Les parents de différents endroits du monde nous livrent les caractéristiques les plus intéressantes de l’éducation des enfants dans leur pays
Pour découvrir de nouvelles approches éducatives, nous avons décidé de contacter des parents de différents pays et nous leur avons demandé de nous révéler le secrets des méthodes éducatives de leur pays. Nos interlocuteurs ont joyeusement partagé leurs observations et nous ont raconté à quoi ressemblait leur parentalité. Beaucoup des caractéristiques que nous découvrons ne se retrouvent pas dans les livres, ni dans les films, mais elles méritent toute notre attention parce qu'elles font partie de la culture mondiale et contribuent à façonner l'avenir de la société.
Nous partageons aujourd'hui avec toi les moments les plus intéressants des personnes interrogées spécialement par Sympa.
Pays-Bas
Julia, qui vit en Hollande et a une fille, nous a parlé de la vie des enfants de son pays.
Aux Pays-Bas, les enfants sont autorisés à vivre leur enfance comme ils le souhaitent : à sauter dans les flaques d'eau, à courir pieds nus, à se jeter dans le sable et, s'ils en ont envie, à exprimer leur mécontentement dans les lieux publics sans avoir peur des regards désapprobateurs des autres. Tout est permis. Les enfants vivent sans se soucier de quoi que ce soit et apprennent à découvrir le monde à leur propre rythme. Leur mère ne les pousse pas à multiplier les ateliers de développement de la petite enfance avant d'avoir trois ans, par exemple. Le Hollandais dira : "Tout arrive en son heure"
Mais, malgré l'apparente liberté, il est absolument interdit de dépasser les limites fixées par les parents. Un "non" néerlandais est une restriction claire qui ne pourra en aucun cas se transfomer finalement en un "oui" résigné.
Une chose à laquelle tous les parents néerlandais prêtent attention dès la naissance, c'est de familiariser leur bébé avec la natation, de développer leur coordination (en moyenne, les enfants savent y faire du vélo dès l'âge de quatre ans) et de renforcer leur système immunitaire : un minimum de médicaments, beaucoup d'air frais est un procédé pour habituer leur enfant au froid.
Ghana
Natalia Sakado, mère de deux garçons, nous parle de l'attitude envers les enfants dans ce pays.
Au Ghana, très peu de mères peuvent s'offrir le luxe de rester avec leur bébé à la maison après l'accouchement ; dans la majorité des cas, l'enfant reste avec la grand-mère, va à la garderie ou accompagne sa maman au travail, attaché dans son dos.
Ici, toute la famille est prête à travailler dur pour que leur fils ou leur fille puisse recevoir une éducation digne de ce nom. En plus, une fois qu'il ou elle aura grandi, il pourra à leur tour travailler pour subvenir aux besoins de toute sa famille. Les adolescents sont parfois envoyés dans les foyers des membres de la famille les plus aisés, où ils aident au quotidien en échange de la possibilité de rester chez eux et d'étudier, par exemple, à la capitale.
La vie des enfants du Ghana n'est pas à envier. Beaucoup d'entre eux sont privés de la joie de l'enfance et rêvent de grandir au plus vite pour pouvoir faire enfin partie de la "caste privilégiée" des adultes. Et cela n'est pas surprenant pour les raisons suivantes :
- Les châtiments corporels sont encore en vigueur dans de nombreuses écoles.
- Les choses les plus simples, comme les bonbons ou la glace, sont des biens rares, spéciaux, et très enviés.
- Dans de nombreuses familles, le ménage, la vaisselle et d'autres tâches ménagères sont la responsabilité exclusive des enfants. Les gens du pays plaisantent même avec ça : "Nous avons eu un enfant, donc nous allons enfin pouvoir arrêter de faire la vaisselle jusqu'à la fin de nos jours".
Mon fils de deux ans, qui grandit dans un environnement de liberté relative, suscite diverses émotions au sein des résidents locaux : certains le voient avec mépris, d'autres, au contraire, en l'observant, commencent à se poser des questions. Ici, le libre développement des enfants est souvent entravé dans le but de respecter les règles dictées par la société.
Mais il y a aussi des choses que j'aime beaucoup chez les enfants ghanéens : leur respect des adultes, leur zèle, leur indépendance et leur grande motivation pour les études - la seule possibilité pour beaucoup d'entre eux de réussir dans la vie.
Italie
Polina, dont la famille nombreuse et unie vit à Milan, nous a parlé de la vie avec les enfants de ce pays.
Les Italiens sont très attentifs aux problèmes de sécurité, ils soutiennent et contrôlent l'enfant à chaque étape. Mais en même temps, ils sont absolument sereins au sujet de la nourriture. Cela ne les dérange pas du tout que les enfants grignotent des cochonneries, même les pédiatres conseillent de manger du pop-corn pour le goûter, et en cas de mal au ventre, ils prescrivent un demi-verre de coca cola à jeun.
