Merci pour les explications
Nous t’expliquons la fin de 14 films qui ont semé la confusion chez les spectateurs
La série Twin Peaks nous a appris que “les hiboux ne sont pas ce qu’ils semblent être”. De la même façon, notre vision de certains films peut changer lorsque l’on comprend le sens véritable de leur fin.
Chez Sympa, nous avons vu plusieurs films dont le sens ne peut être compris qu’à l’aide des indices laissés par le réalisateur, et aujourd’hui nous souhaitons t’expliquer leur fin parfois complexe et ouverte à l’interprétation. Attention : cet article contient des spoilers.... et un bonus final !
Mulholland Drive (2001)
C’est l’un des rares projets de David Lynch qui a une fin fermée. Toutefois, elle est si difficile à comprendre que le réalisateur a ajouté 10 indices au DVD officiel ; mais même à l’aide de ces indices, le film reste difficile à suivre.
Cette œuvre met en scène l’un des thèmes préférés de Lynch, à savoir la cohabitation entre deux mondes, et l’intrigue est divisée en deux parties. Grâce aux fameux indices laissés par le réalisateur, on comprend que dans l’univers réel, Diane a ordonné le meurtre de son amie Camilla, et une fois qu’elle réalise ce qu’elle a fait, elle se suicide. En même temps, Betty/Diane a une excellente relation avec Rita/Camilla. La première partie du film est donc le rêve de Diane (dans lequel elle est Betty), et la seconde partie est la réalité.
Si tu regardes de nouveau ce film, observe deux détails en particulier : premièrement, la clé bleue est le signal du tueur que l’ordre a été exécuté ; lorsque Betty la voit, elle se rend compte qu’elle ne pourra pas vivre avec ce poids sur la conscience. Et deuxièmement, la scène du théâtre “Silencio” est le moment où il devient évident que ce qui se passe n’est qu’un rêve.
Le Fabuleux Destin d’Amélie Poulain (2001)
L’histoire de cette étrange jeune femme, racontée par Jean-Pierre Jeunet, a conquis le cœur des spectateurs du monde entier grâce à sa candeur. Mais tout n’est pas si simple et naïf : le film est ponctué de messages subliminaux ; il décrit l’initiation d’Amélie, la crise qui y est associée et les moyens de s’en sortir.
L’initiation est ici une transition psychologique de l’état de fille à celui de femme. Enfant, Amélie ne reçoit ni soutien ni attention de ses parents, après quoi elle passe beaucoup de temps à vivre dans le monde de ses fantasmes, qui l’aident à sortir de sa crise.
Enemy (2013)
Par un bref discours au nom du protagoniste, Denis Villeneuve nous a révélé tout le sens de son film. Anthony est malheureux dans son mariage avec Helen : les femmes qui hantent ses pensées ont tissé une toile dont il cherche à sortir de temps en temps en trompant sa partenaire.
Adam est le côté obscur d’Anthony, qui trompe sa femme avec Mary. En fait, le personnage principal veut tout avoir : être un bon mari et rester avec sa maîtresse. Or c’est impossible, c’est pourquoi son double meurt symboliquement dans un accident avec sa maîtresse.
Finalement, bien qu’Anthony reste avec Helen, il se rend compte que tout va se reproduire. Sa femme le comprend également et apparaît donc devant lui sous la forme d’une araignée géante. L’ennemi du personnage principal n’est autre que lui-même, avec sa nature et ses désirs irrépressibles.
The Fountain (2006)
Réalisé par Darren Aronofsky, ce film suit le cours des relations croisées entre trois personnages, au travers desquelles le message principal peut être saisi. Dans la première histoire, un oncologue, Tom, cherche un remède pour sa femme, Izzi, qui meurt du cancer. Dans la deuxième, le dernier roman d’Izzi apparaît. Et dans la troisième, Tom voyage dans l’espace à la recherche de l’étoile mythique Xibalbá.
Dans son roman, Izzi manifeste son attitude face à la vie et à la mort : elle croit en l’immortalité, mais pas dans le cadre d’un corps. Elle laisse le livre inachevé parce qu’elle veut que Tom le finisse et accepte sa mort. À ce moment-là, les événements nous emmènent dans l’espace, montrant l’union de Tom et de l’étoile : c’est le moment de l’acceptation.
Aronofsky nous enseigne ainsi la philosophie orientale de l’attitude face à la vie et à la mort. Nous mourons tous, mais nous ne disparaissons pas de ce monde, nous nous réincarnons dans quelque chose de différent.
