Combien de personnes faut-il pour coloniser Mars ?
De combien de personnes avons-nous besoin pour créer une nouvelle civilisation ? Non pas sur la Terre, mais sur MARS... et dans des conditions limitées. Et si nous créons cette colonie et que nous l’envoyons sur la planète rouge, à quels problèmes sera-t-elle confrontée ? Comment ces gens pourront-ils survivre aussi loin de chez eux, sans aucun soutien ? Une récente étude scientifique apporte un éclairage sur ces questions. Jetons-y un coup d’œil. Mars est la quatrième planète la plus proche du Soleil et la septième du système solaire en termes de taille. La planète rouge ressemble beaucoup à notre Terre. D’ailleurs, avant de devenir un désert sans fin, elle aurait même pu ressembler à la Terre actuelle. Il y a des millions d’années, il y avait de l’eau, des océans, des plantes... Et qui sait ? Peut-être même de la vie. Ne serait-ce pas fantastique de remettre toutes ces choses à leur place ?
Il n’est pas étonnant qu’on parle de colonisation de Mars depuis si longtemps. Aujourd’hui, la société SpaceX affirme que son projet de vaisseau interplanétaire pourrait acheminer 100 personnes sur Mars. Le propriétaire de l’entreprise, le milliardaire Elon Musk, a parlé de créer une flotte qui pourrait fournir un flux constant de ressources vers Mars. Mais quel est le degré de réalisme de tous ces fantasmes ? En réalité, il n’est pas très élevé. Avant d’envoyer des gens sur Mars, il faut résoudre un certain nombre de problèmes : par exemple, l’exposition très forte aux radiations, les sols toxiques, la faible gravité, les basses températures et... toutes sortes d’autres choses plus ou moins désagréables. Et ce n’est que le début ! Il faudra au moins quelques décennies pour créer un véhicule capable d’atterrir sur Mars et d’en revenir. Mais faisons une expérience de pensée et imaginons qu’on décide finalement de coloniser Mars. Comment les choses se passeront-elles ?
Récemment, des scientifiques ont publié une nouvelle étude sur ce sujet. Cette étude s’intitule “Nombre minimum de colons pour survivre sur une autre planète”. Son auteur s’appelle Jean-Marc Salotti, professeur à l’Institut national polytechnique de Bordeaux. Son article a été publié dans la revue Scientific Reports. Comme tu l’as deviné, l’étude cherche à savoir comment on pourrait coloniser une autre planète; de combien de ressources on a besoin, comment cette colonie devrait vivre, quel genre de tâches elle devrait effectuer, et combien de temps cela prendrait. Et, bien sûr, la question centrale, de combien de personnes on a besoin pour tout cela. Essayons de répondre à toutes ces questions. Imaginons que nous soyons entrés dans un avenir merveilleux... Enfin, pas vraiment. Un avenir terrible, en fait. Dans son étude, Salotti suggère que la vie sur Terre est menacée par “un événement catastrophique”. La seule façon pour l’humanité de survivre est donc d’aller sur Mars ou sur une autre planète.
Dans ce scénario imaginaire, malheureusement, l’approvisionnement en provenance de la Terre a été interrompu... Ou a même carrément disparu. La colonie doit maintenant subvenir à ses besoins toute seule, d’une manière ou d’une autre. C’est là qu’on rencontre déjà un certain nombre de problèmes. Par exemple, on ne sait pas si les habitants de la colonie travailleront bien ensemble. Vont-ils communiquer entre eux comme des êtres humains normaux ? Vont-ils partager leur temps et leurs ressources comme il se doit ? Les humains ont cette fâcheuse tendance à gâcher les choses pour les autres humains. C’est même à cause d’eux qu’il a fallu fuir sur Mars. Mais même si on oublie cet élément, qu’en est-il des questions d’organisation ? De quels équipements disposons-nous ? Avec quoi allons-nous extraire les ressources ? De quelles compétences aurons-nous besoin ? Tu sais quoi ? Qui s’en soucie ? Dans notre cas, ces choses n’ont pas d’importance. Tout ce qu’on sait, c’est que la colonie ne dispose pas de beaucoup de ressources et d’équipements initiaux. Et que le facteur humain est absolument imprévisible.
