12 questions que tu as toujours voulu poser aux personnes qui ont été dans le coma

C’est curieux
Il y a 5 ans

Il est un peu gênant d’admettre que dans le monde moderne, le coma est un phénomène qui a été légèrement idéalisé. Combien d’histoires et de scénarios sont basés sur le fait qu’une personne se voit comme au-dessus de son corps, conserve sa jeunesse, obtient le pardon, ou même sort de la friendzone grâce à un état si mystérieux et mystique que le coma ? Mais il se trouve que si toutes ces histoires se produisaient pas vraiment ainsi dans la vraie vie, comment seraient les choses alors...

Sympa a décidé d’enquêter et de découvrir ce que ressentent vraiment les gens qui ont expérimenté cet état et comment ils vivent leur vie aujourd’hui.

Avant de pénétrer dans le monde de la perte de conscience, nous voulons te rappeler que les choses pouvant la causer sont plutôt banales : dans la plupart des cas, c’est le résultat d’une lésion cérébrale, d’une intoxication ou d’une modification brutale de la circulation du sang au niveau cérébral. Si on creuse encore, on peut trouver 497 autres raisons possibles.

Combien de temps une personne peut-elle rester dans le coma ?

Aucun coma ne dure plus de 4 semaines. Ce qui se passe ensuite n’est plus considéré comme un état de coma, mais comme l’un des états suivants : soit la guérison, soit la mort, soit des stades intermédiaires : l’état végétatif (quand les yeux sont ouverts par exemple), soit l’état de conscience minimale (lorsque la personne réagit inconsciemment à tout ce qui se passe autour), ou la stupeur (sommeil profond et continu). Dans tous les cas, il existe une loi universelle : plus une personne reste dans le coma longtemps, moins elle a de chances de s’en sortir.

Mais la médecine connaît de nombreuses exceptions ; des cas où une personne s’est réveillée non pas d’un coma de douze jours, mais de bien, bien plus longtemps. Il y a 10 ans, le cheminot polonais Jan Grzebski est sorti d’un coma qui a duré 19 ans. Et le coma le plus long, selon le Livre Guinness des records, a duré environ 37 ans ; mais, malheureusement, le patient ne s’en est jamais réveillé.

En raison de ces cas particuliers, les médecins et les membres de la famille de la victime sont souvent confrontés à l’une des questions éthiques les plus délicates : celle de savoir si le patient doit être laissé dans le coma ou s’il faut le débrancher des appareils qui le maintiennent en vie. Malheureusement, dans la plupart des cas, c’est une question d’argent qui prend le dessus sur la décision.

Sur Internet, on ne trouve qu’une seule statistique précise pour l’année 2002, qui fait état des chiffres suivants : le maintien annuel d’un patient dans le coma dans un état grave coûte, en moyenne, 140 000 USD et environ 87 000 USD pour un patient à faible niveau de risques...

Est-ce qu’une personne dans le coma entend quelque chose ?

Ici, la réponse est plutôt évasive : tout dépend de la profondeur du coma, de sa classification et des raisons qui l’ont provoqué. La plupart des médecins conseillent de traiter le patient, dans tous les cas, comme s’il pouvait entendre. Beaucoup de gens qui ont vécu un coma le décrivent soit comme un rêve banal, soit comme quelque chose comme ce qui suit :

“Mon coma ne semblait pas être un rêve, mais plutôt une hypnose, car il n’y avait littéralement aucun laps de temps entre l’avant et l’après. J’ai déjà eu une expérience d’hypnose médicale. Je me souviens quand j’ai répondu au médecin: ‘Oui, je suis prête pour l’hypnose’ et qu’il m’a répondu ‘Voilà, c’est fini’. J’étais sous le choc. Nous avions commencé la procédure à 17 heures, et après ses paroles, il était soudainement 17h25, et la clinique était complètement vide! Ces 25 minutes semblaient ‘ne pas avoir eu lieu’ dans ma vie. La même chose s’est produite avec les 60 heures de mon coma.”

Qu’ont vu les gens dans le coma ?

