Personne ne parle d’un naufrage plus tragique que celui du Titanic
C’était soi-disant le navire le plus technologiquement avancé de son époque. On le disait insubmersible. Et quand il a coulé, on en a fait un film. Telles sont les principales raisons pour lesquelles la catastrophe du Titanic est devenue célèbre dans le monde entier.
Pourtant, ce n’est pas le seul naufrage de grande ampleur de l’histoire. Et, malheureusement, il y a eu des tragédies bien pires que celle du Titanic.
L’une d’entre elles s’est produite le 27 avril 1865. Le bateau à vapeur Sultana transportait quotidiennement des passagers et des marchandises entre Saint-Louis et La Nouvelle-Orléans. C’était un assez grand bateau en bois à trois ponts, mesurant 80 mètres de long sur 20 de large, soit près de deux fois la taille d’un terrain de basket.
Le navire pouvait transporter environ 350 passagers, mais ce jour-là, plus de 2 000 personnes se trouvaient à bord. Le 23 avril, alors qu’il effectuait un voyage de routine depuis la Nouvelle-Orléans, il est tombé en panne. Il y avait un problème avec la chaudière, et le navire a donc accosté à Vicksburg pour être réparé.
Au port, le capitaine du navire, James Cass Mason, s’est vu offrir une excellente occasion de gagner beaucoup d’argent. Il lui suffisait de transférer un grand groupe d’anciens prisonniers vers le Nord. Le capitaine a accepté, mais la réparation de la chaudière prenait beaucoup de temps.
Mason, craignant que ses concurrents ne fassent le transfert à sa place, a décidé de reprendre la navigation, malgré le mauvais fonctionnement du bateau. Plutôt qu’une réparation complète, il a simplement fait rafistoler les trous dans la chaudière et a fait monter tous les anciens prisonniers à bord.
Il y avait donc une chaudière défectueuse, un nombre excessif de passagers, un manque de canots de sauvetage et des conditions fluviales qui n’étaient pas des plus favorables. De plus, le capitaine a refusé d’envoyer les ex-prisonniers dans la cale, si bien qu’ils se sont retrouvés avec les passagers ordinaires.
Il y avait de fortes chances qu’un naufrage se produise, mais le désir cupide de gagner de l’argent était plus fort. Le Sultana a appareillé et a remonté le fleuve pendant deux jours. C’est à cette époque qu’a commencé l’une des plus grandes crues du Mississippi de l’histoire.
Le fleuve a débordé à cause des pluies, le niveau de l’eau s’élevant de plusieurs mètres. Tous les arbres de la rive ont été submergés, et seules les cimes dépassaient encore de la surface de l’eau.
Le navire naviguait à l’encontre de ce puissant courant, ce qui faisait trop travailler la chaudière. Le soir du 26 avril, le Sultana est arrivé à Memphis, dans le Tennessee, et on y a chargé encore plus de choses : 120 tonnes de sucre et 200 passagers supplémentaires.
Il est devenu incroyablement lourd. Vers minuit, le navire a repris son dangereux voyage. Le capitaine s’est dirigé vers des barges pour charger encore une cargaison de charbon.
A 1 heure du matin, le navire a quitté la dernière barge. À 2 heures du matin, la chaudière défectueuse, incapable de supporter la charge, a soudainement explosé.
Le Sultana se trouvait à 11 km au nord de Memphis. Peu de personnes ont survécu ce jour-là. Le problème, c’est que les passagers qui tentaient d’échapper à l’incendie ont sauté dans un fleuve froid et à fort courant.
La catastrophe du Sultana est considérée comme le naufrage le plus tragique de l’histoire des États-Unis. Le nombre exact de personnes qui n’ont pas survécu reste inconnu. Selon diverses sources, ce nombre se situerait entre 960 et 1800 personnes.
Il n’est pas étonnant que presque personne ne connaisse cette histoire. La tragédie du Titanic a fait beaucoup plus de survivants et tout le monde en a entendu parler. Mais le Sultana a coulé en même temps qu’un autre événement très médiatisé. 12 jours avant le naufrage, le pays avait perdu Abraham Lincoln. Les gens ne s’étant pas encore remis de cette nouvelle, personne n’a prêté attention à la tragédie du Sultana.
D’autres catastrophes se sont produites très récemment, dont l’une en 2002, impliquant un ferry sénégalais appelé Le Joola.
Ce ferry naviguait deux fois par semaine, principalement le long de la côte de Dakar, transportant des passagers qui faisaient du commerce de mangues et d’huile de palme. Il effectuait des voyages quotidiens et n’avait jamais connu de problèmes graves grâce à un équipement de sauvetage moderne et à une maintenance de qualité.
Mais un jour, l’équipage du navire a découvert un dysfonctionnement et a renvoyé le bateau au port. Pendant près d’un an, Le Joola est resté à quai, en attente de réparations. Mais il n’a alors pas bénéficié d’un service de qualité. Après un mauvais entretien, le ferry a entamé son dernier voyage.
