Pourquoi la phrase “Les hommes ne pleurent pas” est passée de mode et pourquoi les garçons doivent impérativement apprendre à exprimer leurs émotions ?
On dit que les hommes ne pleurent pas, mais qu’ils arrosent leur barbe. En réalité, cette blague cache un grave problème social. Dans la société moderne, il est parfois nécessaire d’expliquer pourquoi les hommes peuvent exprimer leurs émotions et pleurer librement. Tous ces postulats désuets du type “Les hommes ne pleurent pas” ou “Sois fort, tu es un homme !” ont gâché la vie de plusieurs générations. Et il semblerait que le moment soit venu d’abandonner définitivement ces stéréotypes...
La rédaction de Sympa a décidé de comprendre pourquoi les hommes doivent aussi avoir le droit de montrer leurs vrais sentiments !
Plus un enfant éprouve d’émotions,
moins il sera indifférent à l’âge adulte
En principe, les enfants sont plus émotifs que les adultes, et avant même qu’ils n’apprennent à parler, ils ont besoin de savoir exprimer leurs émotions pour que les adultes les comprennent. Pour cette raison, il ne faut pas apprendre aux bambins à contenir leurs sentiments. Les experts disent que dès le plus jeune âge, les garçons doivent apprendre à ressentir toute la gamme d’émotions allant de la joie à la tristesse.
Notre sensibilité et notre capacité d’empathie sont deux choses qui nous rendent humains. Il faut donc arrêter de dire aux enfants que pleurer est un signe de faiblesse. En réalité, les larmes sont une réaction saine à l’agacement. En outre, les larmes permettent d’exprimer de nombreuses émotions : la honte, la culpabilité, la douleur, la gratitude, la compassion, et même la joie. En privant l’enfant de la possibilité de pleurer, les adultes l’empêchent de mûrir émotionnellement.
En grandissant, l’homme peut oublier comment exprimer ses sentiments et adoptera un comportement passif-agressif
Les normes sociétales pèsent sur les hommes et leur interdisent d’être vulnérables. Le fait que les sentiments ont le droit d’exister est toujours remis en question. De peur d’être jugés, de nombreux hommes n’arrivent tout simplement pas à exprimer ce qu’ils ont sur le cœur. Au final, on se retrouve avec des gars auxquels on n’arrive pas à arracher un “je t’aime” supplémentaire.
Si l’on croit les données d’une recherche qui s’est déroulée sur plusieurs années, au cours des trois dernières décennies, le niveau de notre empathie a diminué presque de moitié. L’attitude de la société, qui affirme qu’un homme doit être bourru, car c’est plus viril, a joué un grand rôle dans cette forte diminution.
Mais en réalité, les femmes et les hommes ressentent les mêmes émotions et font face à des problèmes similaires. Seuls les hommes se sentent obligés de cacher leur dépression et leur anxiété derrière une façade constituée de comportements passifs-agressifs, de colère et de sarcasme.
Il se trouve que les larmes soulagent et “emmènent” le stress avec elles. Donc si on se prive de cette possibilité de se libérer, alors le corps recherchera d’autres moyens d’évacuer les sentiments négatifs. Par conséquent, c’est l’entourage qui souffrira des réactions masculines inappropriées.
Le fait de retenir ses larmes mène droit à la dépression
et à la solitude
Dans son livre Crying — The Natural & Cultural History of Tears (Les pleurs — l’histoire naturelle et culturelle des larmes, en français), Tom Lutz explique qu’il existe deux catégories d’êtres humains : les “pleurnicheurs” et les “personnes aux yeux secs”. Les premiers n’ont pas honte de laisser libre cours à leurs émotions, les seconds méprisent les larmes, car ils y voient un moyen de manipulation.
En réalité, cette vision dédaigneuse des pleurs est une façon de se renfermer sur soi-même et de se protéger des sentiments forts. En d’autres termes, le cerveau considère ces émotions comme indésirables. On parle alors d’inhibition émotionnelle (alexithymie). Dans ce cas, l’individu peut complètement oublier comment pleurer. Les conséquences de ce trouble sont le sentiment d’accablement, la réticence à échanger avec ses proches, l’apathie, l’ennui chronique et la dépression. En outre, les personnes qui sont dans cet état ont des difficultés à construire une relation amoureuse. En effet, une personne qui garde pour elle toutes ses émotions aura beaucoup de difficultés à comprendre et interpréter correctement celles d’une autre personne.
Le fait de dominer ses émotions peut causer des maladies
Il ne faut jamais garder en soi ce qui nous trouble, il faut se libérer et faire évacuer les sentiments négatifs. S’interdire des émotions fortes entraîne non seulement des problèmes psycho-émotionnels, mais aussi une dégradation de la santé physique. En réalité, pleurer un bon coup, c’est important !
Les larmes et le soulagement émotionnel qu’elles procurent peuvent protéger le cœur, baisser la tension, et même réduire le risque de cancer. Un état de stress constant comporte un immense risque : à notre époque, les crises cardiaques touchent de plus en plus souvent les hommes de 40-45 ans. Et même, en général, l’espérance de vie des hommes est plus faible que celle des femmes.
