Comment Zaha Hadid, en laquelle personne ne croyait, est devenue le Mozart de l’architecture
Zaha Hadid, l’une des femmes architectes les plus talentueuses de son temps, était particulièrement bien nommée : en arabe, son nom veut dire “brillante”. Plus jeune, elle a révolutionné le monde de l’architecture avec sa vision hors normes et pendant longtemps, ses projets ont été considérés comme beaucoup trop fous et irréalisables. Pendant 17 ans, elle a ainsi perdu tous ses appels d’offres, et pourtant, elle est ensuite devenue celle qui a complètement bouleversé le monde de l’architecture.
Chez Sympa, nous avons toujours été fascinés par les bâtiments aux formes futuristes de cette grande architecte décédée en 2016. Nous espérons que l’histoire de Zaha t’incitera à réaliser tes idées les plus folles.
La superstar de l’architecture est née en 1950 à Bagdad
Zaha est née dans une famille iranienne plutôt aisée, elle n’est donc pas le genre de célébrité à avoir eu une enfance difficile. Il faut noter qu’elle n’a rien à voir avec les célèbres mannequins Gigi et Bella Hadid, qui sont de simples homonymes, bien que leur père soit aussi lié au secteur du bâtiment.
Initialement, la jeune fille voulait devenir mathématicienne et étudiait même cette discipline à l’université américaine de Beyrouth. Néanmoins, à un moment donné, elle a soudainement compris qu’elle préférait les formes aux mathématiques, et elle a décidé de se concentrer sur l’architecture.
Plus tard, elle s’est rendue à Londres, où elle a fait la connaissance du célèbre architecte néerlandais Rem Koolhaas. Ce dernier a immédiatement remarqué le talent de Zaha et a pris la jeune fille sous son aile.
Le professeur disait que sa jeune recrue était “une planète dans sa propre orbite”. Après qu’elle ait terminé ses études, Rem a proposé à la jeune diplômée de travailler dans son bureau de Rotterdam. Après 3 ans de collaboration, la jeune architecte a décidé qu’elle était prête à commencer sa propre carrière et est retournée à Londres.
Les projets de Zaha, qu’on appelait “l’architecte de papier”, ont été refusés pendant 17 ans
Zaha s’est alors entièrement consacrée au monde de l’architecture et a présenté de nombreux projets, mais ces derniers ont été maintes et maintes fois critiqués. Malgré le grand nombre d’idées et de plans, aucune de ses propositions n’a été réalisée avant les années 90.
Pourtant, ses plans obtenaient la première place dans de nombreux concours internationaux, mais ils ne restaient que sur papier : on les trouvait fous, beaucoup trop fantasques, et irréalisables. La seule chose qu’il lui restait à faire était de travailler sans résultat et de chérir l’espoir d’avoir un jour la possibilité de progresser dans le monde de l’architecture.
Et voilà qu’en 1982, la chance lui a enfin souri : un ses projets a été approuvé. Il s’agissait d’un club de sports au sommet d’une montagne à Hong Kong. Néanmoins, un an plus tard, la construction était annulée, et le projet n’a donc été réalisé que sur papier, une fois encore.
Avec l’argent reçu dans les différents concours, Zaha a décidé d’ouvrir son propre bureau qui, 30 ans plus tard, est devenu un énorme empire. La jeune architecte n’a jamais baissé les bras et, grâce à sa persévérance et à son énorme volonté, elle a continué à créer des projets aussi fous que merveilleux.
Elle a construit son premier bâtiment à 44 ans : il s’agissait d’une caserne
À gauche : l’immeuble d’habitation IBA, à droite : la caserne Vitra.
Le premier projet de Zaha a été réalisé en 1993 : il s’agissait d’une usine minuscule pour l’entreprise de meubles Vitra. Ce bâtiment est devenu une véritable œuvre d’art, ce qui était complètement nouveau pour le monde de l’architecture. Cet édifice avait en effet une forme impressionnante : les dalles de béton étaient courbées et inclinées comme lors d’une danse fantaisiste.
En outre, un autre bâtiment a été construit la même année : l’immeuble d’habitation IBA. À cette époque, Zaha a reçu le soutien de féministes locales pour promouvoir la présence des femmes dans l’architecture moderne d’Allemagne.
