J’ai vécu pendant une semaine selon les recommandations d’un célèbre psychologue et j’ai finalement arrêté pour ne pas y laisser ma chemise
Il existe très peu de professions qui peuvent être qualifiées de scandaleuses. Cependant, le psychologue Mihail Labkovski, auteur du livre Je veux et je le serai : S’accepter, aimer la vie, et devenir heureux, peut à juste titre être considéré comme étant une personne scandaleuse, car ses grandes déclarations catégoriques provoquent souvent énormément d’émotions chez ceux qui s’intéressent à la psychologie.
Je m’appelle Julia et j’ai décidé de mener une expérience dont je vais parler aux lecteurs de Sympa : pendant une semaine entière, j’ai essayé de suivre les règles de vie dictées par un célèbre psychologue. Et malgré le fait qu’elles soient extrêmement simples, cette semaine n’a pas été facile du tout.
La règle numéro 1 : fais tout ce que tu veux
J’ai pendant longtemps rêvé de dépenser mon salaire juste pour me faire plaisir. Ne pas économiser en prévision des mauvais jours, ne pas le dépenser pour divers services, nourriture, etc. J’ai donc dépensé tout mon argent, et 3 jours plus tard, j’ai découvert que le salaire de mon mari prenais du retard. C’était un instant complètement terrible. J’ai commencé à angoisser, et pour me calmer un peu, j’ai mis l’une des nouvelles robes que j’avais déjà eu le temps d’acheter, du rouge à lèvres à 30 €, et je n’arrêtais pas de me répéter que je suis digne de tous ces petits cadeaux, que je peux me permettre de faire ce que je veux au moins une fois dans ma vie, et que tout ira bien.
J’admets que ça n’a pas vraiment fonctionné. Mon bon sens me disait que je me suis un peu trop précipitée. Le doute et la culpabilité me tourmentaient sans cesse : comment ai-je pu agir de manière si irresponsable ? Surtout que nous ne sommes pas seuls, nous avons des enfants !
Pendant les jours qui ont suivi, j’ai bien évidemment essayé de rester fidèle à cette fameuse règle et faire uniquement ce que je voulais faire, mais il s’est avéré que sans budget, c’est une mission presque impossible. Par exemple, lorsque je me rendais au travail et voulais m’acheter une tasse de café en route, je me rappelais immédiatement que nos finances étaient très serrées. Je m’apprêtais à acheter une nouvelle robe à ma fille pour son anniversaire, mais après avoir calculé l’argent qui nous restait, je me suis rendu compte que nous n’avions pas d’autre choix que “d’ennoblir” une de ses vieilles robes à la main. C’était terriblement embarrassant : pour sa fête à elle, je serai dans une toute nouvelle robe, mais pas elle.
Conclusion : oui, il était, en effet, agréable d’enfin faire quelque chose pour soi-même, mais cette merveilleuse règle s’écrase lamentablement contre la sévère réalité. Dans le monde des adultes, tu n’es plus seul : tu as des obligations envers tes proches, et il faut toujours tenir ce fait en compte. En outre, il s’est avéré qu’après avoir effectué 2 ou 3 caprices, l’euphorie disparaît assez vite et il ne te reste plus autant de “rêves” que tu voudrais réaliser. Par exemple, essaye d’indiquer au moins cinq souhaits que tu pourrais te permettre avec ton budget actuel : tu verras qu’il y en a beaucoup moins que tu ne le penses.
La règle numéro 2 : ne fais pas ce que tu ne souhaites pas faire
Au travail, j’ai une collègue qui m’énervait constamment, et je lui ai donc fermement déclaré que je ne ferai plus rien qui dépasse les limites de mes responsabilités. Ça l’a terriblement mise en colère et elle a commencé à comploter derrière mon dos. Et bien qu’auparavant, je n’avais jamais eu de différends avec mes collègues, beaucoup d’entre eux me tournent maintenant le dos : ils m’adressent à peine la parole et ont arrêté de m’inviter à prendre un café durant les pauses.
