Une histoire émouvante qui montre que le vrai bonheur appartient à ceux qui savent apprécier les petites choses de la vie

Le bonheur est différent pour chacun. Le plus important, c’est de ne pas oublier dans l’agitation de la vie quotidienne de le remarquer à travers de petits détails. Ce texte de l’écrivaine Olga Savelyeva, comme toutes ses autres histoires, rappelle des choses simples mais importantes dont est rempli le quotidien d’une famille.

Chez Sympa, nous pensons que chacun devrait lire ce texte pour se souvenir de quoi se compose en réalité le bonheur.

Pendant mon déplacement professionnel, c’est papa qui s’occupe des enfants. Avec mon mari nous appelons cela “le tarif avec un siège enfant”. Il n’y a pas de discussion avec papa. Si quelqu’un fait des bêtises, il est privé de ses droits, comme de regarder les dessins animés par exemple.

Les enfants le savent et se comportent avec lui comme des chatons. Ce n’est qu’avec maman qu’ils peuvent se mettre en mode “je ne veux pas”, “je ne peux pas” et “je ne sais pas faire”. Si j’ai préparé le dîner et que je crie “À table !”, ils prennent leur temps pour finir ce qu’ils sont en train de faire et très lentement viennent se mettre à table. Ensuite, ils peuvent aussi remuer la nourriture dans leur assiette et froncer le nez.

Une fois, mon fils a remué le ragoût avec une fourchette et n’a rien mangé. Dans ce ragoût, j’avais mis des légumes, et le chou-fleur était probablement de trop.
— “Pourquoi tu ne manges pas ?”, ai-je demandé.
— “Eh bien, comment te dire pour ne pas te vexer... Et maintenant, si on jouait au jeu ‘comestible — non comestible’, où tu dois attraper la balle quand on nomme une chose comestible, je ne l’attraperais pas pour ce ragoût.”

Oh le comique ! J’ai rigolé, et ensuite, je lui ai préparé un sandwich.

Avec leur papa, ils ne peuvent pas faire de bêtises. Si le papa a réchauffé des pâtes ou de la bouillie, alors tout le monde est déjà à table au signal du micro-ondes avec des cuillères.
— Papa, il me semble que les macaronis ne sont pas complètement cuits. Daniel essaie de repousser le morceau “non comestible”.
— C’est al dente.

Daniel ne sait pas ce que veut dire “al dente”. Pour lui désormais, toute la cuisine ratée de papa comme le lait échappé pour la bouillie d’avoine, les pommes de terre trop cuites ou le sarrasin trop salé, c’est “al dente”. Mon fils pense que cela veut dire “désolé, ce n’est pas exactement ce qui était prévu, mais c’est quand même comestible”.

Mon mari me fait un rapport régulier de la situation. Hier, ils sont allés chez le docteur pour la rééducation de la petite Cathia. Mon mari m’a montré une diffusion en direct de tout le processus.
— Nous allons chez l’orthophoniste. Nous essaierons de le presser au maximum (Il veut dire qu’il retranscrit toutes les principales recommandations avec une vigilance accrue et prend en photo les ouvrages didactiques afin d’acheter les mêmes pour la maison), mais on va laisser tomber la musique, elle endort.

Un soir, je les appelle et les trouve au supermarché.
— Nous avons acheté des macaronis, des pois et des lentilles ...
— Qu’est-ce que tu vas cuisiner de beau du coup ?, ai-je demandé.
— Je vais tout verser dans une bassine et obliger ma petite Cendrillon à fouiner dedans. Pendant la rééducation, ils ont dit que le langage d’un enfant se trouve sur le bout de ses doigts. Comme ça, nous allons travailler sa motricité fine.

Maintenant, le jeu des “macaronis-pois” est l’un des préférés de ma fille. C’est beau ça !

La nuit dernière, selon son papa, Katya a pris un bain rajeunissant.
— Pourquoi rajeunissant ? Pourquoi la rajeunir encore plus ?
— Elle était dans le bain et a demandé à boire. Je lui ai ramené du kéfir, et sans faire exprès, elle a renversé le verre dans la baignoire. Et voilà, Aphrodite prend son bain.
— J’espère qu’elle n’a pas fini par boire l’eau du bain...

Tout compte fait, ils font des bêtises, le perroquet cancane, le chat perd ses poils, la maison est à l’envers, Cendrillon a renversé la bassine avec les céréales hier.
Bref, le bonheur !

Un bonheur si ordinaire et imparfait.
En mode “al dente”.