Voici pourquoi “Les Animaux fantastiques” n’a pas réitéré le succès de la saga Harry Potter et n’a même pas été proche de le faire

Arts
Il y a 1 an

Les milliers de fans d’Harry Potter ne jurent que par les romans et regardent en boucle les films de la saga. Aussi, lorsque le lancement d’un prequel intitulé Les Animaux fantastiques a été annoncé, les férus de l’apprenti sorcier se sont figés dans l’attente. Cependant, ni le premier film sur Norbert Dragonneau ni les deux volets qui ont suivi n’ont été à la hauteur du succès qu’avait connu la franchise sur le garçon qui a survécu.

Chez Sympa, nous aimons nous aussi l’univers fictif imaginé par J.K. Rowling. Nous avons donc voulu comprendre pourquoi Les Animaux fantastiques n’ont pas réussi à se faire une place dans le cœur des fans comme l’a fait l’histoire de l’Élu.

L’histoire est conçue pour les adultes, pas pour les enfants

Avant que les aventures du jeune sorcier ne débarquent sur le grand écran, le monde entier les a découvertes dans les romans. Les lecteurs ont eu le temps de se prendre de sympathie pour le personnage et ont grandi avec lui. Même le fait qu’on soit dépourvu de pouvoirs magiques n’empêche pas de s’identifier au protagoniste principal. Après tout, il a vécu des moments que nous traversons tous : l’arrivée dans une nouvelle école, la rencontre avec les camarades de classe, des amitiés et des rivalités, le premier béguin.

Ce n’est pas pareil pour la série de films sur Norbert Dragonneau que nous trouvons à l’âge adulte. Nous ignorons ce qui a façonné sa personnalité et les motifs qui le guident. De plus, le public n’a pas la possibilité de jeter un coup d’œil dans un livre pour découvrir des détails, car la série romanesque Harry Potter mentionne uniquement que Norbert est un grand sorcier. L’ouvrage ’Vie et habitat des animaux fantastiques’ s’avère un guide sur des animaux et nous ne pouvons y repérer aucune information sur Norbert, ce qui rend ce personnage moins reconnaissable que Harry Potter.

  • Harry Potter est une saga sur les enfants et pour les enfants. Les spectateurs grandissent avec les personnages. L’innocence enfantine évolue vers l’héroïsme. En revanche, dans Les Animaux fantastiques, ils rompent aussitôt avec la naïveté et montrent la cruauté sinistre et l’envers peu attrayant du monde des sorciers. © Kaki Olsen / Quora

Le récit ne démarre pas dès le début

Les toutes premières séquences de la saga Harry Potter nous montrent comment débute son histoire : on voit un bébé qui, sans le savoir, réduit à néant un puissant mage maléfique avant d’être confié à la famille de sa tante. On comprend que son enfance s’annonce difficile et on attend son retour dans le monde des sorciers. La conclusion du premier film laisse entendre que ce n’est pas la fin de l’histoire du courageux Harry : il va poursuivre ses études à Poudlard et vivre de nouvelles aventures.

Dans le premier film des Animaux fantastiques, le récit débute au milieu de l’histoire. Le spectateur doit patienter pour comprendre ce qui se passe à l’écran, qui est Norbert, pourquoi il débarque à New York, quels sont ses objectifs. Cette technique est sans doute prisée dans le cinéma et permet de tenir le public en haleine. Mais dans ce cas, elle n’a pas produit l’effet recherché : l’intrigue devient confuse et alambiquée. D’ailleurs, au moment où tout est enfin clair, l’histoire se termine. Grindelwald, apparu un instant, est capturé, les créatures magiques en fuite sont à nouveau réunies dans la valise. Tout redevient comme avant, l’histoire n’évolue plus.

  • Je trouve que Les Animaux fantastiques est un film long et un peu ennuyeux. L’intrigue s’est avérée compliquée, avec beaucoup de choses à suivre. Je l’ai revu plusieurs fois, mais je n’arrive pas à l’aimer. © Malika Krag Lund-Nielsen / Quora

Le personnage principal est ennuyant

Les titres des films et des livres sur Harry Potter indiquent immédiatement qui est au cœur de la narration et qui fait avancer l’intrigue. Petit à petit, d’autres personnages s’ajoutent, leurs personnalités sont développées, mais juste autant que nécessaire. Même si nous aimerions parfois apprendre plus sur ses amis ou ennemis, nous savons que la star principale est le jeune sorcier. C’est lui qui est devenu un héros pour toute une génération de lecteurs et de spectateurs.