Les problèmes des enfants sont assimilés à ceux des adultes. Jamais on n'entendra des parents italiens dire des phrases du style : "Ne coupe pas la parole aux adultes quand ils parlent !" Ils parlent aux enfants dans un langage simple, réfléchissent avec eux et résolvent leurs problèmes comme ils le feraient avec un adulte. Les professeurs de l'école traitent les enfants avec respect, il n'y a pas d'élèves qui soit punis à faire des heures de colle, il n'y a que des enfants qui aident gentiment à ranger.
Les adultes, qu'on les connaisse ou pas, font en permanence des compliments aux enfants, quelle que soit la raison. C'est pour ça que les enfants ont beaucoup confiance en eux et savent qu'ils trouveront toujours le soutien de ceux qui sont à leurs côtés.
Il n'y a que très peu d'agressivité dans la société. Les bagarres entre écoliers sont très rares. Il n'y a pas vraiment de notion de "revanche". En voyant un bébé, les adolescents diront toujours : "Ciao ! "("Bonjour") et ils te demanderont son nom et son âge. Un garçon de 15 ans sera content de jouer dans la rue avec un autre enfant même plus petit que lui.
Syrie
Ekaterina, qui est revenue de Damas en Russie, nous raconte comment sont élevés les enfants en Syrie.
Dans les familles syriennes, on attend anxieusement l'arrivée d'héritiers masculins, qui prendront soin de toute la famille dans le futur. C'est pourquoi, s'ils ont une fille, les familles continueront à avoir des enfants jusqu'à ce qu'ils aient un garçon.
Avant l'école, la norme est que les enfants restent avec leur mère. Pendant l'année scolaire, ils étudient habituellement selon le programme (peu de gens peuvent se payer des tuteurs et des ateliers pour les plus jeunes). Quand ils n'ont pas école, les garçons aident leur père au travail en effectuant les corvées qu'on leur demande (la valeur de ce type de travail leur est inculquée dès la naissance), et les filles restent avec leur mère, prenant part aux tâches ménagères.
Lorsqu'ils grandissent, la majorité des garçons vont exercer le métier de leur père. Bien sûr, il y en a quelques-uns qui vont étudier la médecine ou partent rejoindre l'armée à l'étranger (avant la guerre, la plupart des Syriens étudiaient en URSS et dans la Fédération de Russie), mais cela reste relativement cher, donc ce n'est pas monnaie courante.
En général, comme le dit mon mari syrien : les enfants vivent selon les horaires de leurs parents, personne ne s'adapte à eux et on ne se soucie pas de s'adapter à l'emploi du temps de leur journée.
Égypte
Raiana, une journaliste dont la famille habite au Caire, nous parle de l'attitude des Égyptiens envers les enfants.
En Égypte, les enfants font l'objet d'un culte universel, indépendamment de leur âge et de leur sexe. Où que vous alliez avec un enfant, vous serez toujours les bienvenus. Si l'enfant se met à pleurer, les Égyptiens sourient, ils essaient de calmer le bébé et ils ne te feront jamais de reproches, même si tu es dans un restaurant, dans un jardin public ou dans les transports en commun.
Certains expatriés considèrent ces expressions d'amour comme une violation des limites personnelles, mais la plupart des mères se sentent libres et en sécurité où qu'elles aillent avec leurs enfants. Elles sont parfois un peu trop décontractées et ne disent rien à leurs enfants, même dans des situations où elles devraient certainement intervenir.
Si on me demande comment sont les mères égyptiennes, je dirais qu'elles sont plutôt cool. Elles n'ont pas peur des caprices de leurs enfants, ne se précipitent pas à l'hôpital dès le premier éternuement, ne lisent pas des montagnes de bouquins et se fient à leur propre instinct. D'ailleurs, elles donnent à leurs enfants et dès leur plus jeune âge, des frites et du Coca-Cola, ce qui continue de me surprendre.
Mais malgré cela, je suis impressionnée par la capacité qu'ont les mères égyptiennes de lâcher prise, de garder leur calme et leur confiance en elles. Ce sont des choses que j'aimerais bien qu'elles m'apprennent.
Afrique du Sud
Kate Kotenkova, dont la famille vit à Johannesburg, nous parle de la vie de la plus jeune génération d'Afrique du Sud.
Beaucoup d'enfants sud-africains ont un très bon système immunitaire, puisque dès qu'ils savent marcher, ils courent partout pieds nus (en commençant par l'herbe tout près de la maison et en allant jusqu'aux carrelages froids des centres commerciaux), et ce, en toutes saisons.
Ici, les enfants sont considérés comme des membres ordinaires de la société, ils ne sont pas surprotégés et leurs intérêts ne sont pas prioritaires. Tous les membres de la famille jouent un rôle très important dans l'éducation des enfants et peuvent intervenir dans les affaires familiales des uns et des autres. Personne ne leur demande l'impossible : ils passent leurs journées à jouer et à étudier.