À la maison, les choses ne se sont, elles aussi, pas passées aussi bien que je l’espérais. Chaque année, au début du printemps, les proches de mon mari et moi quittions la ville et nous rendions en banlieue pour quelques jours. Nos enfants et leur père adorent ces sorties en famille, mais pour moi, il s’agit d’une quantité supplémentaire de travail, et de temps personnel perdu en compagnie de gens que je n’apprécie pas tellement. Cette fois, je leur ai demandé d’y aller sans moi. Mon mari s’est fâché et a cessé de me parler, les enfants en sont devenus tristes, et les proches de mon époux ont failli me déclarer la guerre. Moi, je me suis tout simplement “cachée” dans la salle de bain.
Ensuite, ils sont partis et je suis restée toute seule dans un appartement complètement vide. J’ai commandé des sushis et je me suis installée bien confortablement pour regarder un film que mon mari refusait strictement de regarder avec moi. J’ai organisé tout ça pour tirer le maximum de la solitude et du silence que j’attendais tant, mais pour des raisons qui m’échappent, pendant ces trois jours, je me sentais comme une écolière qui sèche les cours et qui sera bientôt attrapée par ses parents.
Conclusion : en fait, mon avis concernant le résultat de cette expérience est assez mitigé. Je n’ai pas du tout apprécié le fait d’avoir blessé mes proches avec mon refus, et je ne le ferai certainement plus. Mais dire “non” à ma collègue était très agréable : j’ai longtemps voulu le faire, mais mon caractère indécis m’en avait empêché. Bref, je n’appliquerai cette règle qu’aux personnes qui ne me sont pas proches.
La règle numéro 3 : dis-le immédiatement, si quelque chose ne te plaît pas
Toute ma famille a très vite découvert que ça m’énerve que personne ne fasse la vaisselle, ne sorte les poubelles, et ne nettoie la poussière. Ce fut un choc pour mon mari de découvrir que j’ai une excellente réponse à chaque mécontentement qu’il exprime, et qu’avant, je ne lui répondais rien uniquement parce que je me comportais en femme “sage”. C’était, en effet, inhabituel. Apparemment, j’avais en moi énormément de frustration que je cachais soigneusement au fond de mon cœur, y compris à moi-même.
Cependant, je ne me suis pas limitée aux membres de ma famille. En fait, je me promenais presque chaque jour avec ma voisine : nos enfants ont le même âge, et nous nous rencontrions donc souvent sur le terrain de jeu. Curieusement, elle a décidé que nous étions amies et a commencé à venir nous rendre visite presque chaque soir en restant jusqu’à tard la nuit. Je suis une introvertie de nature, et une communication aussi étroite m’embêtait. Un soir, elle a une fois de plus frappé à notre porte, a comme d’habitude passé le seuil, mais là, je lui ai dit : “Désolée, mais à cause de nos soirées, j’ai complètement arrêté de passer du temps avec mes enfants et mon mari. On se parle demain sur le terrain de jeu, d’accord ?”
Le lendemain, lorsque nous nous sommes rencontrées, j’ai commencé à lui parler comme d’habitude. Notre relation est devenue légèrement plus tendue, mais elle a au moins cessé de constamment venir nous rendre visite.
Conclusion : enfant, nous étions généralement très honnêtes et n’hésitions pas à le dire, si quelque chose ne nous convenait ou ne nous plaisait pas. En retour, nous entendions souvent de la part de nos parents : “Et alors que ça ne te plaise pas ? Mets-le / mange-le / vas-y vite !” Et c’est pour cette raison que la plupart d’entre nous ont grandi avec l’idée en tête que faire ce qui ne nous plaît pas est tout à fait normal, et qu’écouter nos propres souhaits est égoïste et très mauvais.
