Le Poids Total de Tout ce Qui a Été Construit Par l’Homme

C’est curieux
Il y a 1 an

Imagine que le poids de tout ce qui a été construit par les humains dépasse le poids de tout le reste de la vie sur Terre : les humains eux-mêmes, les animaux, les champignons, les plantes et les micro-organismes. Et imagine qu’il ne nous reste pas longtemps avant d’arriver à court de place ; et que l’on doive déménager sur Mars en emmenant le plus de choses possible.

Les principaux chefs d’État se sont tous tournés vers Frederic Salazar, solutionneur de problèmes. Ils l’informent qu’il doit absolument déterminer ce poids total, appelé masse anthropogénique, si nous devons être amenés à transporter le plus de choses possible sur Mars. Bien que Frederic soit l’homme de la situation, il sait qu’il va avoir besoin de quelqu’un de fiable. Il pense à Annie Supernova, l’exploratrice audacieuse, qui a le don de soulever les objets les plus lourds, et qui est connue dans le monde entier pour ses exploits.

Elle a déjà soulevé la tour la plus lourde du monde : le Burj Khalifa et a déplacé la Pyramide de Khéops. Annie Supernova est une véritable aventurière. Pour elle, il n’existe pas de mission trop compliquée et pas de chemin trop ardu. Elle ne craint pas de se salir les mains. Et elle va avoir du boulot, si elle doit calculer le poids total des objets construits par les humains. Ça ne va pas être facile, mais Annie a une stratégie et elle compte bien examiner les matériaux utilisés pour la construction des bâtiments : le béton, les briques et les métaux. Elle doit comprendre quels sont les bâtiments à transporter sur Mars et quels sont ceux qui resteront sur Terre. Annie va devoir s’aventurer dans des coins reculés de la planète. Certains endroits sont dangereux et difficiles d’accès. La mission commence !

New York. Annie s’élance dans la métropole débordante d’activité. Elle soulève rapidement l’Empire State Building. Les passants sont confus et ne comprennent pas bien ce qui se passe. Annie prend note : poids total 365 000 tonnes. Sur sa route, elle soulève encore quelques gratte-ciel. Chacun d’entre eux pèse 222 500 tonnes. Elle estime que le poids total de New York s’élève à environ 3 milliards de tonnes... Bon, impossible de transporter New York. Elle remet les bâtiments à leur place, court à l’aéroport et part pour le Japon. Elle saute en parachute et se rend à la Tour de Tokyo. Elle la soulève rapidement, au milieu de la foule médusée : 4 000 tonnes. Sous les regards perplexes des passants, elle se précipite vers un parc d’attraction qui semble abandonné. Difficile d’atteindre l’entrée : des murs couverts de ronces et de lierre bloquent le passage.

Il s’agit de “Nara Dreamland”, un parc fermé depuis des années. On y trouve de grandes montagnes russes à l’arrêt. Le terrain est couvert de broussailles, qui poussent sur les structures des attractions et sur les vieux bâtiments. Les feuilles servent d’abri aux oiseaux et à d’autres petits animaux.

On dirait que personne n’y a mis les pieds depuis des siècles. Bizarre, comparé à l’époque où le parc accueillait 1,7 millions de visiteurs par an. C’est maintenant un petit paradis naturel. Annie soupèse le parc avec sa balance. Elle réalise que tous les matériaux peuvent être réutilisés ou démolis, afin de soulager la Terre d’un poids inutile. Elle appelle son ami robot, le Niveleur, qui arrive en un rien de temps, recycle tous les matériaux et débarrasse la Terre de plusieurs milliers de tonnes. Annie prend quelques notes et s’envole pour Paris. Pas le temps pour les baguettes et les croissants. Elle pèse directement la Tour Eiffel. Cette structure en fer forgé pèse 10 000 tonnes. Elle essuie la transpiration de son front et poursuit l’aventure.

Annie rassemble ses affaires et se dirige vers l’Angleterre en sous-marin. Elle débarque sur la côte sud. Elle y découvre les Forts Maunsell, tout seuls en plein milieu de la mer. Ils restent là, immobiles, tandis que leurs murs s’effritent et que des oiseaux marins font leur nid dans les fentes et les interstices des bâtiments.

On dirait qu’ils vont s’effondrer d’un moment à l’autre, mais les piliers sont bien solides. Ils sont couverts d’algues et de crustacés, qui attirent de petits poissons dont se nourrissent les nombreux oiseaux. Ces structures ne sont officiellement plus en activité depuis les années 50, mais elles ont été utilisées plus tard par les radios pirates qui émettaient de la musique librement. Il n’y a plus que le chant des goélands maintenant. Annie utilise sa balance à suspension pour peser le tout. Elle plonge ensuite dans la Méditerranée, en direction de l’Égypte pour peser la plus grande des trois pyramides : la pyramide de Khéops, qui pèse 5 750 000 tonnes. Elle est constituée d’un mélange de calcaire, de basalte, de granite et de ciment.

