Cette Partie de Donjons & Dragons Dure Depuis 40 Ans

Jeux
Il y a 2 ans

“... Des villageois ont disparu du Royaume de Neverburgh. Le roi fait appel à vous et à votre équipe, composée d’un moine drakéide, d’un druide demi-elfe, d’un roublard tieffelin et d’un magicien nain. Vous devrez pénétrer dans les bois sombres, la terre de la magie noire, retrouver les personnes disparues et les ramener saines et sauves. Mais le chemin à parcourir est semé d’embûches et de monstres tapis dans l’obscurité. Si vous réussissez, le roi vous donnera chacun mille pièces d’or. Mais si vous n’y parvenez pas... Eh bien... Disons juste qu’il vaudrait mieux réussir... Maintenant, lancez les dés pour voir ce que le destin vous réserve...”

Excitant, n’est-ce pas ? Eh bien, si tu es un joueur de Donjons et Dragons, tu peux te plonger dans un monde de fiction et te lancer dans d’innombrables quêtes de ce genre. Tout ce dont tu as besoin, c’est d’un peu d’imagination et d’un goût prononcé pour l’aventure ! Publié pour la première fois en 1974, Donjons et Dragons a conquis des millions de fans au fil des ans. Le fait d’être le premier jeu de rôle fantastique sur table disponible dans le commerce y a probablement contribué. Il se trouve un joueur en particulier qui est, à juste titre, le plus grand fan de ce jeu : il joue la même partie depuis 40 ans maintenant, battant ainsi le record de la plus longue campagne ininterrompue de Donjons et Dragons ! Voilà un mec qui n’a aucun problème avec l’engagement.

Robert Wardhaugh a commencé sa campagne de Donjons et Dragons en 1982, alors qu’il était encore adolescent. Mais à l’époque, le jeu n’était pas encore le phénomène que l’on connaît aujourd’hui. De nombreux parents inquiets le considéraient comme une véritable menace. Ils pensaient que leurs enfants subissaient une sorte de lavage de cerveau, les entraînant du “côté obscur” pour ainsi dire... C’est pourquoi, pendant un certain temps, de nombreux enfants ont ressenti le besoin de cacher le fait qu’ils y jouaient. La communauté dans laquelle Wardhaugh a grandi n’était guère différente. Il dit qu’il y avait beaucoup d’a priori envers le jeu. Ainsi, quand il a découvert “Stranger Things”, ça lui a fait un petit pincement au cœur. Il est heureux que des séries comme celle-ci et des films comme “Le Seigneur des Anneaux” ou “Le Hobbit” aient contribué à rendre ces thèmes fantastiques aussi populaires.

Fasciné par le monde magique et merveilleux qu’offrait le jeu, il a commencé à y jouer avec deux de ses amis. Tout ce dont ils avaient besoin, c’était d’un dé à vingt faces et de quelques feuilles de papier pour créer les personnages qu’ils voulaient incarner. Cependant, Wardhaugh n’était pas exactement un joueur, mais le Maître du Donjon — ou MD pour faire plus court. Les MD sont ceux qui organisent chaque session de jeu. Ils sont à la fois l’auteur et le conteur. Ils créent l’intrigue et le cadre de chaque aventure, élaborent tous les défis que les joueurs devront relever et choisissent les créatures qu’ils devront combattre. Ils ont un contrôle total sur tout ce qui se passe dans le jeu, sauf sur les actions des joueurs. Ce sont également eux qui sont chargés de tout décrire aux aventuriers pendant le jeu.

Dire que Wardhaugh est un bon Maître du Donjon relève de l’euphémisme. C’est un MD de classe olympique ! Il a commencé avec seulement quatre personnes, mais il a guidé environ 60 joueurs à travers leurs quêtes depuis lors. Des gens sont venus en voiture ou même en avion de tout le Canada pour prendre part à son jeu sans fin. Mais quel est son secret pour diriger ainsi la meilleure et la plus longue partie de Donjons et Dragons de l’histoire ? Prenez votre stylo et votre calepin pour noter sa formule, Maîtres du Donjon en herbe !

Numéro 1 : C’est en forgeant qu’on devient forgeron ! Et Wardhaugh a certainement eu sa part de pratique. Sur une période de 40 ans, il estime avoir passé 20 800 heures à pratiquer ce jeu. Sans compter tout le temps qu’il a passé à fabriquer ses 30 000 figurines peintes à la main, ainsi que ses villes et ses terrains personnalisés, tous faits maison.

Numéro 2 : Donnez tout ce que vous avez ! Wardhaugh vit et respire pour que la partie continue. Il a même pris des décisions importantes dans sa vie en fonction du jeu, comme l’achat d’une maison dont le sous-sol serait assez grand pour accueillir sa partie et abriter son set de 30 000 pièces. Il devra peut-être bientôt appeler un agent immobilier pour trouver une maison plus grande...