Zaha était une fan de Kasimir Malevitch et du constructivisme
Zaha Hadid était une grande fan du travail de Kasimir Malevitch et de toute l’avant-garde russe. Sa thèse universitaire sur un pont habitable sur la Tamise a été nommée en l’honneur de l’artiste : “La tecktonik de Malevitch”.
Logiquement, dans les premiers travaux de Zaha, on discerne des points communs avec le constructivisme russe. Par exemple, en comparant la célèbre caserne Vitra avec les travaux des constructivistes certaines ressemblances deviennent évidentes.
La célèbre architecte a aussi réalisé deux gros projets en Russie. Le premier est la villa futuriste du buisness man Vladislav Doronine, et le deuxième est le centre d’affaires moscovite “Dominion Tower”, créé dans le style avant-gardiste.
Par la suite, Zaha préférera privilégier les styles comme l’avant-gardisme et le futurisme.
Zaha a reçu “l’Oscar” du monde de l’architecture mais aussi des reproches sur la non-fonctionnalité de ses bâtiments
Selon l’architecte, la véritable reconnaissance lui est venue après avoir pris part à la construction du centre d’art contemporain Rosenthal, à Cincinnati. C’est non seulement devenu le premier musée en Amérique à avoir été créé par une femme, mais c’est aussi l’un des bâtiments où l’on voit nettement le style inimitable de Hadid : on dirait que les murs aux angles pointus et aux formes surprenantes rampent les uns sur les autres.
Néanmoins, le véritable triomphe de Zaha a eu lieu en 2004 : suite à son projet de l’Aquatics Center à Londres, elle a reçu le prix Pritzker — ce qui équivaut à un oscar. Elle est devenue la seule femme à avoir reçu ce prix.
Après ça, Zaha est devenue l’une des architectes les plus à la mode et les plus sollicitées au monde, mais ce titre lui a aussi joué un mauvais tour : les critiques ont vite commencé à accuser l’artiste de donner beaucoup trop d’importance à sa liberté d’expression et d’oublier la fonctionnalité des bâtiments.
Par exemple, après la construction de l’Aquatics Center certains spectateurs se sont plaints de ne pas voir ce qui se passait dans la piscine de l’arène à cause du plafond fantaisiste.
Un autre exemple : le MAXXI — musée national des Arts du XXIe siècle à Rome. Les spécialistes l’ont estimé inapproprié à l’exposition d’objets d’art. Le bâtiment est un long labyrinthe sinueux d’un étage et il est très difficile de comprendre quels objets peuvent y être installés et comment. De plus, il est gigantesque, à tel point que même d’énormes peintures s’y perdaient complètement : c’est pour ça que le bâtiment MAXXI est devenu lui-même un monument et non pas un musée.
Néanmoins, les projets de Hadid ne laissaient personne indifférent. Son style est devenu l’un des plus reconnaissable du monde.
La “reine des courbes” : voici comment on appellait Zaha et sa méthode créative
Le journal The Guardian a surnommé Zaha “la reine des courbes”, celle qui a “libéré la géométrie de l’architecture”. Elle a en effet passé toute sa vie à détruire les stéréotypes et les canons en sortant des limites de l’architecture traditionnelle. De plus, elle défiait la géométrie et utilisait une perspective déformée : les courbes se trouvaient au premier plan.
Zaha obtenait presque toujours ce qu’elle souhaitait, ne permettait à personne de douter d’elle, et c’est apparemment pour cette raison que ses incroyables projets, qui semblaient irréalisables de prime abord, ont quand même été tous construits.
Elle expérimentait d’abord chez elle. Le bureau de Zaha Hadid est ainsi devenu l’un des premiers à être passé à une conception paramétrique. Une telle approche permet de traiter d’énormes quantités de données pour former les structures incroyablement compliquées des bâtiments. De plus, elle a aussi beaucoup utilisé le plastique composite pour réaliser ses projets fantastiques aux formes complètement incroyables.
En gros, l’approche de Hadid peut être qualifiée d’artistique. Elle a rejeté le fonctionnalisme et le rationalisme et s’est uniquement fiée à son imagination.