Mise à mort du cerf sacré (2017)
Yorgos Lanthimos est l’un des maîtres de la métaphore au cinéma. Ses films ne sont jamais simples, et celui-ci ne fait pas exception. Mise à mort du cerf sacré nous ramène à la tragédie grecque antique d’Euripide, dans laquelle le roi Agamemnon a tué un cerf sacré appartenant à la déesse Artémis pendant la chasse, si bien qu’il a dû sacrifier sa propre fille, Iphigénie.
Le chirurgien Steven incarne le roi, et la déesse Artémis est un enfant étrange nommé Martin, dont le père est mort sur la table d’opération, devenant le cerf sacré. Même s’il a opéré l’homme en état d’ébriété, Steven n’admet pas sa culpabilité. Il ne se sent pas coupable non plus à la fin, une fois que le sacrifice forcé (la mort de son fils) a été commis. Mais la “justice” a été rétablie, indépendamment de l’opinion et des désirs du protagoniste.
Dogville (2003)
Le film de Lars von Trier aborde les thèmes de l’âme, de la moralité et de ses limites. Pendant huit chapitres, Grace tolère le comportement des gens de la ville, leur trouvant des excuses pour le justifier. Mais au chapitre 9, tout cela prend fin lorsque Dogville est détruite par les flammes.
Le réalisateur affirme que le pardon ne fait pas du monde un endroit meilleur, mais qu’il encourage seulement les coupables à récidiver. Finalement, la réticence à juger les autres en appliquant les lois morales selon lesquelles on se juge soi-même est une attitude arrogante.
La justice doit être rétablie, car c’est elle qui rend le monde meilleur. Mais à cause de son humilité, Grace a accumulé tant de rancœur qu’il faut brûler la ville entière pour rétablir l’ordre.
Annihilation (2017)
Dans son film, Alex Garland nous montre une invasion extraterrestre des plus originales. Autour d’une météorite tombée sur la planète commence à se former une zone qui ne cesse de s’étendre. L’anomalie est un prisme qui transforme tout ce qui y pénètre, y compris l’information génétique.
Ce film dresse un parallèle direct entre l’anomalie et le cancer. En fait, le cancer est cette même force injustifiée qui change tout autour de lui. À la fin, on voit une scène où Lena embrasse son mari. À en juger par ses yeux brillants, il devient évident qu’ils font désormais partie de l’anomalie. C’est probablement une fin heureuse pour l’humanité, qui surmonte sa nature mortelle.
The Double (2013)
Richard Ayoade a réussià capturer et à transmettre parfaitement l’essence et l’atmosphère du roman éponyme de Dostoïevski. Cependant, il ne s’agit pas d’une adaptation cinématographique fidèle, si bien qu’il y a des différences dans l’intrigue et notamment dans la fin. Tout comme dans la version du livre, le jumeau est le résultat d’une maladie causée par le dégoût de soi. Cela devient évident au moment du combat : Simon frappe Jacques et une marque apparaît alors sur son visage.
Le découragement et l’utopie du monde environnant sont probablement dus à la dépression à long terme du personnage principal. Mais la fin, contrairement à la version du livre, laisse un espoir d’amélioration. La dernière scène montre la victoire de Simon sur le double, et la défenestration symbolise la nouvelle naissance du personnage principal.
Eternal Sunshine of the Spotless Mind (2004)
Ce film de Michel Gondry est une histoire d’amour à la fois belle et complexe. Tout commence par la supposée première rencontre des protagonistes, qui a lieu après les événements narrés, ce qui correspond à l’idée principale : si deux personnes ont été créées l’une pour l’autre, elles sont vouées à être ensemble.
La plupart des événements se produisent dans la tête de Joël, où il se bat pour les souvenirs de Clémentine et réalise leur importance dans sa vie. Le combat est perdu, sa mémoire est effacée, mais les sentiments demeurent, et ce sont eux qui rassemblent les personnages.
Grâce à Marie, les héros trouvent les enregistrements des moments négatifs du passé, mais Joël et Clémentine n’ont plus peur. Ils entament une nouvelle relation, choisissant une vie à la fois pleine de beaux moments, mais aussi de problèmes et d’ennuis du quotidien.
Serenity (2019)
Bien qu’il ait reçu de mauvaises critiques, ce film plutôt déroutant de Steven Knight se distingue par la tournure unique que prend son intrigue. Toute l’histoire n’est en réalité que le fantasme de Patrick lors de la création d’un jeu vidéo.
Le père du protagoniste est mort à la guerre, sa mère vit avec son beau-père, qui est un homme violent, et Patrick abandonne cette réalité en passant du temps sur son ordinateur. Il crée un jeu dont les personnages sont les membres de son entourage, et il prépare le meurtre de son beau-père.