Numéro 3 : Rendez votre monde intéressant ! Wardhaugh est professeur d’histoire à l’Université de Western Ontario. Et sa carrière a certainement eu un impact sur le monde qu’il crée pour ses joueurs. Il le décrit comme “une version alternative de l’histoire de la Terre”. Il n’hésite donc pas à s’inspirer de philosophie, de sociologie et à intégrer l’histoire de notre monde réel pour aboutir à une histoire unique.

Numéro 4 : Ne vous laissez pas limiter par les règles ! Même s’il existe un livre de règles pour les joueurs et les maîtres du donjon — le plus récent étant la cinquième édition — Wardhaugh ne s’y tient pas vraiment. Il adapte et ignore parfois les règles pour combler certaines failles trouvées dans le jeu. Il a donc maintenant son propre système de règles que les joueurs appellent “les règles maison”. Lorsque Donjons et Dragons est sorti, l’une des lignes du guide du Maître du Donjon stipulait d’"utiliser le matériel écrit comme base à l’inspiration" et c’est ce qu’il fait depuis. N’étant pas contraint par les anciennes règles, pas plus que les actuelles ou celles à venir, il peut créer des races, des nations, des cultures et des mythologies totalement inédites. Cette liberté contribue à la fluidité du jeu, car aucun joueur n’a besoin de s’arrêter pour vérifier quelque chose. Et comme son jeu prend de plus en plus d’ampleur, il continue à développer et à modifier son système de règles pour le rendre encore plus performant qu’avant.

Mais cela ne veut pas dire qu’il n’utilise jamais ce que le manuel de Donjons et Dragons proposait déjà. Il inclut tout de même des monstres iconiques, comme le Démogorgon, dans sa partie.

Numéro 5 : N’hésitez pas à mêler les genres ! Pour créer une intrigue d’une complexité inégalée, Wardhaugh fait appel à tous les ressorts narratifs. Il enrichit son jeu de vengeance, de romance et de toutes sortes d’aventures périlleuses.

Numéro 6 : Créez des enjeux pour vos joueurs ! Plus de 500 personnages ont été créés et incarnés dans la partie de Wardhaugh sur une période de 40 ans. Ce nombre important est peut-être dû à sa règle du “pas de retour à la vie...”. En effet, il essaie de maintenir des enjeux aussi élevés que possible pour ses joueurs. Si un personnage finit par ne plus avoir de points de vie, il n’y a pas de retour possible. Le seul moyen pour les joueurs de revenir dans le jeu est d’avoir des personnages de rechange déjà prêts. Sinon, ils quittent la partie pour de bon. Il estime que cela crée de l’émotion, de la tension et de l’excitation. Et il a probablement raison, puisqu’il a vu des adultes pleurer à la table de jeu parce que leurs personnages avaient été anéantis.

Numéro 7 : Sachez vous organiser ! Il n’est pas facile de gérer des quêtes et de suivre les aventures de plus de 50 joueurs. Il y a bien un grand but ultime dans le jeu de Wardhaugh. Mais il y a aussi des milliers de sous-intrigues et de sous-campagnes, ainsi que de nombreux scénarios pour les différents personnages, lesquels s’étendent souvent sur des décennies. Et il doit se souvenir de tout ça ! Donc, investir dans un agenda ne peut pas faire de mal.

Numéro 8 : Ne laissez pas vos affaires personnelles affecter le jeu ! Ce doit être génial de pouvoir jouer à Donjons et Dragons avec son père. Ou peut-être moins si votre ex participe toujours à la partie... Ouaip... C’est le cas de la fille de Wardhaugh, qui a rejoint son jeu en tant que fée quand elle avait environ six ans. Maintenant, elle en a 20 et y joue toujours — aux côtés de son ex... Car Wardhaugh a pour principe qu’une fois qu’il permet à quelqu’un d’entrer dans le jeu, il ne l’empêchera jamais d’y jouer. Tu parles d’un malaise...

Numéro 9 : N’oubliez jamais ce qui compte vraiment ! Pour Wardhaugh, ce jeu représente l’amitié. Il croit qu’il est important d’entretenir celle-ci tout au long de la vie ; et il affirme s’être fait de très bons amis en cours de route. Il pense par ailleurs que tant qu’il continuera de faire vivre son jeu, il ne perdra aucun d’entre eux, car ils auront toujours une raison de se réunir. Wardhaugh est très accueillant envers les nouveaux joueurs et les nouveaux personnages ; et il n’a aucune intention d’abandonner le jeu. Alors qui sait, peut être que si vous lui demandez très gentiment vous pourrez un jour rejoindre sa partie !

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