5 Raisons expliquant le caractère déprimant de la littérature russe, que seuls les vrais intellectuels connaissent

C’est curieux
Il y a 4 ans

“Comme je travaillais sur un projet spécial, je devais revoir toutes les adaptations au cinéma du roman russe L’idiot. À la fin du troisième film, j’ai eu l’impression de devenir folle”. Voici un exemple parlant de nombreux avis sur la littérature russe et ses adaptations. En fait, ce n’est pas aussi simple qu’il n’y paraît au premier regard.

Les théories des académiciens russes ont aidé Sympa à comprendre pourquoi la plupart des œuvres de la littérature russe ont un caractère déprimant et accablant.

Le climat rigoureux est à l’origine du comportement obsessionnel et passionné des personnages

Selon le philosophe russe Ivan Iline, la nécessité permanente de s’adapter aux changements de saison et de se préparer aux surprises de la nature a formé la raideur de la personnalité russe. Le caractère des personnages est donc assez logique : il n’y a que le froid extrême ou la canicule insupportable. De cela viennent la spontanéité, l’emportement et le refus d’appeler les choses par leur nom. C’est pourquoi chaque personne est un saint ou un pécheur. Parfois, elle devient extrêmement honnête et grossière en même temps.

On retrouve tous ces traits de la personnalité nationale dans beaucoup de personnages de la littérature russe. Ça se voit particulièrement chez Katerina dans “Lady Macbeth du district de Mtsensk” et chez Parfène Rogojine dans “L’Idiot”. Ils sont tombés tous les deux follement amoureux et ressentaient une telle passion qu’ils se sont montrés prêts à tuer pour reprendre plus ou moins leur vie en main.

Les personnages du type Oblomov sont devenus populaires
à cause d’un long hiver ennuyeux

Les saisons se suivent, l’été arrive après l’hiver. C’est exactement la même chose avec la procrastination à long terme et le seul désir de traîner au lit qui suivent toujours une courte période de forte activité. Pour ce phénomène, il existe une expression particulière : “la nature variable de la motivation”. Selon l’historien Vassili Klioutchevski, le peuple russe a dû travailler très dur en été pendant des siècles, ce qui le distingue des autres. Cependant, le savant ajoute que peu de gens savent procrastiner en repoussant sans cesse à plus tard les choses à faire, comme les russes.

Les écrivains n’ont pas pu ignorer cette particularité de la mentalité nationale. Le représentant le plus célèbre est Ilya Ilitch Oblomov du roman éponyme écrit par Ivan Gontcharov. On devrait également mentionner les fameuses trois sœurs de la pièce d’Anton Tchekhov qui rêvent de retourner à Moscou, mais n’entreprennent rien en attendant tout le temps quelque chose.

La religion a influencé la littérature russe et a contribué à la création de l’image de Raskolnikov et des autres pénitents

D’après la théorie de Nicolas Berdiaev, il est impossible de bien examiner la mentalité du peuple russe sans tenir compte de la religion qui joue historiquement un rôle important. Une autre particularité vient du fait que beaucoup de représentants du peuple russe sont capables de souffrir et de se sacrifier pour atteindre leur but (le plus souvent, pour purifier leur âme). La pierre angulaire de cette idée dans la littérature russe est l’humilité, tandis que le noble idéal est rarement présenté parmi les personnages. C’est pourquoi on retrouve souvent l’image d’un alcoolique pénitent et d’un criminel.

Le plus “célèbre” meurtrier littéraire Rodion Raskolnikov du roman de Fiodor Dostoïevski “Crime et Châtiment” ne cherche pas à devenir saint, mais s’étant repenti devant tout le monde, il arrive à obtenir le pardon. Un autre personnage qui n’a rien à voir avec Raskolnikov est le prince Léon Mychkine, un homme “saint” souffrant dans sa chair et dans son âme. L’écrivain lui a donné le droit de pardonner aux autres au nom d’une puissance supérieure.

L’autopunition compulsive est également propre à beaucoup de personnages et leur procure en fait un plaisir secret

Selon la théorie du philosophe Nicolas Lossky, le peuple russe a certains faibles : l’ivresse, le laisser-aller, la négligence, le caractère indiscipliné. Quand une personne russe s’amuse, elle le fait au maximum, et il est presque impossible de l’arrêter. Et après, elle se met à demander pardon à tout le monde, à pleurer et à se torturer moralement. En fait, tout cela lui fait plaisir et contribue à purifier son âme.

Fiodor Dostoïevski a bien remarqué cette particularité. Elle est totalement présente chez ses personnages le père de la famille Semion Marmeladov et sa fille Sonia. Le premier prend du plaisir dans son incapacité à nourrir sa famille et parle volontiers de sa situation humiliante à celui qui lui paiera un verre. Il a parfois l’intention de commencer une nouvelle vie, mais il ne passe jamais à l’action. Sonia se prostitue pour subvenir aux besoins de sa famille, mais elle n’a pas honte, au contraire, elle supporte la charge de sa position la tête haute. Cette jeune fille est obligée de défendre sans cesse son honneur et aime bien le faire savoir.

C’est la pitié qui est à la base de la religiosité russe,
c’est pourquoi les personnages féminins ne peuvent pas quitter leurs maris détestés

Le philosophe russe Nicolas Lossky pense que c’est la charité qui est à la base de la religiosité russe. Selon lui, il existe des caractéristiques typiquement féminines : la douceur et la délicatesse, que l’on retrouve le plus souvent chez les simples femmes du peuple. L’académicien souligne une autre chose intéressante : si une personne que le représentant du peuple russe ne supporte pas lui demande quelque chose lamentablement, ce dernier commencera involontairement à s’attacher de tout son cœur à cette personne.

Dans les romans, on voit souvent cette qualité chez des femmes qui ne peuvent pas quitter leur mari détesté pour retrouver leur amant. La tentative de séparation s’accompagne généralement de crises de colère et entraîne parfois le décès d’un des personnages. C’est le cas avec Anna Karénine, une jeune femme de 28 ans du roman éponyme de Léon Tolstoï, qui est tombée amoureuse d’un officier frivole de 23 ans, Alexis Vronski, et a finalement été déçue de sa nouvelle relation. Nastasia Philippovna Barachkoff du roman “L’Idiot” a aussi souffert de ce type de situation qui s’est achevée par une tragédie. Elle n’a pas pu quitter le détestable Rogojine, qui a fini par l’assassiner.

On espère vivement que tu as apprécié un nouveau regard sur ces œuvres littéraires connues.
Et toi, connais-tu d’autres personnages au caractère ou aux sentiments extrêmes ?
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