Avec Les Animaux fantastiques, c’est plus compliqué. Norbert est bien évidemment au centre, mais à part lui, il y a plein d’autres personnages. Ils sont bien composés et apparaissent presque simultanément. Normalement, plus le spectateur en apprend sur les personnages, plus il éprouve de l’empathie pour eux et s’approprie leur histoire. Hélas, ce n’est pas le cas de Norbert Dragonneau, car aux côtés d’autres personnages hauts en couleur, il est éclipsé et ne séduit pas vraiment.

  • Je trouve Norbert ennuyeux et bizarre. Tina est juste une fille qui n’arrête pas de se mêler des affaires des autres. Croyance est un adolescent anxieux. Queenie, elle, est une vraie perle, le meilleur personnage du film. © Chelsea / Quora
  • Mon personnage préféré dans Les Animaux fantastiques est le Moldu, car c’est le seul qui évolue. Nous ne savons rien sur Dragonneau et n’en avons pas vraiment besoin. Il ne fait que compléter sa collection d’animaux. Honnêtement, Hagrid est la meilleure version de Norbert. Faites un film sur Hagrid. © Boundpalac E / Quora

On montre un monde injuste

Dans le cinquième film sur l’Élu, on nous montre que Harry a eu des problèmes avec la loi, il a même fait l’objet d’un procès. En fait, pour sauver son cousin Dudley des Détraqueurs, il a été obligé de jeter un sort en présence du Moldu, ce qui constitue une infraction à la loi des sorciers. Mais Harry a agi en toute connaissance de cette règle. Il a été convoqué à l’audience durant laquelle il a pu s’exprimer et prouver qu’il s’était servi de sa baguette pour sauver autrui. Il a été autorisé à faire venir un défenseur et un témoin. Même si l’objectif était de jeter le discrédit sur Harry et de l’expulser de Poudlard, il a fini par obtenir gain de cause.

Norbert, lui aussi, a eu des relations difficiles avec les représentants de la loi. Il avait, sans le savoir, enfreint la règle sur le mystère de la magie en montrant les créatures magiques aux Moldus. Il n’empêche qu’il est injuste que Norbert et ses amis se fassent condamner à la peine capitale juste après avoir été interrogés par des Aurors. Il n’y avait pas de défenseurs, pas de témoins. Il n’a pas été proposé de fouiller dans les souvenirs pour découvrir ce qui s’est réellement passé. Ils se sont mis à table et ont parlé et voilà, Norbert s’est trouvé condamné. Heureusement, le malentendu a été résolu.

On utilise d’autres mots pour appeler les Moldus

Avec Harry Potter, nous avons pris l’habitude d’utiliser un mot particulier en parlant des personnes sans pouvoirs magiques : les Moldus. Aucune allusion ne laisse comprendre que le terme puisse être offensant. On l’entend dans la bouche de tout le monde, des simples sorciers aux mages de haut-rang. Le public s’est également approprié le mot.

Visiblement, dans Les Animaux fantastiques on a décidé qu’il était incorrect de l’utiliser. Même si une soixantaine d’années séparent les événements des deux histoires et que les règles strictes d’usage des termes sont encore à venir, on met en avant d’autres mots. On dit à la place des “Non-Magiques” ou “Non-Maj”. Au fond, c’est correct, mais après tout, il existe un nom pour ces personnes. Pourquoi ne pas l’utiliser ?

  • Je ne déteste pas Les Animaux fantastiques, bien que j’aie des questions aux créateurs. Surtout, pourquoi les “Non-Majs” ? C’est quoi ce truc ? On les appelle les Moldus, les Moldus ! © Gem May Anderson / Quora

Les sorciers s’habillent différemment

Joanne Rowling a mis du temps à imaginer le monde de la magie, en planifiant l’histoire de Harry Potter pendant des années. Par conséquent, toutes les particularités de cet univers sont perçues par le public comme canons : c’est ainsi que les choses sont faites. Lorsque nous voyons des sorciers en robes et en costumes traditionnels, nous considérons que cela va de soi et nous ne pensons pas à quel point leurs tenues sont différentes des vêtements simples, pratiques et familiers des gens ordinaires.

