L’histoire du réalisateur hollywoodien à l’origine de plus de 50 films, mais dont personne n’a jamais vu le visage

Arts
Il y a 4 ans

La plupart des films d’Alan Smithee ont été des échecs, mais cela ne l’a pas empêché de produire 26 clips musicaux et plus de 50 films. Dans ces derniers, malgré les critiques dévastatrices, d’éminents acteurs hollywoodiens comme Brad Pitt, Al Pacino et Anthony Hopkins n’ont pas trouvé embarrassant d’apparaître. Et malgré son manque apparent de professionnalisme, il a réussi à produire de véritables chefs-d’œuvre. Quel est le secret de ce réalisateur ? C’est simple : il n’a jamais existé !

Sympa a décidé d’enquêter sur l’identité de cet homme fantôme et de comprendre pourquoi il a été introduit dans le monde du cinéma. Qui se cache vraiment sous ce nom ?

“Naissance” d’Alan Smithee

Extrait du film Une poignée de plombs

En 1969, le film Une poignée de plombs sort dans les salles. Pendant le tournage, l’acteur principal Richard Widmark s’est battu avec le réalisateur Robert Totten. Comme personne ne voulait perdre la face, le réalisateur a été démis de ses fonctions presque un an après le début du tournage, et un autre a été engagé pour le remplacer : Don Siegel. Cependant, à la fin du tournage, Siegel ne voulait plus que son nom apparaisse au générique, car Widmark avait soi-disant manipulé ses décisions.

Robert Totten a également refusé de confirmer sa responsabilité, expliquant que son intention originale avait été complètement changée. C’est ainsi que la Director’s Guild of America (Syndicat Américain des Réalisateurs) a pris la décision d’inscrire le nom d’une personne inexistante au générique.

Le nom Al Smith a été suggéré. Cependant, c’était trop simple et trop courant. C’est ainsi qu’est apparu Allen Smithee, devenu plus tard Alan Smithee.

Le réalisateur devient “populaire”

Contrairement aux attentes, le film Une poignée de plombs reçoit des critiques plutôt positives. Le célèbre critique Roger Ebert lui octroie trois étoiles sur 5 et souligne que le réalisateur, Alan Smithee, inconnu de lui, “a révélé l’histoire de manière naturelle” et “ne s’est pas arrêté aux évidences”.

Presque immédiatement, Smithee est crédité d’un autre film, Fade-In (1968), réalisé par Jud Taylor.

Dès lors, les réalisateurs et même les producteurs insatisfaits de leur travail se cachent derrière le pseudonyme “Alan Smithee”. De nombreux films ratés, dont plusieurs dans le genre de l’horreur, sont présentés avec cette signature. Et le prolifique “réalisateur” semble prendre n’importe quelle direction : comédies, drames, science-fiction, action, western et même des films pour adultes.

Qui d’autre s’est caché sous le nom d’Alan Smithee ?

Michael Mann / William Friedkin

Parmi le grand nombre de films d’Alan Smithee, il y a aussi des films à succès. Sous ce pseudonyme sont sortis de nombreux courts métrages qui ont été prolongés ou au contraire coupés pour des compagnies aériennes ou des retransmissions télévisées. Après ces changements, ils ne correspondaient plus tout à fait à la pensée du réalisateur et le nom d’Alan Smithee a donc été inscrit au générique. C’est ainsi que sont sorties les versions du film Rencontre avec Joe Black et Le Temps d’un week-end du réalisateur Martin Brest. De même, le film Hellraiser : Bloodline a fait un nombre d’entrées très honorable en 1996 (le vrai réalisateur était Kevin Yagher).

Parmi les réalisateurs qui ont eu recours à l’utilisation du pseudonyme se trouvaient certains cinéastes déjà talentueux. La version ratée du Dune de David Lynch (1984) est sortie sous ce nom. Sous le même pseudo, des films ont été tournés à différentes époques par des réalisateurs tels que Paul Bogart, Rod Holcomb et Rick Rosenthal. Pour corriger la version des films de Michael Mann, Heat (1995) et Révélations (1999), ce pseudonyme a également été utilisé.

William Friedkin a fait preuve d’une plus grande originalité, puisqu’il a tourné le film La Nurse (1990), mais qu’il l’a signé du nom “Alan Von Smithee” dans une version écrite pour la télévision par câble.

De nombreux autres producteurs, scénaristes, opérateurs, monteurs, réalisateurs, dessinateurs, personnages de jeux vidéo et doubleurs ont fait appel aux généreux services d’Alan.

Déclin artistique du réalisateur prolifique

Voici comment est apparu Alan Smithee dans le film Burn Hollywood burn

Le précieux héritage artistique du mystérieux réalisateur a commencé à intéresser de nombreux amateurs de cinéma. Ils se sont mis à construire une version de l’identité réelle d’Alan Smithee, et ce nom est devenu synonyme d’un film dans lequel quelque chose avait mal tourné. Les œuvres cinématographiques publiées sous son parrainage ont d’abord commencé à être perçues comme des échecs. Certains réalisateurs, malgré l’interdiction de parler de l’utilisation du pseudonyme, en ont parlé publiquement.

Cependant, le coup de grâce pour le réalisateur fantôme a été la sortie du film Burn Hollywood burn en 1998. Ce film a été réalisé dans un faux style documentaire et parle du réalisateur Alan Smithee, qui avait produit un film qu’il considérait comme un échec. Malgré la participation de trois acteurs en vue, Jackie Chan, Whoopi Goldberg et Sylvester Stallone, le film n’a pas séduit le public (avec un budget de 10 millions de dollars, il a à peine récolté plus de 52 000 dollars). Mais le subterfuge “Alan Smithee” a été révélé et il est devenu inutile de se cacher sous ce nom. Ainsi, vers l’an 2000, la carrière artistique du réalisateur a été interrompue une fois pour toutes.

Rencontre avec Joe Black reste l’un des meilleurs films dans lequel le nom d’Alan Smithee figure au générique.

Lesquels des films mentionnés ci-dessus as-tu vus, lequel as-tu le plus aimé et pourquoi ? Nous attendons tes commentaires avec impatience !

Commentaires

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Je pense qu'il doit en avoir d'autres faux réalisateurs dont on ignore tout

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