Nous Savons Maintenant Comment les Géants de l’Île de Pâques ont été Déplacés
Les têtes géantes de l’île de Pâques sont si populaires qu’elles ont même leur propre émoji. Leur véritable fonction demeure un mystère depuis des siècles, mais il semblerait qu’on ait enfin découvert comment ils ont été érigés et amenés à leur emplacement actuel. Les statues Moaï sont composées de trois parties : un grand corps jaune, un chapeau rouge : le pukao, et des yeux blancs à l’iris fait de corail. Environ un millier d’entre elles ont été sculptées. Les corps principaux de la plupart des statues ont été fabriqués à partir de tuf volcanique, provenant d’une carrière locale située dans ce qui était autrefois un volcan. Ce matériau est facile à modeler, mais il n’est pas simple à transporter. C’est probablement la raison pour laquelle les chercheurs ont retrouvé plus de 300 Moaï inachevés dans cette carrière. Les autres se dressent à divers endroits, face aux villages, comme s’ils veillaient sur les habitants.
Il semble donc que les statues aient été sculptées sur le dos. Ensuite, leurs créateurs les ont détachées de la roche, les ont acheminées vers le bas de la pente et les ont placées en position verticale pour terminer le travail. Une fois la tâche accomplie, il était temps de placer la statue sur sa plate-forme. Si tu as déjà pris part à un déménagement, tu sais à quel point cela peut être éreintant... Imagine donc qu’il faille déplacer une statue pesant environ la moitié du poids d’une maison, soit environ 80 tonnes, sans voiture ni équipement moderne, et ce sur une distance de 5 kilomètres. Les locaux ont dû inventer une méthode originale pour y parvenir, et les chercheurs modernes ont essayé de la reproduire pour deviner de quoi il retournait. Ils ont essayé de traîner des répliques de Moaï sur des traîneaux en bois. On a d’abord imaginé que les habitants de l’île auraient pu utiliser des palmiers à cette fin, mais cette théorie a été réfutée. L’expérience la plus réussie jusqu’à présent a consisté à utiliser des cordes pour faire basculer la statue en position debout le long de la route. Cette méthode semble crédible car les légendes locales de Rapa Nui mentionnent que les Moaï auraient simplement marché depuis la carrière.
Et, bien sûr, ils avaient besoin d’une bonne route pour parvenir à bon port. Au début du XX siècle, la chercheuse Katherine Routledge a identifié un réseau routier vieux de 800 ans sur l’île. Il s’agissait d’un ensemble de sentiers d’environ 5 mètres de large qui partaient tous de la carrière. Elle a d’abord pensé que ces routes remplissaient une fonction cérémonielle et n’avaient pas été construites uniquement pour les statues. Comme elle n’était pas encore une scientifique de renom, ses collègues se sont contentés d’ignorer sa théorie. Plusieurs décennies plus tard, le célèbre aventurier et archéologue norvégien Thor Heyerdahl a publié sa propre théorie. Il a suggéré que ces routes avaient été construites exclusivement pour transporter les Moaï, et que certaines statues avaient été laissées le long du chemin pour une raison ou une autre... Mais en 2010, d’autres chercheurs ont découvert que ces statues n’avaient pas été déposées au hasard. Elles avaient en fait atteint leur destination finale car elles reposaient toutes sur des plates-formes enfouies.
De plus, la route se présentait comme un fossé, il n’aurait donc pas été facile d’y tirer des statues massives. Il est encore possible de distinguer environ 25 kilomètres de ces sentiers à travers l’île et de les observer sur les images satellites. Il semble que Katherine Routledge ait vu juste : ces routes ont probablement été construites pour les pèlerins qui se rendaient au volcan sacré, et les Moaï qui les bordaient étaient en quelque sorte des bornes d’indication. À l’autre bout du monde, dans le sud de l’Angleterre, se trouve un autre mystère fait de pierre. Illusion sonore massive, symbole d’unité, nécropole ou autre, les scientifiques débattent encore de la raison d’être de Stonehenge. Il aura fallu environ 1 500 ans aux bâtisseurs néolithiques pour ériger cette merveille, composée d’une centaine de menhirs dressés en cercle. Des millions de touristes viennent l’admirer chaque année, et les défenseurs du patrimoine s’inquiètent de la route moderne qui serpente maintenant à proximité du site.
Cette route moderne est aujourd’hui enfoncée dans le sol, sous le niveau de l’herbe. Et même si les archéologues pensaient pouvoir trouver une route plus ancienne en dessous, ils n’entretenaient que de minces espoirs. Mais en retirant une couche d’asphalte, ils ont remarqué deux fossés parallèles qui étaient presque perpendiculaires à la route. Ces fossés reliaient des sections raccourcies d’une plus grande avenue — c’est ce que les archéologues appellent l’ancien sentier menant à Stonehenge. Il prouve que les anciens celtes se rendaient au monument, probablement pour des besoins rituels. Une autre découverte intéressante, faite au cours d’un été particulièrement sec, a été la présence de trois marques dépourvues de végétation à l’intérieur du cercle de pierres. Il semble qu’elles aient été laissées par trois rochers massifs. Stonehenge aurait donc pu être un cercle complet à une certaine époque...