Comme nous le savons déjà, la majorité des personnes se souviennent du coma comme si c’était un rêve rapide. Mais il y a aussi ceux qui “voient” quelque chose dans cet état mystérieux, et voici les principales variétés de ces visions :

  • Un tunnel. On suppose que c’est ainsi que les gens voient la lumière des lampes de la table d’opération.
“Dans mon cas, la seule différence entre un rêve et un coma est le tunnel. Tout était noir, c’était un ciel noir, mais pas bleu foncé ni violet foncé, comme d’habitude, mais noir pur. Je n’avais jamais rien vu d’aussi noir. Je ne pensais pas à moi-même, je ne m’intéressais pas à l’endroit où j’étais, ou aux autres personnes qui étaient autour, si j’étais debout ou en train de voler, je n’avais pas de sensations physiques. C’était juste de la matière.”
  • Des batailles titanesques, à peu près comme dans ce trailer.
  • Souvenirs personnels (surtout avec la présence des membres de la famille).
  • Réactions à l’environnement.
“Maintenant je comprends que mes visions comateuses venaient de stimuli extérieurs. Par exemple, quand ils nettoyaient mes poumons, dans mon rêve, je passais par un lieu enfumé. Ou j’utilisais quelque chose comme un corset dans mes visions pour que mes organes ne tombent pas. Cela s’est avéré vrai, car pendant l’opération, ils m’avaient vraiment ‘ouvert’ du sternum à l’aine.”
  • Connexions spirituelles.
“Pendant que j’étais dans le coma, j’ai fait un rêve avec des garçons qui m’ont dit que je faisais tout de travers sur Terre. Ils ont dit : ” Trouve-toi un nouveau corps et recommence à zéro “. Mais j’ai répondu que je voulais retourner à mon ancien corps. À ma vie, à ma famille et à mes amis. ‘Ah bon, et bien essaie’, ont-ils dit, et je suis revenu.”
“J’ai rêvé de toutes sortes de choses, et la dernière fois, avant de me réveiller, je promenais une grand-mère dans un fauteuil roulant dans un couloir sombre et humide. Soudain, la mamie s’est retournée et m’a dit que c’était trop tôt pour que je puisse l’accompagner, elle a agité la main et je me suis réveillé.”

Une personne peut-elle vraiment être consciente dans le coma ?

Oui. Ça s’appelle le “locked-in syndrome”, également connu sous le nom de syndrome de désafférentation motrice. C’est quand le patient est diagnostiqué comme étant dans le coma tout en ayant une conscience claire, en voyant et en entendant tout, mais en raison de la paralysie et de la perte totale de la parole, il lui est impossible de l’exprimer. Le pire, c’est qu’en présence d’un de ces patients, toutes les questions médicales formelles sont librement discutées, y compris la probabilité de la mort du patient, le don de ses organes (oui, cela s’est produit), voire les actes de brutalité (qui sont également arrivés) pouvant causer un trouble mental traumatique.

Le bon côté est que ces cas ont une chance de sortir du coma. Et cela confirme une fois de plus qu’il faut toujours parler au patient comme s’il pouvait comprendre ce qui est dit.

Est-il possible de sortir du coma et de reprendre le cours de la vie immédiatement comme dans les films ?

Non.

Les muscles d’une personne qui est restée endormie pendant si longtemps, sans faire d’exercices, s’affaiblissent. Il est très probable qu’il soit incapable de bouger ses membres immédiatement, encore moins de se lever et de courir.

“Je suis resté dans le coma pendant plusieurs semaines, et même quand ils ont cessé de m’anesthésier, il y avait encore des analgésiques dans mon corps. C’est pourquoi les patients dans le coma ne se réveillent pas. Il vaut mieux dire qu’ils “raniment”. Et ce n’est pas un processus instantané, mais un processus lent et difficile.

Si un enfant se retrouve dans le coma, son corps va-t-il grandir et se développer ?

Dans un coma de longue durée, le travail de tous les organes et systèmes du corps en général diminue, l’atrophie musculaire se produit, le niveau des hormones et le volume du sang qui circule sont réduits, mais tout continue tout de même à travailler. Par conséquent, la personne grandira ou vieillira d’une manière ou d’une autre, mais beaucoup plus lentement que les personnes “normales”.