La masculinité bourrue et virile tombe en désuétude
Heureusement, la société moderne commence à faire preuve de tolérance et détruit progressivement les stéréotypes que les hommes étaient contraints de suivre. Aujourd’hui, on imagine une masculinité inclusive. La neutralité de genre est une nouvelle tendance qui permet aux hommes de se montrer tels qu’ils sont vraiment, y compris faibles et vulnérables.
Récemment, un débat enflammé a eu lieu sur Twitter à propos de la masculinité toxique qui affecte négativement la vie des hommes. Beaucoup de mecs ne veulent pas devoir ressembler à ce cliché obsolète : un homme brutal, dépourvu d’émotions, qui doit toujours faire preuve de force et de rigidité.
On est tous des êtres humains, et au cours de notre vie, on est amené à ressentir diverses émotions. Il n’y a pas si longtemps, les hommes qui n’avaient pas honte d’exprimer ouvertement leurs sentiments ou de montrer leur amour étaient qualifiés d’efféminés. Et pourtant, ce sont ces gars-là, qui font les meilleurs maris et les meilleurs papas. Ils sont tendres, aimants, attentionnés et ouverts d’esprit.
La réaction de la société face aux larmes masculines
Si on fouille un peu sur internet, on trouve une tonne d’histoires liées à la façon dont la société perçoit les petits garçons qui expriment des émotions fortes. Et il semblerait que de nombreuses personnes continuent à réagir négativement aux larmes et aux plaintes des futurs hommes.
Récemment, une infirmière américaine, Lyra Balearica, a partagé un statut sur Facebook où elle expliquait qu’il était important de donner aux garçons la possibilité d’exprimer n’importe quelle émotion. Son statut a été commenté à de nombreuses reprises et a même été au centre de l’attention de plusieurs médias. Voilà ce que Lyra a écrit :
Ensuite, la jeune femme a abouti à cette conclusion :
Souvent, ces règles tacites poussent les enfants à ne pas pleurer devant les autres. Sur les réseaux, beaucoup de parents partagent les histoires sur la façon dont leurs gamins retiennent les larmes pour ne pas être taxés de faibles.
L’autre jour, mon fils est rentré après avoir passé l’après-midi dehors. Son genou était en sang, sa peau était déchiquetée avec des bouts qui pendaient par-ci, par-là. Le sang ruisselait le long de sa jambe jusqu’à sa basket. Mon fils était sale, mais il faisait le fier. Son copain Axel l’accompagnait, une sorte de soutien psychologique.
— Waouh ! C’est magnifique, ça ! Pourquoi est-ce que tu as frotté ton genou contre l’asphalte ? Ça doit faire ultra mal, non ?
— Mais non ! N’importe quoi, maman ! Ça pique un peu, c’est tout !
— Bon, allez, file dans la salle de bains, on va tout nettoyer et mettre un coup de désinfectant.
On est entrés dans la salle de bains, j’ai ouvert l’eau et mon fiston m’a chuchoté à l’oreille :
— Maman, dis à Axel de m’attendre dehors, je le rejoindrai après.
Je suis sortie, j’ai raccompagné le petit camarade. Et dès que je suis revenue voir mon fils, il s’est mis à pleurer, si lamentablement et avec tellement de souffrance, que j’ai même pris peur.
— Fiston, bah alors ? Qu’est-ce qui se passe ?
— Ça fait trop mal ! J’avais trop envie de pleurer, mais je me suis retenu devant les mecs : je suis un homme, et les hommes ne pleurent pas !
Comment montrer à un garçon que les émotions sont une chose tout à fait normale :
- Dès le plus jeune âge, il est important de montrer au garçon qu’il n’y a pas de sentiment inadéquat et que tu respectes toutes ses émotions.
- Lisez des livres ensemble. En lisant à haute voix, tu mets plus d’émotions dans cette activité. Cela aidera le petit à apprendre à faire preuve d’empathie envers les autres et de voir les situations autrement.
- L’enfant doit être sûr de pouvoir compter sur toi à tout moment, l’opinion des autres sera alors moins importante pour lui.
- Montre l’exemple au garçon : n’aie pas peur d’être sensible et ouvert.
- Ne lui interdis pas de se lamenter et de pleurer. Mais en même temps, ne fais pas pression sur lui et n’exige pas une réaction particulière. Forcer le garçon à sangloter et lui dire qu’il a “besoin de pleurer un bon coup” n’est pas non plus la bonne solution. Il faut que tu sois là pour lui et que tu lui montres que tu es prêt à l’aider s’il te le demande.
- Et le plus important pour n’importe quel enfant est d’avoir le soutien de ses proches, il doit pouvoir compter sur eux à tout moment et trouver en eux un soutien émotionnel.
Et toi, que penses-tu du postulat “Les hommes ne pleurent pas” ? Est-ce que la société moderne est devenue plus tolérante en ce qui concerne les hommes qui expriment leurs émotions ? N’hésite pas à nous donner ton avis et à nous faire part de ton expérience dans les commentaires !