous appris, à l'école, qu'il y a trois canaux de perception de l'information : auditif (l'ouïe), visuel (la vue) et kinesthésique (le toucher). Et une information se retient mieux si les trois canaux sont activés au moment de son traitement.

Lorsque l'on reçoit de l'information depuis Internet, en règle générale, seul le canal visuel est concerné, et dans une moindre mesure le canal auditif, mais la kinesthésie n'est généralement pas utilisée.

Ainsi, une professeure de l'Université de l'Indiana, Karin Harman James, a montré que les étudiants se souviennent mieux de l'information qu'ils ont tapée à la main que sur un clavier ; alors que dire des données que nous avons simplement lues, ou encore de celles rapidement scannées avec nos yeux ?

5. La méfiance à l'égard des données réduit la motivation à les conserver en mémoire

L'abondance de l'information, sa simplicité, le rythme de sa distribution et la facilité de sa manipulation ont naturellement réduit la confiance de la population à son égard. Les enquêtes montrent que les sources d'information auxquelles les gens font le plus confiance sont les bibliothèques, tandis qu'en bas du classement, on retrouve les réseaux sociaux.

6. Les nouvelles technologies provoquent l'isolement social et empêchent le partage d'expériences

Aujourd'hui encore, malgré la rapidité de développement des cours en ligne, tous les grands programmes d'enseignement sont dispensés en groupe, et ce n'est pas un hasard : l'enseignement d'une discipline de façon collective permet de synchroniser les participants, et par conséquent, ceux qui sont moins avancés sont tirés par les autres. Il s'agit d'un facteur d'apprentissage non négligeable.

D'autre part, l'échange de connaissances et d'expériences, qui découle de notre esprit communautaire, est non moins important, de même que la formation d'une capacité à l'empathie. Ces éléments permettent à l'intelligence émotionnelle de se développer. Tout cela est impossible en l'absence d'un contact visuel complet, et d'une interprétation du ton de la voix ou du langage corporel.

7. Surfer sans fin sur la vague de l'information ne laisse pas de temps pour d'autres aspects du développement personnel

Ce n'est pas un hasard si le monde virtuel est associé au mot "Univers". Il est infini, et sa nature cyclique conduit à une dissolution complète dans le flux d'informations : courriels, services de messagerie, nouvelles, amis, notifications, tout cela tourne en rond.

De ce point de vue, même la télévision est préférable, puisque le nombre de chaînes qu'elle propose est limité. Tôt ou tard, elle va finir par t'ennuyer, et tu devras "sortir" de l'écran pour retourner dans le monde où il faut apprendre à conduire une voiture, changer des couches, réparer un robinet qui fuit, et effectuer toutes ces tâches qui ne sont pas aussi informatives que la navigation sur Internet, mais qui semblent beaucoup plus efficaces pour améliorer le QI.

En bref, le monde numérique présente certes de nombreux avantages, mais aussi beaucoup d'effets néfastes. Et pourtant, nous n'avons pas la possibilité de vivre dans un autre monde, ce qui signifie que nous devons prendre en compte ses avantages et ses inconvénients, et apprendre à vivre dans des conditions de flux d'informations infinies, tout en le contrôlant et en nous contrôlant nous-mêmes.

Et toi, comment te positionnes-tu par rapport à un tel volume d'informations ? Le considères-tu comme un atout ou une menace ? Partage ton avis dans les commentaires !

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