D’année en année, les projets de Zaha devenaient de plus en plus fantaisistes et coûteux
Au début et au milieu des années 2000, Zaha a donné vie à toutes ses idées ambitieuses. Tout le monde connaissait déjà son style artistique, et des imitations ont même commencé à apparaître. Ses bâtiments sont devenus non seulement des édifices occupants de l’espace, mais de véritables œuvres d’art qui sont souvent comparées à des vaisseaux spatiaux de par leur étrangeté.
Chaque projet de Hadid était plus puissant que le précédent, et, bien évidemment, toutes ses idées coûtaient d’énormes sommes d’argent. Par exemple, la construction du complexe multifonctions Dongdaemun Design Plaza à Séoul et du célèbre centre culturel Heydar-Aliyev à Bakou ont coûté des centaines de millions de dollars.
Plus tard, avec la crise de 2008, le temps des économies est venu. Zaha a alors été critiquée, car l’agencement de l’espace dans ses constructions n’était pas assez rentable. Cependant, la superstar de l’architecture a rejeté toutes les accusations et toujours trouvé de nouveaux clients. La crise n’ayant pas touché la Chine ou les pays pétroliers du Moyen-Orient, ces derniers ont continué à pouvoir se permettre de construire les bâtiments les plus chers du monde.
Des projets comme l’hôtel de 40 étages à Macao, l’opéra à Guangzhou, l’université polytechnique de Hong Kong, et le complexe Galaxy SOHO à Pékin sont apparus dans les années 2000.
Les scandales liés à la construction des stades au Qatar et au Japon
Malheureusement, lors des dernières années de vie de Zaha, plusieurs incidents très regrettables sont arrivés dans différents pays. Par exemple, plusieurs ouvriers sont morts lors de la construction d’un stade au Qatar. Le nom de l’architecte a commencé à apparaître dans les médias pour évoquer des affaires problématiques, même si le design du bâtiment en lui-même n’a jamais été remis en cause.
Ensuite, un certain nombre de critiques ont estimé que la forme du stade du Qatar est trop extravagante, voire provocante : certains ont dit que le toit du bâtiment ressemblait à un organe sexuel féminin. L’auteur a expliqué qu’il n’en était rien, puisqu’elle avait été inspirée par le boutre, un voilier arabe traditionnel.
Un autre problème a eu lieu lors de la construction du stade olympique de Tokyo. Le projet semblait beaucoup trop cher : 2 milliards de dollars étaient nécessaires afin de le réaliser. Les médias japonais ont comparé le stade à une tortue de mer qui entraînerait le Japon au fond de l’océan.
Plus tard, le gouvernement a décidé de refuser ce grand projet en faveur d’une option un peu moins coûteuse.
Même après la mort de l’architecte, les projets de Zaha continuent à être réalisés partout dans le monde
Zaha Hadid est décédée à l’âge de 65 ans d’une crise cardiaque dans une clinique de Miami où elle traitait une bronchite. Elle travaillait alors sur un immeuble d’habitation à New York.
L’architecture était le seul amour de Zaha et ses projets ont remplacé une famille. Néanmoins, le travail de cette grande architecte continue de vivre : son collaborateur Patrik Schumacher a pris le relais. Ils travaillaient ensemble depuis 28 ans, et Patrik partage donc entièrement les principes du travail de Zaha. Aujourd’hui, le bureau est en train de réaliser plus de 30 projets inachevés de Hadid et en entreprend de nouveaux. Par exemple, il n’y a pas longtemps s’est achevé le centre culturel artistique International “Meixihu” à Changsha en Chine.
De plus, l’ouverture du plus grand aéroport international du monde a eu lieu cet automne : Pékin-Daxing.
En 2020, une station de métro construite selon le projet de Zaha Hadid sera ouverte dans la capitale de l’Arabie Saoudite. La majeure partie de la station sera en marbre blanc et les murs seront décorés avec des plaques d’or. L’auteur a avoué s’être inspiré des dunes de sable du pays.
Et ce sont loin d’être les seuls projets de la “reine de l’architecture” qui sont encore à venir. Nous pouvons donc être sûrs et certains que le talent de Zaha Hadid continuera d’illuminer notre monde.
As-tu déjà vu les bâtiments de Zaha Hadid de tes propres yeux ? Ou, peut-être, voudrais-tu les visiter ? Dis-nous tout dans les commentaires.