L’histoire d’un papa dont une simple visite à l’école s’est transformée en une véritable bataille pour son enfant
Élever un enfant n’est pas toujours chose facile : les bêtises constantes, les unes parfois plus terribles que les autres, les problèmes à l’école, les conflits de génération... Cependant, les liens de parenté restent plus forts que tout et, quel que soit le problème survenu, les enfants et leurs parents continuent de s’aimer inconditionnellement et de se soutenir les uns les autres en toutes circonstances.
Chez Sympa, nous avons découvert une histoire touchante qu’un père de famille a décidé de raconter aux internautes et souhaitons, à notre tour, la partager avec nos lecteurs. Tu y découvriras à quel point il est important de rester du côté de ses proches, quelle que soit la situation. Chose que l’on oublie malheureusement parfois de faire.
“- J’ai reçu un appel de la directrice de l’école ! a annoncé ma femme en jetant son sac d’un air fatigué et en s’effondrant sur le banc de notre vestibule.
— Que s’est-il passé ? lui ai-je demandé.
— Ton fils a de nouveau des ennuis !”
Je lui ai souri. Cela fait longtemps que j’ai accepté ce fait : tous les bons traits de caractère de nos enfants viennent d’elle, et tout ce qui est mauvais vient bien évidemment de moi. Mais je n’y résiste pas, car je considère certains de leurs “défauts” comme étant, au contraire, de gros avantages. Je me suis assis à côté de mon épouse et elle posa sa tête sur mon épaule.
“- La Poire a appelé. Elle a dit qu’il a balancé une benne à ordures dans la rue par la fenêtre de l’école !
‘La Poire’, c’est la directrice de l’école : madame Poirier.
— Pourrais-tu y aller à ma place, s’il te plaît ? m’a-t-elle demandé en me lançant un regard plein de tristesse.
— Bien sûr !”
Il s’agissait probablement d’une vengeance. En fait, il y a deux mois, la directrice a commis une grosse erreur en convoquant ma femme à l’école. À l’époque, c’est moi qui suis allé, car la situation était peu commune, voire complètement extraordinaire. Mon fils a voulu créer un feu d’artifice avec les pétards qui lui restaient après la fête de Noël, et il les a donc ramenés en douce pour la soirée qui avait lieu à l’école. Heureusement que les enseignants de service l’ont remarqué à temps et ont confisqué ces pétards. J’étais contrarié, frustré et déçu des actions de mon fils de 15 ans.
À l’époque, madame Poirier m’avait laissé en pâture à la directrice adjointe. Je n’avais d’ailleurs pas tout de suite réalisé avec qui je parlais, car il s’agissait d’une femme petite, pâle, vêtue d’une étrange tenue et qui s’exprimait de manière incohérente.
Après un interrogatoire d’une heure, durant lequel on ne me posait qu’une seule et unique question : “Pouvez-vous imaginer ce qui aurait pu se passer s’il avait allumé ces pétards ?”, j’ai finalement piqué une crise et j’ai moi-même appelé les démineurs à l’école. Bref, la situation s’est déroulée selon un scénario totalement imprévu. Et les choses pareilles ne se pardonnent pas...
Il devait donc s’agir de notre première rencontre avec madame Poirier, car nous ne nous étions pas vus lors de ma première visite à l’école. Vu qu’elle avait convoqué ma femme, elle ignorait que c’est moi qui viendrais et que j’avais donc l’avantage dans cette situation. Mon fils et moi nous sommes dirigés vers le bureau de la directrice. Je l’ai laissé avec la secrétaire et je suis entré dans le bureau.
Là-bas, se trouvaient cinq personnes, dont Zoé Poirier qui se tenait debout. En me voyant, elle s’est fortement étonnée, mais n’a rien laissé paraître et m’a même lancé un sourire froid. Je me suis présenté, elle m’a très gentiment salué et m’a demandé — presque ordonné — d’inviter mon fils à participer à cette discussion.
“- Faites entrer votre fils, s’il vous plaît !
— Pourquoi ? me suis-je étonné.
— Pour que nous puissions entendre ses excuses et pour qu’il nous raconte comment il a bien pu commettre une chose aussi odieuse !”
“- Il n’ira nulle part. Je ne sais pas encore ce qu’il a fait, selon vous, mais tirons d’abord cette situation au clair sans la participation de mon enfant, ai-je annoncé en prenant les choses en main. Je n’aime pas qu’on me dise quoi faire. J’ai déjà entendu sa version de l’histoire, et je voudrais que vous me racontiez maintenant vous-même ce qui s’est passé.
La Poire semblait ne pas m’entendre :
”- Demandez à votre fils d’entrer, s’il vous plaît, et asseyez-vous aussi ! m’a-t-elle dit en me poussant une chaise."
J’ai fermé la porte du bureau, et mon fils est resté avec la secrétaire.
Je connais bien les situations du genre : j’ai déjà dû participer à des “procès” pareils. Depuis lors, je déteste ces réunions et les personnes qui les organisent. La poire était faible, et il vaut mieux ne jamais donner le pouvoir aux personnes du genre. Surtout, s’il s’agit du pouvoir sur les enfants. J’imagine combien de procès du genre ont eu lieu dans son bureau, combien d’enfants brisés en sont sortis et surtout, combien d’enfants y ont été trahis par leurs propres parents.