En fait, je pensais que toutes les personnes avec qui j’ai commencé à être franche et à qui j’avouais ce qui ne me plaît pas, se sentiront offensées et cesseront de me parler. Mais il s’est avéré que les gens sont capables de s’en remettre ! Et ceux qui n’y arrivent pas ne sont probablement pas faits pour moi. C’est pour ça que je suis d’accord avec cette règle-là : en effet, il faut parler de ce qui ne nous plaît pas. De plus, il s’agit d’une bonne façon de filtrer son entourage.
La règle numéro 4 : ne donne pas ton avis si on ne te l’a pas demandé
Il y a une chose qui m’a toujours énervée : qu’on me donne immédiatement un tas de conseils lorsque je raconte quelque chose, même si je n’ai rien demandé. Une de mes proches est une véritable championne dans ce domaine, et, ne voulant pas être comme elle, j’essayais généralement de ne pas donner un avis non sollicité. Cependant, je n’y arrivais pas toujours.
J’ai une vieille connaissance qui a toujours des problèmes et qui pleurniche tout le temps en ne sachant pas quoi faire dans telle ou telle situation. Ses jérémiades menaient inévitablement à la nécessité de l’aider, de trouver une solution, et de la lui indiquer. Je l’aidais toujours, mais après, je découvrais avec irritation qu’elle faisait tout le contraire. Ça a duré des années entières, et le scénario était toujours le même : elle m’appelait pour se plaindre, je réagissais en conséquence, je me mettais à sa place et lui proposais diverses options. Ensuite, je m’énervais lorsque je découvrais qu’elle n’a pas suivi mes conseils.
Et voilà que Léna m’a une fois de plus lancé un nouveau problème à résoudre. Je m’apprêtais déjà à faire travailler mes méninges, afin de trouver une solution à sa situation difficile, mais je me suis arrêtée à temps et j’ai tout simplement prononcé : “Je ne sais même pas quoi te conseiller”. Léna a alors passé une heure à parler des idées stupides que lui ont proposé Cathy, Marie, et Alice, et a finalement déclaré qu’elle fera probablement à sa façon. J’écoutais ce qu’elle disait, et j’avais l’impression d’avoir reçu une douche froide : avant, moi aussi, je me trouvais dans cette liste avec Cathy, Marie, et Alice et leurs suggestions stupides.
Conclusion : il est terriblement difficile de s’arrêter à temps et de ne pas donner un conseil à quelqu’un qui ne l’a pas demandé. Au fond, chacun d’entre nous comprend quand nos conseils sont les bienvenus, et où l’interlocuteur souhaite tout simplement vider ce qu’il a sur le cœur. Finalement, j’ai appris à négliger les conversations inutiles. Je dois dire que Léna a assez vite perdu tout intérêt envers moi : après tout, nous n’avions plus rien à se dire. Cette histoire m’a permis de comprendre que les personnes comme Léna ne m’intéressent pas du tout : elles sont comme des vampires énergétiques qui ont uniquement besoin de se nourrir d’émotions, et non pas de recevoir des conseils.
La règle numéro 5 : ne réponds qu’aux questions
Afin de toujours garder cette règle à l’esprit, j’ai enfilé un gros chouchou qui me gênait tout le temps sur la main. Cependant, il me permettait de toujours me souvenir de la raison de sa présence. Avant, je pensais que lors de mes conversations, j’allais toujours droit au but. Mais en seulement quelques jours, j’ai remarqué que je commençais à beaucoup trop parler, même en répondant aux questions les plus simples. Une fois, mon mari m’a demandé si je comptais aller au supermarché le lendemain, et j’ai commencé à lui raconter en détail tous mes projets de la journée. Au milieu de mon histoire passionnante, j’ai touché le chouchou, j’ai remarqué le regard indifférent de mon mari, et vite mis fin à mon récit.
