Voici une histoire qui nous apprend que les femmes fortes ont elles aussi besoin d’être protégées parfois de leur manque de discernement

Beaucoup de gens sont convaincus que les animaux de compagnie comprennent parfaitement les humains, et nombre d’entre eux sont en effet très intelligents. Irina Podgurskaya, l’auteure d’histoires de vie captivantes, a raconté une situation dans laquelle l’un des personnages aurait dû entièrement faire confiance à son chat.

Chez Sympa, nous aimons sincèrement nos compagnons à quatre pattes, et nous aimerions que nos lecteurs les écoutent plus attentivement, même s’ils sont couverts de fourrure et ne peuvent pas parler : ils savent aussi s’exprimer, mais d’une autre façon.

Mon ami, Vincent, adorait les femmes fortes et indépendantes.

Il aimait dire : “Qu’y a-t-il de mal à être indépendante ? Au moins, je pourrai compter sur une femme pareille”.

Le plus surprenant, c’est qu’il avait une excellente intuition : il voyait directement quelle femme était réellement forte, et laquelle essayait juste de faire semblant.

— Non, il vaut mieux ne pas s’approcher de celle-là, affirmait Vincent. Ne fais pas attention au fait qu’elle ouvre les portes à coups de pied, qu’elle parle comme une brute, ou qu’elle fasse en sorte d’impressionner les autres avec ses gros bras : tout cela n’est qu’un spectacle pour attirer les hommes. Tu verras que si tu t’en approches trop, elle va t’aspirer comme un trou noir, et, en un clin d’œil, tu te retrouveras avec une maison, une famille, et une tripotée de gosses. D’un autre côté, celle qui hier te semblait tellement indépendante sera assise dans la cuisine en train de repriser des chaussettes et de te poser mille questions pour que tu prennes des décisions importantes. Mais moi, tu vois, je n’ai aucune envie de régler le moindre problème.

Selon mon ami, les femmes fortes ne sortent pas du lot, elles ne dirigent pas d’armées, elles n’élèvent pas la voix, mais elles sont aussi fiables que le coffre-fort d’une banque suisse. Le plus important, c’est de trouver la bonne approche.

Et Vincent savait parfaitement comment les approcher. Non, il ne trimballait pas d’énormes bouquets de fleurs et ne récitait pas de jolis poèmes : il s’approchait tranquillement de sa proie et posait une question quelconque d’une petite voix timide, en prenant l’air d’un homme qui semblait dire : “Si tu ne m’adoptes pas et ne me réchauffes pas immédiatement, je vais mourir”.

Les femmes fortes n’abandonnent jamais les faibles. Et c’est pour cette raison que Vincent s’est toujours retrouvé dans des conditions confortables, bien au chaud sous une couverture douillette et couché devant la télévision en un temps record. Sur la table, près du canapé, se trouvait une tasse de thé chaud et de la confiture de framboise : cet homme qui avait tellement besoin d’être " sauvé " avait trouvé tout le nécessaire à sa survie Tout allait bien pour Vincent.

Mais c’est là que le chat est entré en scène...

Oui, même les femmes fortes et indépendantes ont parfois des points faibles. Vincent rêvait d’être le seul “défaut” de sa femme, mais son chat tenait à sa place dans l’appartement et dans le cœur de sa propriétaire. Et il n’était pas du tout prêt à lâcher...

En fait, tout allait bien — m’a raconté un jour mon ami. Trois jours après notre rencontre, elle m’a proposé d’emménager chez elle. Tout semblait parfait, mais dès qu’elle a ouvert la porte, j’ai vu ce malin à quatre pattes assis sur le pas-de-porte, en train de me regarder avec ces petits yeux...

La jeune femme prenait grand soin de l’homme qu’elle venait juste d’abriter sous son aile, mais son animal de compagnie occupait lui aussi une place de choix dans sa vie, et depuis plus longtemps. Tous ses désirs étaient immédiatement exécutés. Évidemment, cela commençait à énerver Vincent, et il essayait éperdument de lutter avec le chat, en lui cachant sa nourriture et en l’enfermant dans le placard.

L’animal, quant à lui, se vengeait autant qu’il le pouvait : il pissait dans les chaussures de Vincent et vomissait sa nourriture non digérée directement sur les vêtements du jeune homme... Ensuite, il a commencé à courir dans toute la pièce en déchirant le papier peint et les rideaux, pour éviter la vengeance de Vincent. Cela dit, il n’avait pas à se plaindre : la jeune femme prenait toujours le parti de son chat.

— Tu l’as sûrement regardé de travers, non ?, demandait-elle, en berçant dans ses bras le petit voyou poilu. Mon petit Mistigri est un peu stressé, il réagit immédiatement à toute énergie négative...

Le chat regardait notre héros avec malice et ronronnait dans les bras de sa maîtresse avec un air de pauvre petite victime innocente... Mon ami ne pouvait que grincer des dents de rage, en élaborant les plans de vengeance les plus rusés.

Malheureusement, mon ami a perdu sa bataille et sa place aux côtés de cette femme si pratique. Rien n’a aidé : ni le laxatif mélangé dans le bol du chat, ni la valériane délibérément renversée.

Pendant l’absence de sa propriétaire, il a même emmené le chat à la campagne, mais dès le lendemain, il se trouvait de nouveau devant la porte d’entrée de l’appartement et miaulait : “Je suis de retour !”. Une demi-heure plus tard, c’est le vengeur raté qui s’est retrouvé devant la porte d’entrée avec une valise à la main. L’animal, quant à lui, a retrouvé la place qui lui revenait.

“Les femmes fortes et indépendantes sont formidables”, a alors déclaré Vincent en soupirant et en buvant un autre verre. Si seulement la loi leur interdisait d’avoir des chats... “Elles deviendraient alors inestimables !”.

Que penses-tu de cette petite histoire ? As-tu déjà rencontré des situations où les animaux de compagnie ont sauvé leur propriétaire d’une mauvaise décision ?