Les chances de survie sont donc assez faibles... Mais il faut survivre d’une manière ou d’une autre. Dans ce cas, Salotti décrit deux choses qui auront un impact énorme sur notre survie. Ces éléments sont en quelque sorte les variables d’une équation mathématique. La première est la disponibilité des ressources locales. Il s’agit essentiellement de l’eau, de l’oxygène et de toutes sortes d’éléments chimiques utiles. Ces ressources doivent pouvoir être extraites d’une façon ou d’une autre et être faciles à utiliser. Heureusement, on ne part pas de zéro : on en sait déjà beaucoup sur Mars. Quelles sont les ressources qui s’y trouvent ? Comment peut-on les utiliser pour le maintien de la vie, l’agriculture et la production industrielle ? La colonie a de la chance, car tout cela a été étudié lors de divers séminaires et publié dans des rapports et des livres au cours des dernières années. Grâce à cela, on sait ce qui sera disponible pour notre colonie. Par exemple, on sait que des gaz peuvent être extraits de l’atmosphère et des minéraux du sol. Sur Mars, on pourrait avoir du fer, du verre et même des composés organiques.
Le problème le plus important est la durée de vie de l’équipement avec lequel nos nouveaux Martiens commencent. Ils devront obtenir autant de matériaux que possible avant que les outils ne se cassent. Les maintenir en bon état sera presque la tâche la plus importante. Le deuxième facteur est la capacité de production, ou la vitesse de travail. On a une liste précise de choses à faire (fabriquer des outils, par exemple), et tout ça doit être fait en quantité suffisante dans les délais impartis. Selon Salotti, l’élément le plus important sera ce qu’on appelle le “facteur de partage”. Imagine une personne qui tente de survivre sur Mars.
Elle devra accomplir toutes les tâches par elle-même. Elle devra trouver ou construire son propre système d’approvisionnement en eau potable, en oxygène et en électricité. On a eu un aperçu de ce que ça peut donner dans le film Seul sur Mars. Ca n’a pas été facile. Il n’y a jamais assez de temps, et c’est trop difficile à gérer pour une seule personne. (À moins d’être Matt Damon, bien sûr). C’est pourquoi on a besoin d’une colonie assez importante, ce qui permet de répartir les tâches de manière significative. Chaque personne dépense moins d’efforts, se fatigue moins et, par conséquent, l’efficacité et la rapidité du travail augmentent. C’est là que le “facteur de partage” entre en jeu.
Il ne nous reste plus qu’à calculer ce nombre de personnes. Si, par exemple, on cherche à construire quelque chose, de combien de personnes a-t-on besoin pour le faire rapidement et efficacement ? Comment peut-on optimiser le travail autant que possible ? Cela dépend des besoins de ces personnes, des ressources disponibles, de facteurs aléatoires comme la météo, etc. Mais en général, ce nombre peut être estimé et calculé à l’aide de certaines fonctions mathématiques. Salotti décrit ces fonctions plus en détail dans son article. Tu peux le lire si ça t’intéresse. Mais pour résumer, il décrit cinq domaines qui doivent être pris en compte lors du calcul de ce nombre. Ces domaines sont les suivants :
— la gestion des écosystèmes,
— la production d’énergie,
— l’industrie,
— les bâtiments,
— et le facteur humain.
Le facteur humain comprend des éléments tels que l’éducation des enfants, les sports, les jeux, la musique, etc. En fin de compte, tout se résume à deux choses : le temps dont on dispose et la qualité de la collaboration entre les membres de la colonie. Mais alors, quel est le résultat de tous ces calculs ?
En fin de compte, Salotti a découvert qu’il faudrait au moins 110 personnes pour survivre sur Mars. C’est le nombre MINIMAL nécessaire pour créer une civilisation autosuffisante. Et il est préférable de ne pas emmener trop de monde non plus. Plus nous serons nombreux à bord du vaisseau spatial, plus il sera difficile de prédire les résultats. Après tout, comme on l’a déjà mentionné, les humains gâchent toujours les choses pour les autres humains, c’est pourquoi il est préférable de s’en tenir à environ 110 personnes. Bien sûr, il s’agit d’une estimation, et il existe un grand nombre d’hypothèses et d’incertitudes... Mais ce chiffre est déjà très utile. Les scientifiques savent désormais quel est le nombre minimum d’habitants pour la colonisation d’une autre planète. C’est une mission très complexe, et il nous faudra beaucoup de temps pour la mener à bien. Il est très peu probable que nous nous envolions vers Mars dans un avenir proche. Cela pourrait prendre plusieurs décennies, voire un siècle. Par conséquent, la meilleure solution serait de faire de notre mieux pour sauver notre Terre, jusqu’à ce que nous puissions commencer à conquérir d’autres planètes.