Annie fait quelques exercices de yoga pour s’étirer un peu après cet exploit et se dirige vers l’étape suivante. Elle rassemble ses vêtements les plus chauds et met le cap sur l’Arctique. Elle y découvre une vieille station météorologique.

Ces bâtiments sont les seules constructions dans les parages et ils sont entourés de neige à perte de vue. Les ours polaires se sont installés dans les constructions et font désormais comme s’ils étaient chez eux. Ils sont assis dans la véranda et regardent au loin, a travers les fenêtres. Annie se met à rire : on dirait vraiment qu’ils imitent les humains qui habitaient là autrefois.

Les structures de 92 mètres carrés ou moins sont considérées comme de “petites” structures. Elles pèsent entre 22 000 et 45 000 kg. Les ours s’y sont installés tout naturellement. Annie se dirige ensuite vers un climat plus chaud. Elle se retrouve en Chine, à proximité de la Grande Muraille. Elle soulève soigneusement des pans entiers de celle-ci les uns après les autres. Cette construction atteint les 8 850 km de longueur, le tout pour un poids colossal de 58 millions de tonnes.

Épuisée, Annie récupère son matériel de plongée et se dirige vers le Vanuatu. Elle plonge et rejoint un endroit appelé “Million Dollar Point” où l’armée américaine a coulé une quantité de matériel et autres véhicules à la fin des années 40. Plus Annie nage en profondeur, plus elle est émerveillée par la beauté époustouflante de cette montagne sous-marine, faite de machines de métal, gisant dans le silence des fonds marins. Annie répertorie l’assortiment de vieux véhicules et, fascinée, remarque qu’ils se sont transformés naturellement en récifs artificiels. Des bernacles, du corail, des huîtres et des algues se sont progressivement attachés aux mécanismes d’acier, se nourrissant de minéraux et se transformant en forêts de végétation sous-marine. Chaque véhicule accueille une biosphère indépendante.

Elle est sur le point d’appeler le Niveleur, mais change d’avis quand elle voit que des centaines de poissons habitent dans ces machines abandonnées. Ils y ont trouvé un abri et un stock de nourriture quasi-illimité. Il est temps de rentrer au quartier général et de faire son compte-rendu à Frederic. Annie prend son temps pour rentrer.

En survolant de nouveau la Chine, elle dénombre 50 villes abandonnées. Et en survolant les États-Unis, elle en enregistre plus de 3 000. En s’éloignant des sentiers battus, elle repère également une quantité d’hôtels, de phares, de monuments, d’églises, de châteaux et de toutes sortes de structures abandonnées. De nouveau, elle remarque par-dessus tout la richesse de la nature, dans ces lieux qui ne sont plus habités par l’être humain.

Annie arrive enfin au quartier général de Frederic, épuisée. Frederic lui souhaite la bienvenue et accueille le Niveleur, qui vient à peine de les rejoindre. Le chef attend son compte-rendu et Annie révèle son analyse. Selon ses recherches et ses calculs, le poids total de tout ce qui a été créé par l’homme sur Terre atteindrait environ les 1 154 gigatonnes. Ce chiffre est en contrastes direct avec le poids net de la vie sur Terre, appelé “biomasse globale”. On prévoit que d’ici 20 ans, la Terre sera totalement recouverte de masse anthropogénique. Annie fait le compte-rendu des sites et des structures abandonnées qu’elle a analysées. Elle pourrait sans aucun doute transporter les bâtiments nécessaires sur Mars, mais nul besoin de quitter la Terre.

Il faut simplement débarrasser la planète de tout le matériel de construction de ces lieux abandonnés. Que ce soit sur la terre ferme ou sous les eaux, la nature reprend toujours ses droits. Elle crée des biosphères à partir de ces matériaux et de ces structures laissées à l’abandon. Les ronces et le lierre recouvrent les murs; les arbres poussent au beau milieu des briques, les insectes se nourrissent grâce aux plantes et aux fleurs, les oiseaux font leurs nids dans la végétation... Toutes sortes d’animaux ont trouvé refuge dans ces constructions. Ces structures sont devenues des abris. Frederic reste assis en silence, pendant qu’Annie lui dit que les humains devraient s’inspirer des autres espèces vivantes et donner à leur Terre une seconde chance. Le Niveleur sourit et s’apprête à partir pour récupérer les matériaux abandonnés. Et Frederic, lui, est prêt à rappeler aux humains à quel point leur planète est unique et merveilleuse.

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