Par exemple, Elaine Esposito, qui ne s’est pas réveillée d’une anesthésie après une opération de l’appendicite effectuée à l’âge de 6 ans, est restée 37 ans dans le coma. Elle a ouvert les yeux à plusieurs reprises mais ne s’est jamais complètement réveillée. Durant cette période, elle a pris 39 kg et ses cheveux ont commencé à grisonner.

Les femmes dans le coma ont t-elles toujours leurs règles ?

Comme nous l’avons décrit dans le paragraphe précédent, l’organisme, et en particulier l’utérus, continue de fonctionner normalement. Alors, non, les règles ne sont pas interrompues. Ces jours-là, les infirmières utilisent des serviettes hygiéniques spéciales ou des couches pour adultes.

Si une femme enceinte tombe dans le coma, qu’arrivera-t-il à son bébé ?

"Une femme dans le coma peut accoucher, et ce genre de cas s’est déjà produit, mais il faut préciser qu’une personne dans le coma n’a que 3 issues possibles : soit elle se réveille, soit elle meurt ou soit elle reste inconsciente, dans un état végétatif, pour toujours. Dans les 3 cas, il est possible d’accoucher à la date prévue, mais tout dépend du stade de la grossesse. Par exemple, si une femme en est à sa 28e semaine de grossesse, une césarienne sera une solution ; mais si elle n’est enceinte que de deux semaines, les médecins ne chercheront sûrement pas à sauver le foetus, car ce serait trop risqué.

Est-il possible de basculer dans le coma à la suite d’un traumatisme mental ?

Seulement indirectement : même un stress banal peut causer des crises ou des accidents qui, à leur tour, peuvent entraîner le coma.

“En fait, la réponse est oui, c’est possible, mais pas directement. Par exemple, je suis atteint d’épilepsie ; si je suis trop tendu, je vais faire une crise, et peut-être même jusqu’à de grosses crises qui vont survenir sans interruption. En raison de ce type de crise, il se peut que mon cœur me lâche ou que je tombe dans le coma.”

Pourquoi certaines personnes acquièrent-elles des compétences inhabituelles après être sorties du coma ?

Même sans tenir compte des cas paranormaux où les gens découvrent qu’ils ont des superpouvoirs une fois sortis du coma, des choses étranges arrivent. Dans le passé, on a recensé des cas de personnes qui, après avoir été dans le coma, ont soudainement commencé à parler une autre langue :

  • L’Australien Ben McMahon étudiait le chinois. En 2012, après un accident de voiture, il est tombé dans le coma pendant une semaine et, à son réveil, il parlait parfaitement mandarin. Simultanément, il ne parlait plus un mot d’anglais. Un peu plus tard, il s’est souvenu de sa langue maternelle, mais sans pour autant perdre la maîtrise du mandarin, ce qui l’a aidé à se trouver une femme dans une émission de télévision chinoise : quel destin !
  • La même histoire (bien que moins romantique) est arrivée à la Croate Sandra Ralic, qui a étudié l’allemand. Après une journée passée dans le coma, elle n’arrivait plus à parler croate, mais maîtrisait parfaitement l’allemand.
  • Une situation encore plus étrange s’est produite avec l’Américain Michael Boatwright, un voyageur et professeur d’anglais qui, une fois sorti du coma, s’est réveillé en parlant suédois et en affirmant s’appeler Johan Ek.

Ces types d’anomalies n’ont toujours pas d’explication scientifique.

Comment peut-on aider une personne qui est dans le coma ?

En dépit du fait qu’il existe des cas étonnants de personnes se réveillant en entendant des mots qui sont importants pour elles, ou un son familier (comme cet homme, qui s’est réveillé avec une chanson des Rolling Stones), ceci n’est pas un remède universel.

Dans tous les cas, comme nous l’avons déjà mentionné, il est bon de parler au patient, de mettre ses chansons préférées, de le réconforter, de l’apaiser, de le toucher.