The Lobster (2015)
The Lobster est l’allégorie d’une relation amenée à un certain degré d’absurdité. Il n’y a pas de demi-mesures dans ce monde, soit tu es seul, soit tu es avec ton partenaire, et si tu réfléchis trop longtemps, tu te transformes en animal. Yorgos Lanthimos montre ainsi l’absurdité du catégorique, car personne ne peut savoir à l’avance à quoi ressemblera sa vie.
Le personnage principal essaie de sortir des clichés imposés, mais son attachement n’est pas sincère. Et quand sa bien-aimée perd la vue, David est incapable de prendre la bonne décision : il reste avec elle malgré tout, mais décide de s’arracher les yeux pour lui ressembler. Cependant, la fin reste ouverte : il s’enfuit ou reste avec elle, même s’il est aveugle de toute façon.
L’Homme qui tua Don Quichotte (2018)
Ce film est le résultat de 29 années de travail de Terry Gilliam. Au cours de cette période, de nombreux messages ont été modifiés et ajoutés. Il s’agit d’une œuvre aux multiples facettes à propos du réalisateur Toby Grisoni, qui rencontre le protagoniste de son vieux film sur Don Quichotte.
Ayant enfin l’opportunité de faire le film, le réalisateur a produit quelque chose de différent de ce qu’il avait prévu au départ. Au lieu d’essayer de transmettre l’histoire de Cervantes, il s’agit plutôt d’une allusion aux tentatives de Gilliam de faire un film sur “l’Ingénieux Noble”. Par conséquent, l’homme qui a tué Don Quichotte est Terry Gilliam lui-même.
Lost Highway (1997)
Chaque spectateur peut tirer ses propres conclusions sur Lost Highway, mais si l’on se fie à l’explication avant la première, on peut découvrir la vérité. “Fugue dissociative” est l’expression qui figurait dans le slogan promotionnel du film. En médecine, ce terme désigne un trouble mental accompagné d’amnésie sélective.
La première moitié du film parle du musicien Fred Madison, qui a tué sa femme : c’est la réalité. Le moment où Fred est mystérieusement remplacé par l’innocent mécanicien Pete est dû à l’état de “fugue dissociative” : le cerveau crée une personnalité différente pour éviter les souvenirs trop lourds à porter. Mais un tel état ne peut pas durer éternellement, et le fantasme disparaît progressivement, retransformant Pete en Fred. Un rôle important est attribué à “l’Homme mystérieux”, qui est une manifestation de la folie du personnage principal.
La deuxième moitié du film peut donc être considérée comme l’agonie du protagoniste qui attend son exécution. Au début du film, Fred entend la phrase “Dick Laurent est mort”, et à la fin, il la prononce lui-même, prouvant ainsi au spectateur qu’il a conscience de sa propre culpabilité.
Interstellar (2014)
“Eux”, ce sont des individus du futur lointain qui ont réussi à survivre à la crise sur Terre et à créer un vortex près de Saturne, qui mène à un trou noir. En pénétrant dans ce trou noir, l’humanité pourra apprendre le secret qui permettra l’exode terrestre avec des pertes mineures.
À l’intérieur du trou noir, le temps ne s’écoule pas mais se croise avec l’espace. Ainsi, une fois dans le cube quadridimensionnel créé dans le futur, Cooper se retrouve hors du temps. De là, il transmet les données nécessaires à sa fille.
Avec ce film de science-fiction, Christopher Nolan a montré comment des individus dans un avenir lointain pourraient théoriquement influencer notre réalité présente.
Bonus : Twin Peaks (1990–1991, 2017)
Après 26 ans d’attente, nous n’avons jamais reçu une seule réponse aux questions posées par la série culte de David Lynch, mais nous avons réussi à soulever d’autres énigmes. Il convient de mentionner qu’il n’y a pas de fin définitive, mais qu’il existe un certain nombre de versions possibles.
Tout ce qui se passe dans la série sont les rêves et les fantasmes de Laura, qui est maltraitée par son père, et dont la mère ferme les yeux et devient l’incarnation du mal. L’agent Cooper fait partie de la conscience de Laura, qui l’aide à surmonter la peur de la réalité.
La fin délibérément parfaite, avec la mort du méchant Cooper, est le moment où Laura accepte cette réalité. Elle rassemble toutes ses forces et se dirige vers la maison de ses parents, qui ne sont plus là. L’histoire de Twin Peaks est donc le chemin de Laura Palmer vers la guérison.
Quels films de cette liste as-tu trouvés les plus incompréhensibles ? Quelles autres fins de films t’ont laissé(e) dans la confusion ? As-tu réussi à en déchiffrer certaines ? Réponds-nous dans les commentaires.
Commentaires
si non on aurait jamais rien compris ) ironique
Twin Peaks c'est du charabia ! lol mais captivant
Les auteurs de scénario savent tenir le public hors haleine