Justement, en ce qui concerne les études, les dépenses liées à l'éducation des enfants constituent souvent la plus grosse part de toutes les dépenses de la famille. Les écoles publiques et les crèches sont payantes, les écoles privées sont aussi payantes, mais encore plus chères. Les familles pauvres ne réalisent pas toutes l'importance de l'éducation, leurs enfants préfèrent commencer à gagner de l'argent le plus tôt possible. On les trouve souvent en train de faire la manche dans la rue pendant les heures d'école.
Malaisie et Norvège
C'est Daria, dont la famille a quitté le doux climat de la Malaisie pour les neiges de Norvège, qui nous a parlé de ces pays.
En Malaisie, il y a des crèches publiques et gratuites mais aussi des privées. Les écoles maternelles privées sont divisées en écoles maternelles locales et internationales. Mes enfants sont allés dans un établissement privé local.
Le système éducatif entier repose sur l'étude à outrance : les enfants de trois ans ont de nombreux livres et ils ont beaucoup de devoirs. En maternelle, les enfants font tous les jours des mathématiques, du dessin, de l'anglais et du malais. En option, ils peuvent apprendre le mandarin. Les enfants des familles musulmanes sont tenus de suivre des cours d'éducation religieuse.
Les écoles norvégiennes sont complètement différentes.
Il n'y a pas de cours pendant lesquels les enfants doivent rester assis derrière un bureau. Les enfants sont libres de choisir : il y a une zone Lego avec beaucoup de possibilités différentes,magnétiques, avec Velcros, etc. Il y a du papier et des crayons, des jouets en peluche, des ustensiles de cuisine : tout est à portée de main, et c'est l'enfant qui choisit ce qu'il a envie de faire.
Une salle séparée est dédiée à l'étude de l'environnement. Elle contient tout ce dont on peut avoir besoin : microscopes, loupes, pinces et bocaux. Il y a aussi une salle pour les jeux de rôle : un hôpital, un magasin, etc. Il y a une salle spéciale pour les travaux manuels dans laquelle il y a de la colle, du fil, du papier coloré, des paillettes et ce que préfèrent tous les enfants de 5 ans : du Pyssla.
Par tous les temps, ils sortent se promener deux fois par jour. En été, toutes les activités se font à l'extérieur, y compris le déjeuner. Une fois par semaine, ils font une promenade dans la forêt avec un thermos de chocolat chaud et de bons petits sandwiches.
Les écoles ne sont pas gratuites, mais le prix est fixé en fonction du nombre de jours de présence des enfants. Elles sont ouvertes de 6h45 à 17h00.
Sri Lanka
Katya Tsoylik, qui vit sur l'île, nous a parlé de l'approche du Sri Lanka en matière d'éducation des enfants.
Au Sri Lanka, il y a un vrai culte des enfants, alors si tu y vas, attends-toi à ce que les Sri Lankais pincent les joues de ton enfant, embrassent ses mains et lui offrent des friandises, et tout cela, sans te demander la permission.
Traditionnellement, les familles des villages ont beaucoup d'enfants. Trois, c'est peu, cinq ou sept, c'est mieux. Les enfants apprennent les concepts de la famille dès leur plus jeune âge, de sorte qu'ils grandissent très unis les uns aux autres. Ici, personne n'est pressé, les enfants commencent à se charger des tâches ménagères petit à petit, dès l'âge de sept ans soit quand ils commencent à aller à l'école.
De quatre à sept ans, presque tous les enfants de notre village vont à "l'atelier Montessori" : une sorte d'école dans les monastères, dans laquelle, bien évidemment, personne ne suit la méthode Montessori, mais les enfants chantent, dessinent, dansent, et tous les six mois, ils préparent des spectacles ce ce qu'ils ont appris pour l'ensemble des habitants du village.
Les enfants commencent à porter un uniforme au moment où ils entrent à la maternelle, et leur couleur varie selon l'âge et l'établissement scolaire. Les coiffures font partie de l'uniforme des filles : elles vont à la crèche avec deux couettes, et à l'école avec deux tresses attachées avec des rubans rouges.
En ce qui concerne le taux de scolarisation, le Sri Lanka se classe au deuxième rang en Asie. Dès la naissance, les parents commencent à épargner pour l'éducation de leurs enfants, bien que les universités et les collèges soient gratuits pour les citoyens. Mais pour entrer à l'université, il faut passer un examen d'entrée très difficile, c'est pourquoi les enfants commencent à se préparer à l'admission depuis l'âge de 12 ans.
La façon dont les filles sont éduquées est un peu plus restreinte que celle des garçons. On leur enseigne qu'elles ne doivent pas rivaliser avec les hommes, que chacun a sa place et son rôle à jouer dans la vie, et je crois qu'il y a une pointe de vérité là-dedans.
Je prends de la culture sri lankaise ce qui me semble raisonnable, je fais un mélange de ces coutumes, je les mets un peu à ma sauce et je les sers avec des fruits frais sur la table de mes enfants. Et je pense que c'est comme ça que tout fonctionne bien.
Le monde est si grand, mais dans tous les recoins de la planète, il y a des parents qui savent exactement comment élever un enfant afin qu'il soit heureux. La plupart des parents sont prêts à faire tout leur possible pour y parvenir.