En 2021, des archéologues ont découvert une voie romaine submergée dans la lagune vénitienne. Le fait qu’elle repose au fond des eaux sur près de 1 200 mètres prouve que les Romains étaient présents avant que le niveau de la mer ne monte et n’inonde la région. Cela confirme la théorie selon laquelle une importante colonie se serait trouvée ici, de nombreux siècles avant que Venise ne soit fondée à cet emplacement au Ve siècle de notre ère. Les Romains de l’Antiquité étaient doués pour de nombreuses choses, dont la construction de routes. Et il semble qu’ils n’aient pas craint de travailler sur les terrains les plus difficiles. Les scanners ont révélé que la route antique avait été construite directement sur la plage, ce qui aurait nécessité de sérieuses compétences.
Maintenant, imagine un village vieux de plus de mille ans, et comme figé dans le temps. On y trouve encore de la nourriture à moitié mangée sur les tables et des effets personnels abandonnés dans la précipitation. Si tout cela est si bien préservé, c’est grâce aux cendres volcaniques qui le recouvrent. Des chercheurs ont découvert ce village en 2011, dans l’actuel Salvador. Ils pensent qu’une grande célébration aurait eu lieu il y a plus de 1 400 ans, dans un village maya du nom de Ceren. Tout les habitants étaient présents, à orner le temple principal en vue du grand rituel, lorsqu’un volcan voisin est entré en éruption. Les quelque 200 villageois n’ont pas eu le temps de rentrer chez eux. Pour sauver leur vie, ils ont dû prendre la fuite et se réfugier au sud, sur une route de style maya surélevée appelée le sacbé. Ils sont parvenus à échapper aux panaches de cendres volcaniques. En plus de contribuer à sauver tout le monde, la route présentait une autre caractéristique intéressante. Tous les sacbé sont recouverts d’une couche de pierres, laquelle est faite de cendres... Ironique, n’est-ce pas ? Cela prouve que les Mayas n’utilisaient pas que des pierres pour construire leurs routes.
Des archéologues ont découvert plusieurs pièces de monnaie à Jérusalem lors de l’excavation d’une ancienne rue. En voyant la date de leur frappe, ils ont compris que la route avait été construite à l’époque où Ponce Pilate était le gouverneur romain de Judée. En tant qu’administrateur local, il est presque certain que c’est lui qui a ordonné la construction de cette route. Les pèlerins l’empruntaient probablement pour se rendre sur le Mont du Temple afin d’y célébrer leur culte. Ce chemin, construit avec plus de 10 000 tonnes de calcaire, était presque aussi large qu’un autobus est long, soit près de 8 mètres. Il se trouve là depuis deux mille ans. Il n’est pas courant de découvrir une route ancienne aussi finement ouvragée, et on ne sait pas très bien pourquoi un gouverneur romain aurait dépensé autant d’argent pour celle-ci. Il s’agissait probablement d’une tentative visant à s’attirer les grâces de la population locale. En outre, c’était un excellent moyen d’exhiber la richesse et le pouvoir de Rome.
L’Old North Trail est une ancienne route que les habitants d’Amérique du Nord ont empruntée pendant 10 000 ans, d’abord à pied, puis avec des chiens, et enfin avec des chevaux. Les premiers voyageurs se déplaçaient à travers le continent en empruntant ses chemins sur des milliers de kilomètres bien avant l’arrivée des premiers Européens, et ce même pendant la dernière période glaciaire. Ils s’en servaient pour transporter des marchandises, explorer, rendre visite à des parents, ou encore trouver un partenaire. Les chercheurs ne cessent de retrouver des preuves de la véracité des légendes des Indiens Pieds-Noirs à propos de cette piste. Il pourrait même s’agir de la route qui a servi à l’une des plus grandes migrations humaines de l’Histoire ! Les peuples qui ont traversé le pont de Béringie depuis l’Asie il y a environ 15 000 ans et se sont installés en Amérique du Nord pourraient avoir emprunté ce corridor libre de glace le long des Rocheuses, qui est devenu plus tard une partie de la piste.
La route Nakasendo a été construite au XVIIe siècle, pendant la période Edo de l’histoire japonaise, afin de relier Kyoto à Tokyo. Longue de 500 kilomètres, elle traverse des chaînes de montagnes et redescend dans la plaine. C’était l’une des cinq routes principales utilisées par les seigneurs féodaux et leurs suites pour se rendre à la capitale. On comptait 69 relais de poste le long de la route où les voyageurs pouvaient passer la nuit. Elle a été construite pour les piétons et les chevaux, car les Japonais n’utilisaient pas encore de calèches. Il est d’ailleurs encore possible d’en parcourir certaines sections à pied.