Mais dans Les Animaux fantastiques, 60 ans avant les événements de Harry Potter, les sorciers n’ont pas du tout une apparence vieillotte. Ils arborent des vêtements élégants et modernes, en oubliant les capes au fond des placards. Le professeur Albus Dumbledore, en costume et gilet moldu, ressemble à une icone de style. D’ailleurs, il enseigne la défense contre les forces du Mal, pas la Métamorphose comme l’affirment les romans Harry Potter. Même si ces tenues sont agréables à l’œil, elles rompent l’atmosphère du monde magique établi, dans lequel les sorciers s’habillent comme s’ils n’étaient pas conscients que les vêtements évoluent avec le temps.

  • C’est terrible de voir Dumbledore et le personnel du ministère en costumes moldus. Bien sûr, dans les endroits non magiques ils ne doivent pas se démarquer. Mais pas au ministère et pas à Poudlard. © Jeffrey / Quora

L’action se déroule dans des endroits ennuyeux

Harry Potter est un enfant extraordinaire qui a passé les 11 premières années de sa vie dans un placard sous l’escalier de la maison la plus ordinaire. Sans compter, bien évidemment, la toute première année de vie avec ses parents dont il ne garde pas de souvenirs. Ainsi, lorsqu’il reste bouche bée en découvrant le chemin de Traverse, les boutiques avec des objets magiques, puis le Poudlard Express et l’immense château magique de Poudlard, nous croyons à ses émotions et nous les partageons.

Les aventures de Norbert Dragonneau, quant à elles, se déroulent dans un cadre plutôt banal et terre-à-terre : les grandes villes comme New York, Londres et Paris. Même les épisodes qui mettent en avant le zoo magique de Norbert ne changent pas la donne, car il semble trop peu naturel et l’action n’influence pas la trame. Le public se contente de regarder ces lieux magnifiques et retourne à l’histoire principale qui évolue dans les villes.

  • Pourquoi ont-ils choisi de tourner à New York ? La franchise Harry Potter est la chose la plus britannique depuis James Bond et Doctor Who. On ne peut pas changer le cadre comme ça et s’attendre à ce que le public l’adopte. © antoniokowatsch / IMDb

Faire de la magie en présence des Moldus est autorisé

Le monde magique mène une vie très discrète. On le dit très clairement dès le début. Les sorciers ne doivent jamais révéler l’existence de la magie aux Moldus. Harry Potter supporte la mauvaise attitude de ses proches, car il ne peut pas simplement prendre sa baguette et leur jeter un sort. Lorsque quelque chose de magique se produit devant des gens ordinaires, le ministère de la magie envoie des fonctionnaires sur les lieux pour tout remettre en ordre et effacer les souvenirs des témoins. Les spectateurs voient une méthode qui fonctionne.

Par contre, dans l’univers des Animaux fantastiques, ce n’est plus comme ça. Les sorciers sont censés cacher leurs pouvoirs, mais ils ne sont pas gênés de faire de la magie en présence des Moldus. Au début du premier film, Norbert utilise sa baguette en présence du boulanger Kowalski, d’un employé de banque, de quelques visiteurs et vigiles. Par la suite, il s’apprête à éliminer les effets de cet usage et effacer les souvenirs. Mais uniquement ceux de Jacob Kowalski, en oubliant complètement les autres témoins déboussolés dans la banque.

Les histoires d’amour sont surdimentionnées

Intégrer une histoire d’amour dans un film n’a rien de mauvais en tant que tel. Dans la saga Harry Potter, on voit des premiers amours, des déceptions et des relations un peu maladroites et touchantes entre les personnages. Cependant, on n’y accorde pas beaucoup d’attention. L’histoire se concentre avant tout sur Harry et ses amis qui grandissent et luttent contre le méchant Voldemort.

Dans Les Animaux fantastiques, tous les personnages vivent des relations tumultueuses. Norbert tombe amoureux de la première venue, tout en évoquant son amour malheureux pour Leta Lestrange dans le passé. Jacob trouve son âme sœur en Queenie. Ces aventures amoureuses cimentent en grande partie l’histoire. Alors que c’est l’évolution des personnages et la lutte contre le mal qui sont cruciaux.