Je connais bien cette méthode. L’écolier est prié d’entrer dans le bureau du directeur et de se tenir devant tout le monde. Il a déjà été reconnu coupable : cela fait longtemps que le verdict a été rendu par les “poires” du genre. L’intérêt de ces dernières réside non pas dans la justice et l’éducation, mais dans toute autre chose : elles veulent piétiner la personne, la briser et complètement la détruire pour que celle-ci n’ose plus jamais lever la tête contre le système. Il s’agit d’un procès contre une personne qui est encore toute petite et qui n’a pas encore appris à se défendre. Et pour le faire, on invite les parents et on les fait asseoir en face de leur propre enfant. Et c’est là que commence l’interrogatoire. Et après chaque réponse de l’enfant, la directrice regarde les parents dans les yeux.
“- Vous voyez ?! Regardez-le !”
Comment quelqu’un peut-il même penser à faire une chose pareille ?! Et les parents acquiescent tranquillement de la tête. En acceptant, ils commettent une terrible trahison envers leur enfant et le génie maléfique qui se tient à la tête de tout ce procès triomphe alors. Y a-t-il quelque chose d’encore plus douloureux pour un enfant que de voir les personnes qui lui sont les plus chères, l’abandonner et le trahir en public ?
Je ne me suis pas assis sur la chaise proposée par pur principe : je voulais leur montrer que, pour moi, cette affaire ne valait pas un clou et que je n’avais aucune envie de rester assis en leur compagnie pour discuter de mon fils.
"- Vous m’avez convoqué à l’école, lui ai-je dit en la regardant droit dans les yeux. Pourriez-vous m’expliquer la raison de ma présence ?
La Poire s’est perdue et n’a rien trouvé de mieux à faire que de me demander à nouveau d’inviter mon fils dans le bureau. J’ai compris que lui dire quoi que ce soit de plus serait peine perdu et j’ai décidé de m’adresser à quelqu’un d’autre. Je me suis tourné vers la professeure principale et lui ai demandé ce qui s’est passé au juste. Elle a commencé à s’agiter sur sa chaise, puis m’a nerveusement lancé :
— Je lui ai demandé d’aller sortir les poubelles ! Il a refusé et je l’ai enfermé dans la salle de classe ! Et il a jeté les ordures par la fenêtre !
J’ai lancé un regard à toutes les personnes présentes dans la pièce.
— Quel droit avez-vous d’enfermer mon fils dans la salle de classe ?!
L’enseignante s’est mise à cligner des yeux d’un air stupéfait et j’ai commencé à me mettre en colère.
— Pourquoi mon fils doit-il sortir les poubelles à l’école ?! me suis-je exclamé en tournant mon regard vers la poire. C’est une prison ici ? Peut-être devrais-je réunir le comité des parents d’élèves ? Peut-être que vous n’avez pas de femmes de ménage et que quelqu’un d’autre reçoit leurs salaires à leur place ?
— Peut-être devrions-nous tout de même entendre la version de votre fils ?! a finalement déclaré le seul autre homme présent dans la pièce qui essayait probablement de lécher les bottes à la poire. Il était jeune et, comme il s’est avéré plus tard, était candidat au poste de député. Oui, nous connaissons tous des députés du genre...
— Qui êtes-vous ?! lui ai-je demandé.
— Je suis l’enseignant de cette école !
— Qu’avez-vous à voir avec mon fils ?!
Il ne s’attendait vraisemblablement pas à cette question et s’est tu pendant quelques instants ne sachant pas quoi dire.
— Je suis un membre du comité ! Du conseil des enseignants ! a-t-il finalement répondu.
— Invitons donc également mes amis et ceux de mon fils. Ses entraîneurs de l’école de sport, nos voisins... Ce sera mon conseil à moi. Et nous écouterons tout ce qu’ils auront eux aussi à dire."
Le fils de l’auteur de cette histoire de nos jours.
Lorsque tout le monde s’est calmé, je me suis tourné vers la Poire :
“- Vous vouliez organiser un procès ? Aucune chance, n’essayez même pas. Je connais très bien la loi. Même votre loi, celle de l’école, ne vous donne pas le droit d’agir ainsi ! Ne vous comportez pas comme la propriétaire de cet établissement ! Vous avez été engagée pour enseigner aux enfants, faites-le donc ! Je m’occuperai moi-même de l’éducation de mon fils, sans votre aide !”
J’ai claqué la porte. Échec et mat.
J’ai pris mon fils dans les bras et nous sommes rentrés à la maison ensemble.
“- C’est la vie, fiston ! Maintenant, ils essaieront probablement de s’en prendre à toi pour la moindre petite erreur. À cause de leur rancune.
— Je te promets qu’on ne te convoquera plus jamais à l’école !
— Oh, ce n’est pas grave, fiston ! Nous en trouverons une autre...”
Je suis heureux qu’une situation pareille soit arrivée : elle m’a permis de protéger mon enfant et s’est avérée importante pour nous deux. D’ailleurs, mon fils a tenu sa parole : sa mère et moi n’avons plus jamais été convoqués à l’école. Il suffit tout simplement de ne pas trahir son propre enfant et de le protéger. C’est tout.
Sympa publie ce récit avec l’accord de Rustem Sharafislamov, l’auteur et le créateur du groupe “Les personnes inCorrectes”.
Et toi, que penses-tu de cette histoire ? À ton avis, qui a tord dans toute cette situation : le fils, le parent, ou les enseignants ? N’hésite pas à partager ton avis dans les commentaires !