Cela donnait à réfléchir. Cependant, les jours qui ont suivi on montré qu’il vaut mieux suivre cette règle uniquement lors des conversations avec les hommes : une femme n’est pas du tout contre le fait d’écouter mes pensées concernant notre terrible système éducatif par exemple. J’ai plusieurs fois essayé de répondre aux questions de mon amie de manière courte et unilatérale, mais elle se fâchait à chaque fois en pensant que je ne souhaitais probablement pas lui parler. Je le voulais, mais je me retenais, ce qui n’avait visiblement aucun sens.
Conclusion : ce conseil ne fonctionne qu’à moitié. J’ai commencé à l’utiliser uniquement avec les hommes, car contrairement à ces derniers, les femmes veulent généralement parler des problèmes autant que possible, et cette règle devient donc complètement inutile.
La règle numéro 6 : lors d’une querelle, ne parle que de toi
En théorie, je connaissais cette astuce depuis longtemps. En effet, en faisant cela, tu ne blesses pas ton interlocuteur et tu le mets de ton côté. Mais en pratique, cette règle est évidemment bien plus difficile à appliquer qu’on ne le pense. Dans le feu de l’action et de ces “conversations amicales”, nous commençons tous à lancer des critiques et à crier : “C’est toi et pas moi qui oublie tout le temps d’aller récupérer les enfants à la maternelle ! À quoi penses-tu, bon sang ?!” Les mots “J’ai l’impression de ne pas avoir de partenaire fiable à mes côtés” semblent beaucoup moins bien exprimer ce que tu ressens.
Un jour, mon mari et moi avons commencé à nous disputer concernant un sujet sans grande importance. Nous avons comme d’habitude d’abord commencé à élever nos voix, mais j’ai soudainement réussi à me rappeler que j’essaye maintenant de mener une toute autre vie. J’ai immédiatement arrêté de crier et j’ai tranquillement dit que je me sentais très seule et perdue lorsque nous nous disputons, et que ça me force toujours à me sentir mal. Mon mari était choqué. Il est d’abord resté silencieux, puis il s’est assis à côté de moi et, pour la première fois en plusieurs années, nous avons eu une conversation à cœur ouvert.
Conclusion : cette règle fonctionne vraiment. Ces derniers temps, nous nous disputions souvent, mais maintenant, nos querelles ont atteint un tout autre niveau : nous avons commencé à discuter de nos problèmes, et non pas à nous accuser l’un l’autre. Nous dépassons bien évidemment encore parfois les limites, mais nous essayons de plus en plus souvent de ne pas nous blâmer l’un l’autre.
Lorsque je commençais cette expérience, je m’attendais à ce que ce soit drôle, instructif, et facile. J’avais complètement tort : c’était extrêmement difficile. J’avais envie de corriger certains aspects de ma vie, et j’ai honnêtement essayé de suivre tous les сommandements du psychologue. Mais il s’est avéré qu’il faut être une personne de caractère pour s’arrêter à temps et tout faire selon les règles.
En outre, après toutes ces “permissions” à moi-même, je ne me sentais toujours pas à l’aise mentalement : j’ai une toute autre éducation. Je ne peux pas ouvertement rejeter les gens et leur dire ce qui me plaît et ce qui ne me plaît pas. Certains moments me forcent réellement à souffrir, bien qu’au début, j’avais l’impression d’être une gagnante. Par exemple, ma relation avec mes collègues de travail ne s’est toujours pas améliorée. Maintenant, je dois soit chercher un nouvel emploi, soit demander à mon patron de me transférer dans une autre succursale, soit m’habituer à être traitée avec prudence et hostilité.
Apparemment, en prenant ces règles au sens littéral et en suivant chacune d’entre elles, il est possible de tout simplement perdre son emploi, voire même sa famille (oui, pendant un certain temps, mon mari et moi avions de sérieux désaccords, même une semaine après la fin de l’expérience). Cependant, c’est peut-être moi qui m’y suis mise d’une manière beaucoup trop acharnée, et qu’il fallait simplement s’y mettre progressivement.
Et toi, as-tu déjà entendu parler de règles du genre ? Penses-tu que les gens devraient réellement les appliquer ? Partage ton avis dans les commentaires !