  • Je n’ai pas aimé le développement de la relation romantique. J’aime la romance comme n’importe quelle fille. Mais je ne pense pas que cela corresponde à l’atmosphère lourde du film. © mithzelluque / IMDb

Nagini n’est pas comme elle est censée être

Dans l’histoire de l’affrontement entre Harry et Voldemort, on trouve parmi les disciples (si on peut les appeler ainsi) du méchant, le serpent Nagini. C’est un animal qui accompagne partout le mage noir. D’ailleurs, rien n’indique qu’il puisse se transformer en humain.

Un personnage appelé Nagini est également présent dans Les Animaux fantastiques. C’est une jeune femme qui souffre dans un cirque et il n’est pas facile de deviner que c’est la même Nagini qui sera plus tard aux côtés de Voldemort. En fait, on explique qu’il s’agit d’une créature magique Maledictus qui peut se transformer en serpent. Mais elle est avant tout un humain. Nagini démontre qu’elle n’est pas étrangère aux sentiments et aux espoirs humains ordinaires et finit même par se ranger du côté du bien dans l’affrontement avec Grindelwald. On se demande alors comment se fait-il qu’elle finira dans la peau du serpent associé de Voldemort.

  • Nagini est maintenant une fille atteinte d’une malédiction ? Les sorciers paient pour la voir se transformer en serpent ? Mais dans le monde de la magie, se transformer en animal n’a rien d’étonnant. Dans le dernier opus, Neville a donc tué un être humain ? C’est affreux. © vsek / IMDb

L’histoire d’Albus Dumbledore est remodelée

Lorsque Harry Potter était censé être en septième année à Poudlard, mais qu’il errait en fait dans les bois à la recherche des Horcruxes de Voldemort, la communauté magique était agitée suite à la sortie du livre de Rita Skeeter sur la vie d’Albus Dumbledore. Il a été souligné que Rita avait déniché les moindres détails de la vie du directeur à Poudlard et même des scandales. Entre autres, son amitié avec le jeune Gellert Grindelwald et la sombre histoire avec sa sœur ont été mises en lumière.

Comment cela se fait-il alors que Rita soit passée à côté d’un neveu scandaleux d’Albus Dumbledore ? Après tout, il a aidé Grindelwald dans ses plans et a presque détruit New York sous l’enveloppe d’Obscurus, enfant doté de pouvoirs magiques qui deviennent incontrôlables et destructeurs à cause des émotions négatives refoulées. On a du mal à imaginer que Rita n’ait pas connu ce fait. Bref, les spectateurs voient ce twist comme une incohérence dans Les Animaux fantastiques.

  • Croyance, le personnage que je préfère le moins, survit et s’avère être le parent perdu de Dumbledore ? Quelle horreur ! © aucoinandrew / IMDb

Les motivations du personnage principal soulèvent des questions

Harry est montré comme un véritable héros qui se range du côté du bien. Depuis son jeune âge, il ne peut pas rester à l’écart s’il voit une injustice. Plus tard, il découvre dans une prophétie qu’il est désigné comme celui qui a le pouvoir de vaincre Voldemort. Un défi de taille pour lui, mais il garde le cap et fait preuve de cohérence dans ses décisions. Du premier au dernier film, son premier objectif est de combattre le méchant.

Norbert, quant à lui, s’avère être un héros inopiné. Il ne cherche pas à se mêler de quoi que ce soit, il se retrouve juste sur les lieux. Même s’il ne reste pas à l’écart face à l’injustice, quand les aventures à New York prennent fin, il réfléchit à ses actions. Quand Albus Dumbledore lui demande de se rendre à Paris en l’absence du permis de voyager pour trouver Croyance, il hésite et même dit non.

Toutefois, Norbert finit par y aller non pas parce qu’il réalise la nécessité d’arrêter le mal, mais parce que son amoureuse vexée part à Paris. Donc, sans Tina, il n’aurait peut-être pas été là. D’ailleurs, quand on connait les événements à Paris, on se demande si Norbert a vraiment influencé quoi que ce soit. Même s’il était resté à Londres, rien n’aurait globalement changé.

Voilà, si l’on compare la franchise Les Animaux fantastiques à la saga Harry Potter, on comprend pourquoi elle n’a pas obtenu la même reconnaissance du public. Cependant, si on ne l’évalue pas comme une histoire dérivée, mais comme un récit à part entière, on peut trouver les aventures de Norbert Dragonneau assez captivantes.

Et toi, préfères-tu les films sur Harry Potter ou l’histoire de Norbert Dragonneau ?

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