Le 26 septembre 2002, Le Joola naviguait entre le sud du Sénégal et Dakar, et à 23 heures, il s’est dirigé vers la Gambie, où une forte tempête s’est déclenchée. Le vent soulevait de hautes vagues, mais cela n’était pas un problème critique pour le grand navire de passagers, à moins que le nombre de personnes à bord ne dépasse la norme établie. Le Joola était censé transporter environ 500 passagers, mais il y avait beaucoup plus de monde ce jour-là.
Un trop grand nombre de passagers, de mauvaises réparations et la forte tempête ont causé de graves problèmes au navire. Mais le principal facteur du naufrage est que Le Joola n’avait été conçu que pour naviguer dans les eaux côtières. Or, ce jour-là, il s’était éloigné des côtes.
De grosses vagues ont commencé à secouer le bateau, et à un moment donné, il s’est retourné. Le pont du bateau s’est retrouvé sous l’eau, et sa partie inférieure est restée au-dessus de la surface comme un iceberg. Tous les passagers présents dans les cabines sont tombés sur le plafond et ont perdu leur sens de l’orientation.
La coque du navire n’était ni trouée ni endommagée, et l’eau a envahi les ponts inférieurs pendant un long moment. Le navire est resté dans cette position pendant plusieurs heures. Puis il a commencé à couler lorsque l’eau s’est infiltrée à travers le pont et la cale.
L’océan était chaud, mais personne n’est venu sauver les passagers. Ils ont dû attendre près de quatre jours avant d’être secourus. Malheureusement, seuls quelques-uns ont réussi à survivre.
Les Philippines sont une zone très dangereuse pour les navires. Ce pays est composé de plusieurs milliers d’îles et d’une vaste zone d’eau peu profonde. Les navires peuvent s’échouer et endommager leur coque sur les récifs et les écueils. Le 20 septembre 1987, une des plus terribles catastrophes de l’histoire de la navigation s’y est produite.
Un ferry de passagers philippin, le Dona Paz, a quitté l’une des îles et s’est dirigé vers la capitale Manille. Le soleil brillait, la mer était calme et la visibilité était bonne. Mais pour une raison inconnue, les membres de l’équipage n’ont pas remarqué que le pétrolier Vector s’approchait d’eux.
Les deux navires sont entrés en collision à faible vitesse. La collision n’était pas très forte, mais le problème est que le Vector avait des tonnes de pétrole à bord. Et le Dona Paz s’est écrasé sur sa soute, où était stockée tout ce carburant.
Le pétrole s’est répandu dans l’océan, et une étincelle a eu lieu. Non seulement les deux navires ont pris feu, mais ils se sont aussi remplis d’eau. Ils ont tous deux coulé en quelques secondes. Seules quelques dizaines de personnes ont survécu à cette catastrophe.
Le 27 septembre 1854, le paquebot Arctic a quitté Liverpool pour New York. Le brouillard s’est installé et la visibilité est devenue très mauvaise. Un autre bateau a surgi de l’épaisse brume blanche : le bateau à vapeur français Vesta.
Les navires étaient suffisamment proches l’un de l’autre pour que la collision soit inévitable. Le navire français étant plus petit, le capitaine de l’Arctic a eu l’impression que le Vesta avait subi beaucoup plus de dégâts. Et pendant qu’il regardait l’autre navire, son bateau s’est rapidement rempli d’eau.
Le capitaine a donné l’ordre de rejoindre le rivage le plus vite possible, mais les moteurs ne fonctionnaient plus à cause de l’inondation. L’équipage a alors commencé à descendre les canots de sauvetage, soi-disant remplis de femmes et d’enfants.
Pourtant, lorsque les sauveteurs ont trouvé les canots, il s’est avéré que seules 87 personnes sur 400 avaient survécu — 65 membres d’équipage et 22 passagers. Et étonnamment, il n’y avait que des hommes adultes parmi eux. Le capitaine du navire a survécu en s’accrochant à l’épave.
Tous les journaux ont parlé de cette histoire comme d’une des tragédies les plus terribles et les plus honteuses de l’histoire de la navigation.
Les survivants ont été critiqués parce qu’ils n’avaient pas sauvé les femmes et les enfants, et les membres de l’équipage ont été accusés d’avoir violé la loi, puisque la sécurité des passagers devrait être supérieure à celle des marins. Malgré cela, aucun d’entre eux n’a été condamné.
Malheureusement, des naufrages se produisent encore aujourd’hui, mais il y en a moins qu’avant grâce aux systèmes de navigation modernes et aux radars. Mais aucune technologie ne peut garantir qu’il n’y aura pas de tempête très forte ou toute autre situation d’urgence que personne ne peut prévoir.