“Anne a ses parents”, une histoire sincère qui raconte pourquoi ma fille n’a aucun lien avec sa mamie

Histoires
Il y a 2 ans

La société pose beaucoup d’exigences envers les mamans d’aujourd’hui : il faut que l’enfant soit en bonne santé, bien nourri, joyeux, bien habillé et inscrit à plein d’activités quasiment dès la naissance. Mais si les parents de la génération précédente étaient beaucoup aidés par les grands-parents, aujourd’hui, on ne peut souvent compter que sur soi-même.

Sur internet, on trouve beaucoup de réflexions à ce sujet. Certains utilisateurs ne s’attendent pas spécialement à être aidés par leur famille, tandis que d’autres se voient sincèrement frustrés du fait que l’ancienne génération préfère voir ses petits-enfants uniquement à l’occasion des fêtes.

Une auteure de Sympa a décidé de partager ses sentiments au sujet des relations intergénérationnelles complexes au sein de sa propre famille.

Peu de temps après ma naissance, j’ai été confiée à ma grand-mère, qui, pour une telle occasion, a pris sa retraite anticipée. Ma jeune maman de 23 ans a orienté tous ses efforts dans une autre direction : elle faisait carrière, tout en cherchant à arranger sa vie personnelle et profiter des plaisirs terrestres.

Je n’ai donc jamais connu la crèche et n’étais pas très assidue en tant qu’élève de l’école maternelle.

Jusqu’à l’âge de sept ans, je suivais ma grand-mère partout : je l’accompagnais à sa maison de campagne, patientais dans les files d’attente au magasin, je l’attendais à l’accueil pendant sa consultation chez le généraliste et restais tranquille avec un livre ou une poupée en écoutant les bavardages lorsqu’on allait voir ses copines. Avec la rentrée en CP, je suis retournée à temps plein chez ma mère, et j’ai commencé à mener une existence tout à fait autonome : avec la clé de la maison dans le cartable et sans créer de problèmes particuliers.

Ma grand-mère est décédée quand j’avais 19 ans, à cause de sa santé fragile, ruinée par le travail acharné. Elle n’a pas vécu assez longtemps pour faire connaissance de son arrière-petite-fille, Anne, née trois ans plus tard.

En quittant la maternité, je croyais sincèrement ne pas être la seule personne à devoir m’occuper de mon enfant. Après tout, le schéma que j’avais gardé en tête depuis mon enfance était que la jeune maman travaillait et la mamie aidait dès qu’elle le pouvait.

Mais ma mère, en tant que nouvelle mamie, m’a regardée d’un air triomphant et m’a annoncé : “En fait, Anne a ses parents.”

Étonnamment, beaucoup de mes amis se sont retrouvés dans la même situation après la naissance de leurs enfants. Surtout ceux et celles qui avaient grandi dans des familles monoparentales. Ils avaient tous été élevés par leurs grands-parents. Ils séjournaient régulièrement chez leurs mamies, tandis que les mamans s’occupaient de leur carrière et de leur vie privée. L’une de mes amies a passé toute son enfance à la campagne chez sa grand-mère : sa mère s’est remariée, a eu un autre enfant, et sa fille aînée a été mise sur la touche.

Bien sûr, nous n’allions pas tous reproduire le même scénario avec nos enfants. Mais on espérait néanmoins un peu d’aide. Eh bien, en vain !

Finalement, nous en avons eu assez d’attendre et avons décidé de ne compter que sur nous-mêmes.

J’ai repris le travail quand Anne a eu neuf mois. D’abord à distance, et après trois ans, quand elle a commencé la maternelle, en présentiel au bureau. Pendant toutes ces années, j’avais du mal à relancer ma carrière, car ma vie tournait autour des arrêts-maladies, visites chez le médecin, et l’école de la petite. Aujourd’hui, ma fille ayant grandi, je me suis littéralement précipité en avant, rattrapant les occasions manquées depuis toutes ces années.

Et tu sais ce qui est drôle : ma mère rêvait souvent à voix haute, disant qu’autrefois cela avait été différent, qu’elle n’avait pas pu profiter de ma présence lorsque j’étais petite, mais qu’avec sa petite-fille elle allait faire du sport, l’emmener à ses activités, partir en balades.

En vérité, ma mère n’arrivait pas à communiquer avec sa petite-fille. À quelques reprises, alors qu’Anne avait cinq ou six ans, sa mamie l’a gardée pour la nuit, mais dès le lendemain matin, elle m’appelait pour savoir quand je viendrais la chercher. Un jour, elle a décidé de l’emmener au zoo, et a été extrêmement vexée parce que ma fille était fatiguée et n’avait pas envie de regarder les animaux.

Eh bien, nous assistons aujourd’hui à ce que l’on appelle l’effet inverse. Ces derniers temps, ma mère s’offusque du fait que sa petite-fille adolescente ne cherche pas à communiquer avec elle. Anne lui dit bonjour poliment, mais ne cherche pas à profiter de sa présence : elle prend vite fait son repas et repart aussitôt dans sa chambre. Elle ne sait pas de quoi parler avec sa grand-mère, car elle n’a pas vécu de telle expérience.

C’est vrai, de quoi pourraient-elles discuter ensemble ? De sa réussite scolaire ? De ses échecs ?

J’ai le sentiment que certaines personnes nées dans les années 50 et 60 traitent les enfants comme quelque chose d’ennuyeux, mais inévitable. Elles se sont en quelque sorte extraites de ce processus, en se débarrassant de leurs propres parents au profit des grands-parents, et en reniant leurs petits-enfants tout en douceur. Avec l’âge, elles veulent se montrer comme les “chefs du clan”, mais voilà que leurs enfants et leurs petits-enfants n’éprouvent pas d’affection à leur égard.

Peut-être ne se sentent-elles pas comme des grands-mères ? Ma mère, par exemple, disait : “Ne m’appelle pas Mamie, je suis Nina.” Ce qui est vrai : c’est Nina, une femme intelligente !

Au fait, ma mère a récemment adopté un chien. Elle dit qu’elle ressent plus d’amour de sa part que de nous tous réunis.

Maman, pardonne-nous, s’il te plaît, moi et ta petite-fille. Mais il nous est vraiment difficile d’exprimer des émotions envers toi. Récemment, je me suis mise à fouiller dans mes souvenirs à la recherche de quelque chose de bienveillant et de chaleureux en lien avec le mot “maman”, et malheureusement, je n’ai pas trouvé grand-chose. Il est très probable que mon enfant n’aura pas de souvenirs affectueux de sa mamie non plus.

C’est le cycle de l’amour que j’ai vécu. Ou de son absence.

Comment se comportaient tes grands-parents avec toi quand tu étais enfant ? N’hésite pas à partager tes souvenirs avec nous dans les commentaires !

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