L’histoire de Marie qui avait un mari parfait. Et elle n’en pouvait plus

Histoires
Il y a 3 ans

“Et le week-end, il se lève avant moi et il nettoie la cuisine !”

J’ai dit : “Ah oui, ça, c’est vraiment horrible”.

Un peu avant, Marie m’avait raconté que son mari Paul n’avait pas de mauvaises habitudes, et qu’il allait à la piscine tous les matins après avoir déposé leur fille à l’école. Il faisait le ménage et il arrosait les plantes. Il a construit leur maison de campagne tout seul. Il était en très bons termes avec la mère de Marie et il disait même : “Nous devrions aller rendre visite à ta maman samedi prochain, nous le lui avons promis”.

Elle a dit qu’il n’avait pas de gros ventre, mais de bons abdos et des épaules larges. Qu’il cuisinait tellement bien que Marie ne savait même plus comment faire des œufs au plat. Qu’il était impossible de se fâcher avec lui, car il était toujours calme et posé, et qu’il ne s’énervait même pas face aux caprices les plus débiles de Marie. Un jour, ils étaient invités chez des copains. C’étaient des amis proches, et Paul avait l’air de vraiment s’amuser en leur compagnie. Soudainement, Marie a dit : “Je suis fatiguée, je veux rentrer !” Pourtant, cela ne faisait qu’une heure qu’ils étaient arrivés.

Paul lui a appelé un taxi. Sur le chemin du retour, elle se disait : “D’accord, si c’est comme ça, dès qu’il rentre, je vais lui dire mes quatre vérités ! Il n’a même pas essayé de me retenir, au contraire, il était content de se débarrasser de moi !” Heureusement, que leur fille n’était pas là, car Marie était prête à faire un gros scandale.

Elle est arrivée à la maison toute excitée, elle était en colère. Mais en ouvrant la porte, elle a vu que Paul était déjà là-bas. Il l’a accueillie avec un grand sourire, en disant : “Je t’ai doublée. Est-ce que tu veux un thé ?”

Et cela fait dix ans que Marie vit ce cauchemar.

“Tu comprends, il est trop parfait. C’est invivable. Il y a trois jours, nous sommes allés dans un resto. La serveuse était vraiment canon, n’importe quel homme l’aurait suivie du regard, même moi je l’ai fait ! Mais lui, il ne regardait que moi. Parfois, je fouille même dans ses poches pour voir s’il n’y a pas quelque chose qui pourrait suggérer qu’il voit une autre femme. Il y en a plein à son travail. Mais rien !”

J’ai répondu : “Oh oui, ça ne doit pas être évident pour toi”.

Une femme doit toujours avoir la possibilité de se prendre la tête avec son mari. De faire la gueule un petit peu. De dire à ses copines : “Mais j’en peux plus de lui !” Un mari parfait, c’est une vraie torture. De la souffrance continue.

J’ai décidé alors d’aider Marie. Je ne suis pas vraiment proche de Paul, il est juste le mari de mon ancienne collègue. Mais on se connaît, j’étais invité quelques fois chez eux, et nous avons pas mal discuté. Je sais où Paul travaille : il est responsable d’une agence de voyages. Du coup, je suis allé là-bas en faisant semblant que je cherchais un séjour à Bali.

Paul était content mais surpris de me voir. Je lui ai fait croire que c’était une coïncidence. Je lui ai proposé de sortir prendre un café avec moi. Ensuite, j’ai glissé un petit papier dans sa poche. J’avais préparé ce papier en amont : je l’ai parfumé, j’ai écrit un numéro de téléphone et j’ai signé “Stéphanie”. Ce n’est pas sympa, je sais. Mais je comptais appeler Marie quelques jours plus tard et tout lui avouer.

Mais le lendemain Marie m’a appelé elle-même. Elle m’a dit : “Tu sais quoi ? Hier soir, en rentrant, Paul m’a montré un papier avec le numéro d’une Stéphanie. Il ne comprenait pas comment cela a atterri dans sa poche”.

J’ai répondu : “Très intéressant. Et toi, t’as dit quoi ?”

“Que veux-tu que je dise ! C’est une blague idiote de quelqu’un. Mais tu sais, parfois, j’ai presque envie que cette Stéphanie existe pour de vrai. Rien qu’une fois. Un homme doit avoir au moins un défaut. Autrement, on s’ennuie trop avec lui !”

Pauvre Marie. Je ne sais plus comment l’aider. Je crois que sa souffrance va durer pendant des années.

Sympa a publié ce texte avec l’autorisation de son créateur, l’écrivain Alexei Belyakov, qui est auteur du livre “Lettres à ma fille”.

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