“La meilleure chose qui me soit arrivée pendant le coma, c’est quand quelqu’un m’a dit : ‘Mme Lang, vous êtes dans un hôpital, vos visions ne sont pas réelles, vous êtes en soins intensifs’. Cette voix masculine forte m’a fait réaliser qu’il y avait encore de l’espoir de sortir de cet ‘Alice au pays des cauchemars’ où j’étais. Si jamais tu te retrouves près d’une personne qui est dans le coma, parle-lui. Elle peut t’entendre. Dis-lui que tu l’aimes, que tu vas rester avec elle et explique lui qu’elle est à l’hôpital, et raconte-lui ce qui lui est arrivé. Donne de l’espoir à celui qui se sent perdu.”

Par ailleurs, il est possible de voir ou de ressentir des réactions à certains signaux non-verbaux qui indiquent une réaction positive, et qui peuvent être utilisés pour établir un système de communication (oui/non) : une personne peut communiquer grâce à ses voies de communications fonctionnelles (en utilisant par exemple la contraction de certains muscles de la main.)

Est-il possible de se remettre complètement d’un coma ?

Chaque cas est individuel : personne ne peut donner une prédiction précise. Mais en général, ne serait-ce qu’une semaine dans le coma a des conséquences et se termine avec une longue période de réadaptation. Par exemple, voici les histoires des gens qui se sont réveillés.

“J’avais 16 ans. Nous fêtions la nouvelle année, et tout d’un coup, je me suis dit : ” Bientôt, je vais disparaître !" Je l’ai raconté à un copain et on a rigolé ensemble. Et le 6 février, j’ai été renversée par un camion. Je suis restée dans le coma pendant deux semaines et demie. Après le réveil, pendant un temps, tu es encore dans un état semi-conscient. Ma mère m’a dit qu’un mois plus tôt, j’avais été renversée par un camion, mais je ne la croyais pas et je n’ai pas réalisé que c’était réel pendant environ un an. J’ai oublié la moitié de ma vie, j’ai dû apprendre à parler et à marcher de zéro, je n’arrivais pas à tenir un stylo dans ma main. Il m’a fallu un an pour retrouver la mémoire, mais il m’a fallu une dizaine d’années pour me remettre complètement. En même temps, j’ai réussi à achever l’école à temps sans perdre une seule année, grâce aux professeurs ! Et je suis entrée à l’université."
"L’accident était terrible, une collision frontale. Je suis restée dans le coma pendant sept mois et demi, les médecins ne pensaient pas que j’allais survivre. Mon diabète a compliqué la situation : j’ai perdu 40 kg à l’hôpital. Il ne restait plus de moi que la peau et les os. Quand je me suis réveillée, j’ai déploré le fait d’avoir survécu et je voulais y retourner : j’étais bien dans le coma, mais ici il n’y avait que des problèmes. La mémoire est revenue lentement environ 2 ans plus tard. J’ai recommencé ma vie à zéro, en développant à nouveau chaque muscle. J’avais des problèmes d’audition : c’était la guerre dans les oreilles, fusillades, explosions. Je voyais mal : l’image était multipliée. Ça fait maintenant 3 ans que l’accident s’est produit. Je ne marche pas bien, je n’entends pas bien, je ne comprends pas tout. Mais je travaille constamment sur moi-même. Tout cela a changé ma vie : maintenant je n’ai plus envie d’aller à des soirées, je veux avoir une famille et des enfants.

Malgré les complications, même après un coma long, il est possible de reprendre une vie normale. Mais on ne sait pas combien de temps cela peut prendre, et les chances que la personne puisse vivre comme avant sont très faibles.

Par conséquent, à la fin de cet article, nous voulons revenir sur l’une des questions les plus difficiles et délicates : faut-il se battre jusqu’au bout et sans relâche pour une personne dont le cerveau est mort depuis longtemps, ou bien faut-il accepter la situation, et se résigner à la laisser partir sans souffrance, en la déconnectant ?

Qu’en penses-tu ? Donne-nous ton opinion sincère dans les réponses ci-dessous.

Illustrateur Daniil Shubin pour Sympa

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